2 réponses à ce sujet

[Vivien]

Je ne suis pas parti très loin

Je suis là, juste à quelques pas

Une encablure de pâté de maisons

Remercie-moi

Là, je manque un peu d'air

Manque de faire tomber mon cahier par terre

Et avec, moi 

Un petit bouton pousse

A la place que j'occupais il y a deux minutes

Appuie dessus les lumières s'éteindront

Il y aura sans doute une chanson

Je ne me souviens pas s'il y a des paroles

Mais ce n'est pas grave

On peut les imaginer facilement

Voilà

Sur ce mon vieux

C'est le moment de te dire au revoir

A la prochaine fois

 A la revoyure, Portes-toi bien

Etcétéra. Ha et ce soir 

Salue la lune pour moi tu veux ?

Ca fait longtemps

En plus en ce moment

Je ne sais pas ce que j'ai

Je ne trouve plus mes mots

[Vivien]

Ha oui je vois ce que vous voulez dire

Ca fait deux semaines qu'on se coltine

Ce bruit de karsher assourdissant dehors

Tout en essayant d'étudier, de lire, de rêver

C'est pénible à la fin

Et impossible de fermer les fenêtres

Il fait trop chaud

Il y a trop de monde ici serrés

Dans la même pièce

Il faut entr'ouvrir au moins un peu La fenêtre

Un collègue a déjà fait un malaise

Nous n'en menons nous-même pas large

Je n'ai jamais autant bu de toute ma vie

D'eau je veux dire

Et pourtant j'ai toujours soif soif

La poussière bien sûr mais l'air est sec aussi

Alors ces bruits de travaux en plus et puis

Ce Karsher, toujours le même,

Qui, à la fin, donne l'impression

Qu'on nous fore la tête !

Tous, nous en avons assez

De travailler dans ces conditions

Mais il n'y a rien à faire

Juste à supporter ce bruit

Attendre qu'ils aient fini de nettoyer le jardin

Les barrières ou je ne sais quoi d'autre

Ainsi le désir neuf s'ébattra

A nouveau, bienheureux

Parmi les décombres de nos esprits

[Vivien]

Dans la nuit de plomb fondu*

Je tiraille mes doutes

Joue à écrase-mère

Je m’élève et fait le père

En moi un petit garçon appelle

Sans savoir épeler le nom de ses peurs

Il est esseulé dans son désir lugubre

Comment lui répondre ?

Je me tais il ferme mes yeux

Ce que je vois est lumineux

Le visage de ma fille

Le sien déjà s’efface sans traits

Où il était ?

Croit-il que je ne le verrai plus

Pourtant la nuit toujours finit

Par revenir et avec elle l’appel

Silencieux

Celui qui ne sait pas épeler

Me traverse

Si grand, si mûr, si sage, si vieux

Que je sois devenu

Père, fils, mère, terre

Sont tous confondus

Dans la nuit embrasant l’être ouvert

Mis à nu

 

 

 

 

*ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel

et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu"

Tristan Tzara, L'homme approximatif