Que de chemin parcouru, le cœur en sang, depuis cet automne maudit, cet hiver glauque, jusqu'au printemps naissant où je commençai à entrapercevoir les lueurs dans le ciel de nuit, une aurore dans le soir, secouant mes peurs d'un vent d'altitude.
Quel coup de tonnerre a ébranlé mon être, rivalisant de vibrations maudites cherchant à encercler mon cœur et à le fondre dans la nuit d'encre.
Quel tremblement d'étoiles la ouverte pour en faire jaillir un œuf vert tendre portant en lui le renouveau de moi, nous portant tout en haut vers les anges, nous emmenant au-dessus du monde, sur un balcon céleste où tu m'as enlacé, où nous avons contemplé les fourmis se débattant dans leurs affres et leurs préoccupations misérables, nous saisissant de pitié.
Nos larmes ont coulé, goutte à goutte, semant plus bas des fleurs et des arbres dans les prairies minuscules, faisant éclater en couleurs les tapis d'ambre bleue, d'où sont sortis roses, lilas, pâquerettes, arums blancs et pivoines sombres.
A l'horizon de moi tu as osé t'arrêter et pousser la porte, tu m'as pris dans tes bras, m'as secoué de tes rires cristallins, de ton fou rire d'enfant, m'as touché de tes yeux émus, jade sensible magnifiquement doux.
Moi, je ne veux que Toi et me noyer dans ton cou.
