Aqualand. Une marée humaine vient prendre ses quartiers autour de quelques vasques d’eau turquoise surplombées de tubulures, dans l’indifférence d’un ciel azur limpide.
On y vient pour s’éclabousser, on y vient pour se faire peur, on y vient pour se montrer, on y vient pour la joie, on y vient par désespoir de ne pouvoir faire autrement, soutien familial oblige.
Pour ma part, affectée à la garde des affaires, je peux rôtir tranquillement sur mon transat, en compagnie de deux livres, et de quelques arbres, des feuillus, des pins, des palmiers qui, malgré leur aspect indigent nous offrent un peu d’ombre.
Du bruit, du bruit partout. Mes voisins écoutent de la musique afro en mangeant leurs sandwichs. Un moineau vient prendre sa part du festin. La petite fille que j’accompagne s’approche trop près, il prend peur et s’éloigne à tire d’aile, poursuivi par celle qui veut à tout prix le toucher, le caresser. La patience n’est pas une vertu de l’enfance.
Les heures coulent comme de la lave sur ma peau sèche, sans rien pour me distraire que le va et vient des baigneurs, adultes et enfants, adultes courant après leurs enfants qui en maillots ressemblent à des papillons multicolores. Voilà qui me rafraîchit!
J’admire le travail de vigilance des MMS (maîtres nageurs sauveteurs), ces anges gardiens habillés de sang et lumière, dispersés aux quatre coins du site.
Quand je pense mourir noyée dans la braise, une petite bise me frôle, volant à mon secours comme un jet d’eau éteint le front d’un incendie, avant une nouvelle attaque des flammes.
Fin de journée. Le ciel s’attendrit; son bleu royal, prenant pitié de nos corps cramoisis, se laisse traverser de quelques coussinets blancs, doux comme neige. Je regarde les mouettes et leur ballet circulaire au-dessus de la pelouse. Ce soir, les éboueurs viennent du ciel.
Sinziana Ionesco 11/08/2018
