Levons nos verres à nos lointains !
A tout ce qui a échappé de nos mains jointes, de nos rêves teints,
aux liens solides de l'amitié avide au nourri pur du non feint,
aux mirages, aux illusions, à nos possibles d'un clair matin...
tout ce que le temps a dévoré au déchiqueté des rocs du reflux malsain,
tout ce que la vie a renié de nos coeurs aux heures à l'abandon étreints.
Levons nos verres, levons nos verres !
Levons nos verres à nos lointains !
A tout ce que la somme du passé a éteint, à tout ce que la donne du présent retient,
à nos regards déteints, au commun émerveillé du talent qui peint,
à nos bouches touches, à nos amours secrètes au par-delà qui aime et geint,
tout ce que la haine a saccagé de l'érodé glacé de son froid venin,
tout ce que la vie à la pitié d'échos de prières sur nos lèvres de faim a abreuvé de sein.
Levons nos verres, levons nos verres !
