rien n'égale ce cèdre de l'Atlas,
l'arbre des jardins et des parcs,
que les plus vieux ont toujours vu là
et dont le sommet, sculptural,
à peine frémissant par grand vent,
se hausse avec arrogance à la hauteur
du clocher-mur de l'église
et surtout pas,
l'humble buis des garrigues
né ici par hasard, ou mieux, par erreur
mais qui, dans cet espace sacré,
par faveur divine diraient certains,
surtout à l'abri de la serpe des bergers
et des incendies dévastateurs,
a poussé, en à peine plus d'un siècle,
jusqu'à surplomber le chevet de l'église,
à quelques pas de son orgueilleux rival
outré sans doute de son intrusion
et de son audace
mais il vit aujourd'hui sous la menace
de la terrible Pyrale venue d'Asie
comme Attila et ses hordes d'autrefois
et qui a ravagé tout sur son passage,
Dieu Moloch insatiable, intraitable,
la terreur des bois et des garrigues
qu'elle voudrait sans doute rendre au désert
au matin, nous jetons un regard amoureux
au grand buis, mais nous tremblons
aussitôt, à la pensée du corps nu et sec
qu'il deviendra peut-être bientôt,
quand les larves auront dévoré son feuillage,
rongé son écorce, sucé sa sève,
et qu'enfin un nuage de papillons nacrés
aux ailes bordées de pourpre,
tournoieront dans le soleil de l'après-midi
et disparaîtront à l'horizon bleuté
cet éclair de beauté ne fera qu'aviver
notre douleur,
de même que le spectacle des incendies
de Rome, de la Fénice ou de Notre-Dame
ne nous laissent dans la bouche
qu'un goût de cendres