Générations
Le vieil homme ressasse
Interminablement
Les histoires qui passent
De ses parents.
Souvent il nous lasse.
En bas de notre rue,
La jeunesse vit
Et danse à notre vue
Sur un rythme infini
Des chansons inconnues.
Le père gronde :
« J'ai vu tant de choses immondes
Que je ne peux pas regretter
Ce temps passé.
J'étais jeune comme vous,
Aussi fougueux et fou.
Dansez, enfants, la terre est ronde... »
J'entendrai toujours
Le vieux répéter
Sa messe en mineur :
« Les branches de l'arbre se croient
Toutes meilleures qu'autrefois.
Suivez le cœur.
Tous les enfants, pour grandir,
Ont envie de désobéir.
Mon fils, tu es bien comme moi,
Saute cette barrière en bois.
Il y en a tant à gravir. »
Bouche fermée, la mère chante
Une berceuse qui m'enchante.
Sa mélodie sans paroles
La montre comme absente.
On rentre de l'école.
Assise, elle est attente.
« Tu as l'air triste, pourquoi ?
Cette belle romance
Ne nous dit pas un mot. Pourquoi ? »
Ô petite espérance...
« J'ai tant rêvé, petite fille
Et ça me fait un peu souffrir
Quand j'y repense.
Je n'ai jamais pris la Bastille.
Tu garderas ce souvenir
Quand tu entreras dans la danse.
N'oublie pas d'être toi-même.
Après carême
Aucune mère ne revient.
Choisis bien, avant de partir. »
Ont-ils vécu les mêmes choses
Avec des espoirs différents ?
Les vieux parents
N'ont pas cueilli les mêmes roses
Dans le jardin.
Les épines d'hier nous piqueront demain.
Qui l'amour, qui la survie,
Tout est bon à garder,
Tout est devant.
L'amour nous garde de la vie.
Si seulement...
Muse à musique, volume IV©2016 M. KISSINE
ISBN 9782919390380–DLE AVRIL 2016
Librement inspiré de : "N'oubliez jamais" de Joe Cocker