Je ne sais si tu m'oublieras
ni si cette peur est amour,
je sais seulement que tu pars
je sais seulement que je reste
Andrès Eloy Blanco
La colline a perdu son habit de printemps
Abandonnant au vent sa plus belle parure
Chaque brin d'herbe vient épouser le murmure
D'un ramage t'offrant mon ultime tourment
Je ne sais si tu m'oublieras
Le triste chant bondit de rocher en rocher
Par quel obscur chemin s'en vient-il jusqu'ici ?
J'ignore si mon coeur ne sait plus écouter
Ou chercher un secours dans ce tout dernier cri
Ni si cette peur est amour
L'automne tend ses bras au givre de l'hiver
S'enfoncent dans le froid les plus jolis rameaux
Sur lesquels serpentaient de si glorieux flambeaux
Dont je ne sais plus rien qu'une douleur amère
Je sais seulement que tu pars
J'allonge alors le pas sans pouvoir regarder
Ce qu'il reste de nous dans les bosquets fleuris
Par de trop lourds serments qu'il me faut enterrer
Je ne porterai pas toutes tes amnésies
Je sais seulement que je reste
(poème inspiré dans sa "construction" par "Glose", de Nicolas GUILLEN, poète Cubain)