" Spleen du confiné ", hommage à Charles Baudelaire
Quand de longues nuées d’invisibles miasmes
S’étalent sur les villes aux méandres profonds,
Laissant dans leur sillage un horrible marasme
Ronger le cœur des hommes reclus dans leurs bas-fonds ;
Quand sur la terre entière les peuples confinés
De morceaux de tissus font de vains boucliers
Et que leurs rois maudits les ont abandonnés
Egrenant les grains de morbides sabliers ;
Le poète qui naguère voguait auprès des dieux
Soudain se voit sommé de répondre pour eux
Tel un antique augure que le destin rappelle.
Et comme la chouette au linteau de l’étable,
Il chuinte dans le noir pour conjurer le diable,
Seul, écartelé, un clou planté dans chaque aile.