De faire un rêve
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J'ai de la chance, mes amis,
Le soir, quand tout s'est endormi,
De faire un rêve
D'y croire, si je m'en souviens,
D'en sourire, sinon, tant pis,
Puisque tout passe et tout revient,
Le jour se lève.
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Facilement, le cours des choses
Emporte le triste, morose
Et la folie
De ce qui n'a plus d'importance
Autant que la gloire des roses
Dans la rivière, au loin, qui danse,
Aussi jolie
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Simplette on me dit quelquefois,
Dans les villes et dans les bois
De grande allure,
Et dans les cercles bien pensants
Qui roulent comme un petit pois
Dans les mains des plus importants
Vers l'aventure
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J'en connais qui m'envient, de loin,
Voyant, à leurs regards en coin,
La nostalgie
Des sables fins et des châteaux
D'enfance qui ne faisaient point
De guerre et finissaient dans l'eau
Sans bouderie.
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Voyez-vous, il est si facile
De critiquer l'âme docile
Qui se promène
Entre les colonnes dressées
Par les flatteurs et les édiles
Qui déplacent, dans les allées,
Ce qui les gêne.
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Ceux-ci n'iront pas en prison,
Ils y sont déjà : leur raison
Tourne à l'amer
Et les moulins qu'ils prennent tous
Pour des petits soldats de plomb
Valent autant que, pour les fous,
Un long désert.
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Verroteries ISBN 9782919390311 – DLE 20160310