Sur le billard : traumatisme
Et voilà que mon corps
Ne seras plus mien encore,
Qu’il redeviendra leur chose,
Manipulée, malmenée,
Qu’on trimballe et qu’on ramasse,
Qu’on découpe et qu’on fouillasse,
Pauvre, pauvre carcasse…
C’est pour mon bien, dit-on,
Mais qui sait le mal, le mal,
D’être partout touchée,
Sur ma peau écorchée ?
L’esprit recroquevillé
A fermé à double tour
Toutes les portes,
Levé les ponts,
S’est réfugié dans son donjon.
Ainsi posé dans sa carapace,
Il visionne et appréhende
Toutes sortes de supplices,
Des souvenirs des temps lointains,
Où un boucher lui a brisé
Une jambe,
Qui depuis ne sait plus marcher…
Celui là lui a brisé,
La seule confiance aveugle,
Qu’en ce métier il avait donné…
Il paraît que mon corps m’appartient,
Je ne veux plus qu’on y touche,
Ma peau est depuis électrique
Trop de gens sont sadiques,
Mon enveloppe est sous terreur,
Et mon esprit chagrin.