Ça vient d’une autre vie
Faite de mousses et de champignons
Entre les arbres infinis
Je poussais en imperfections
Mais elle me regardait
Et chuchotait tout bas en admirant les nues :
« Viens, je veux t'offrir cette paix
Que tu n'as jamais connu »
Ça vient d'une autre vie
Faite de mauvaises répétitions herbacées
Car la terre était avide
De mes discrètes gaietés
Mais, Elle, elle me regardait
Comme si elle avait déjà tout vu :
« Viens, que je t'offre cette paix
Que tu n'as jamais connu »
Sans doute je paraissais sobre
Avec mes branches nues et fatiguées
Dans l'air des soirs d'octobre
Sifflaient mes anches ouatées
Les chênes majestueux autour se dandinaient
Pourtant n'entendaient rien de la muse
Piquant de ses paroles de paix
Rêvant de mes racines dodues
Alors osant s'approcher
De mon désert boisé
Elle, la douceur vitalisée
Caressa ma bouche fanée
Énonça
Le mai
Devant mes yeux involus :
« Viens, je peux t'offrir cette paix
Que tu n'as jamais voulu »
Sans un mot mes joues éclosent
Et me voilà à admirer cette efflorescence
Plantureuse et verte
Elle rayonne de sens
Tout fait sens
En visions entrouvertes
Je retire mes racines
Je retire mes épines
Mes fluorescéines
Ma passion vertigineuse se perd
Dans sa corolle urbaine
Loin de l'ombre du bois
Tu bois
Je vois
Cette torpeur qui n'existe plus
Dans les villes défrichées de juin
Fleuriront tous nos sourires joufflus
Vogueront près du bassin
Tous nos jeux tous nos mots
Tous nos mots
Tous nos mots qui disent
« Allons, offrons-nous cette vie
Enfin aperçue »