Les chemises brunes…
Les secours arriveront-ils à temps ?
Je crains que non.
Seule, devant mon ordinateur,
Je vous écris ma dernière poésie.
J’étouffe d’une arrête de dorade grosse de deux pouces
Qui s’est coincée dans mon gosier
Sans que j’en puisse la déloger.
Je tousse, je larmoie, et j’éructe
L’attaque a été sournoise et brute.
Je mangeai, bien installée, un plat succulent,
Quand tout à coup, sur l’écran de télé
Je vois un homme surgir de l’ancien temps :
L’air d’un gros rat, et d’un méchant,
Eric zeymour crève l’écran.
Un relent nauséabond de chemises brunes
Sème son discours virulent.
Sus aux femmes, et aux musulmans,
Point de pitié, allons-y carrément,
Pour les premières, retour aux fourneaux,
Et pour les autres, faites un paquet,
Femmes, enfants, familles, jetons-les hors de Notre France,
Evitons de justesse « le grand remplacement ».
Et pour finir les sondages,
Qui nous font voter tous les jours
-Mais c’est pour faire semblant-
Nous le promettent tout devant.
Je ferme le téléviseur, adieu bonhomme !
Mais c’est trop tard, ma rétine est marquée
Par ce salmigondis de bêtises et d’horreur ;
Et j’avale derechef la fatale bouchée,
De poisson frais, avec l’arrête.
Me sera-telle fatale ? Je ne sais.
Je crois que déjà, le mal st fait.
La cicatrice mettra du temps à se dissiper.
pM le 17/10/2021