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Publications sur Toute La Poésie

Le goût du poème

19 avril 2024 - 10:47

c’est le pain
dont ma bouche a faim

 

la source
qui est au bout du chemin

 

c’est le printemps
comme unique saison

 

le chant de l’oiseau
comme seule chanson

 

ton regard, ton visage


mes secrets horizons

Nos Mozart assassinés

12 avril 2024 - 04:37

au-delà des données abstraites, des décomptes,

de l'éternel retour des événements

et de la banalisation des crimes de masse,

qui se réduisent pour nous à des chiffres

s'inscrivant sur nos grands ou petits écrans,

un simple buzz d'un instant, même pas un cri

d'horreur,

                        combien de Mozart assassinés ?

 

on connaît ceux qui avaient déjà un nom

de leur vivant, Garcia Lorca, assassiné à Grenade,

son lointain héritier , Victor Jara au Chili,

les mains coupées par ses bourreaux,

par haine de la poésie et de la musique

et pour lui interdire, même dans la mort

de faire naître le moindre son de sa guitare

 

comme moi, tu pleures sur tous les Victor Jara

et Garcia Lorca dont nous ne connaîtrons

jamais le nom, ni le visage, ni le génie,

et tous ceux qui sont morts avec eux,

tombés face contre terre dans le désert,

les champs de pierres ou la boue,

anonymes parmi les noyés blêmes

dans les eaux grises d'un Lampedusa,

 

"colombes poignardées" *

 

                         grands poissons morts,

 

le regard tourné vers l'infini ou le néant,

 

maudissant leurs frères en inhumanité

 

                          ..........

 

*Apollinaire : La colombe poignardée et le jet d'eau

 

"Le soir tombe Ô sanglante mer
Jardins où saigne abondamment
le laurier rose fleur guerrière"

Un corbeau en hiver

04 avril 2024 - 06:54





            Le vieil  homme,  habité par des souvenirs anciens, prit alors la,parole :

A coup sûr,  ça a été   l'un des   pires   hivers,  le plus  froid  de   notre  enfance .

 





                                                                                                               un matin

de cet  hiver-là,  alors que nous étions encore  au chaud  sous  nos  édredons,

Fernand  - un des fils des Lanty, la ferme la plus proche -  nous avait apporté

un  corbeau   transi,  famélique,   incapable   du   moindre   battement   d'ailes,

aussi inerte qu'une statue, comme d'ailleurs ses frères  que nous apercevions

depuis nos fenêtres,  épars sur les champs  couverts   d'une  épaisse  couche

de neige,   tout droit sortis  d'un   tableau de   Bosch ou   de  Bruegel   l'Ancien


il  était   là,  hiératique,   indifférent  à nos  caresses,   hésitantes   sans  doute,

car le corbeau nous inspirait une compassion mêlée de crainte : en effet, alors,

dans   les  campagnes,  on le clouait   encore  sur les portes  des granges,  ou

on l'accrochait   au bout d'une perche  en plein champ,  épouvantail   pitoyable,

pour effrayer ses  congénères,  maudit   depuis la nuit des temps,   oiseau noir

de mauvais augure, funeste, honni des paysans dont il dévastait les semailles

et dévorait les récoltes

                               nous, nous dénichions ses oeufs au haut des grands

arbres, précieux butin  que nous descendions, tout chauds, dans notre bouche.


                                                           .   .   .   .   .   .   . 


le corbeau disparut le soir-même, comme il était venu, sans aucune explication

de la part de nos parents. Je pense aujourd'hui   que le passage du froid glacial

à la chaleur de notre chambre l'avait tué, à l'image de ces déportés, faméliques

eux  aussi,  qui, se jetant sur les rations  des soldats  qui les avaient libérés,  ou

de  ces  hommes harcelés  par  la soif  dans le désert,  à qui on donnait  à boire,

et qui, les uns et les autres, en mouraient,

                                                                       
comme si un bonheur trop soudain du corps et de l'"âme"
                  

                                                 était insupportable aux dieux
                                                                     

                                                                              et devait avoir une issue fatale

Comptine : Le Paradis en cinq sept . . ., ou l'Enfer en moins de deux !

28 mars 2024 - 05:48

 




Un, deux, trois . . .     jambe de bois


Trois, quat', cinq . . . tous des saints


Cinq, six . . . ,   sept pêchés capitaux.  Ah non, c'est trop!


Huit, neuf, dix . . . tu l'as dit, nous irons tous au Paradis


Dix, onze, douze . . . comme de bons apôtres


                                 . . . ou sinon en Enfer,


                                                                dare dare,


                                     ah! non, plutôt bons der des der


                                     . . . . . . . . .



Mais, quand même, pourquoi pas le paradis en cinq sets?

 

 

 

L'asperge sauvage

22 mars 2024 - 05:38


  fil de verre étiré

 

                    vert

 

          soudain dressé,

 


mince jet de couleur fusant

 

au-dessus des touffes


desséchées par l'hiver,

 


     l'asperge sauvage