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Publications sur Toute La Poésie

Poème de papier

11 octobre 2024 - 04:35

 




                        le poème,


comme un avion ou un bateau
en papier,
au pliage rigoureusement précis,
à la symétrie
et à l'équilibre parfaits,
aux mesures exactes
et aux formes pures
après un travail patient,
                       amoureux,


en vue d'une course
à la trajectoire impeccable
à travers l'eau ou le ciel
vers des horizons rêvés,
des lieux inventés,
loin des rues et des villes


mais un avion ou un bateau
en papier,
qui  accroche parfois le rebord
d'un toit
ou est avalé par l'égout,


l'espoir anéanti, d'un coup
et la fin d'un jeu
faussement léger ou puéril,
où il en va, l'air de rien,
pas seulement
d'un bout de papier plié,
ou avec des mots
         griffonnés dessus,


mais, tout simplement
et pour tout un jour
ou toute une vie,
du bonheur et du malheur
d'un enfant
dont le jouet est cassé,

d'un homme à l'espoir trahi,

           d'un rêve anéanti

La fiancée du vent

05 octobre 2024 - 04:03


                                           La fiancée du vent, cette herbe des vastes steppes

                                           et que les tourbillons emportent en rouleaux légers . . .
. . .

 

                                           ici, les feuillages en feu s'éteignent au sol et ternissent

                                           le miroir des eaux immobiles, au pied des talus humides

 

                                           le pouillot de Pallas au triple bandeau venu -pourquoi ici? -

                                           de Sibérie, mémoire perdue des ancestrales migrations

 

 

Oreste se retournant vers son passé heureux

n'aperçoit que la figure tremblante d'une Eurydice

au crâne rasé, en proie aux affres d'un cancer fatal

 

le concert de rock en arrêt sur image et, l'instant d'après

en débandade, après les cris, les stridences et la joie,

le coup de gond, le premier claquement de la kalachnikov 

 

l'enfant s'échappant des bras de sa mère, et courant
vers la mer, qui, là-bas, a rejeté un autre -le même- enfant



                                                           la fiancée du vent, cette herbe aux racines
                                                           si peu profondes, si fragiles  ...

 

en cette fin d'après-midi bleutée, bercée par une musique

d'Ennio Morricone, le cow-boy avance, le soleil dans le dos,

il ne voit pas, pointés sur lui, les canons de fusil sur les toits,
 

tandis que, sous son arbre, en plein désert, le pendu

debout sur son cheval, les yeux brûlés de sel et de soleil,

attend, la bouche sèche, la balle qui tranchera sa corde

 

trente et un ans dans le couloir de la mort, et Glen Ford 

voulait croire encore, malgré tant d'espoirs déçus, en son destin

 

le grand adolescent blond erre, depuis dix ans déjà,

dans les sombres et froids couloirs de la maison des fous,

après la trahison d'un soir de sa bien aimée, et elle,

repentie, l'attend dans la chambre désertée, éperdument

 

                                                 un corps frais se glisse furtif sous les draps, auprès de toi,

                                                 cherchant refuge dans la chaleur diffuse de ton corps,

                                                 s'enroule comme une liane au tronc de l'arbre nu et lisse

 

                                                 l'aube éclaire faiblement le rectangle parfait de la fenêtre,

                                                 bientôt viendront peut-être les premiers rayons du soleil

                                                 à travers les branches dénudées du vieux frêne en hiver

  
                                                 dont le moindre vent emporte les dernières feuilles,


                                                                                                      vers quel inachevé ?

un clic (poème incidentel)

04 octobre 2024 - 06:45

    . . . . . .

          .                                      .

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Déserts

28 septembre 2024 - 03:59

dunes de toutes les mers disparues

que ne borde plus aucune mer,

déserts de toutes les routes, de l'or,

de la soie, de l'encens, des esclaves,

dont il ne reste plus que des traces

presque effacées,

à la merci de tous les vents,

 

lieux de tous les mirages,

des lacs palpitants sous le soleil de midi,

toujours là, toujours fuyants,

d'étranges citadelles recouvrant la plaine

de leur ombre, et l'instant d'après

hors d'atteinte, évanouies

dans un horizon de cendres et de feu

 

quelque panneau fabuleux et dérisoire :

Tombouctou, 110 jours de chameau,

ou cette chape de plomb qui, souvent

couvre tout le Sahara, du nord au sud,

et empêche même d'apercevoir, du ciel,

aussi bien les dunes roses de Merzouga

que les massifs terre de Sienne du Tibesti

 

                 

très loin de là, un cours d'eau insensé,

le Rio Calama,

né dans les neiges de la Cordillère des Andes

et s'étirant comme un serpent engourdi

dans les arides solitudes d'Atacama,

inutile et glacé

au fond de son sillon profond,

 

indifférent aux momies desséchées,

d'une grâce émouvante et fragile

avec leurs longs cils

et leurs cheveux noués,

qui dorment dans les sables chauds

du désert, témoins muets

de la grandeur passée de leur peuple,

leurs yeux caves tournés vers un ciel

lui aussi désert qu'ont, à jamais,

abandonné leurs Dieux bafoués

et déchus mais dont on entend

les lamentations et les sanglots

du côté du Tatio* , loin, très loin

dans les hauteurs glacées de la Cordillère

 

 

-------------------------------------------------------

 

*El Tatio (du kunza "Tata-iu", qui signifie "el abuelo que llora"
= le grand père/le vieux qui pleure)

Les geysers d'El Tatio du Chili, qui font entendre ici leurs lamentations et leurs sanglots,
se trouvent sur l’altiplano à 4 280 m d’altitude dans la région d'Antofagasta,
au pied des volcans Tatio et Linzor (5 680 m).

Mots morts

20 septembre 2024 - 03:32

                                        mort l'oiseau

 

au pied de la paroi de verre

qu'il a heurtée dans son vol

 

et peut-être les mots pour le dire ...

 

morts tous ces corps

couchés sur l'océan du côté de Gibraltar,

de Lampedusa ou de Calais,

- contre la glace sans tain

infranchissable de notre indifférence -

où eux avaient cru voir un avenir heureux

loin de la misère, des guerres de leur pays

 

et maintenant

comme l'oiseau mort, gisant sur le dos,

bec et griffes dressés vers le ciel,

ils lançaient une dernière supplication

                                                       muette

 

                    aux Dieux

 

                                    et aux hommes

 


en vain,

 

n' ayant plus, eux aussi, que des mots morts


au fond de leur gorge inutile désormais