Merci pour cet élan d’admiration pour des hommes de courage qui se sont dressés face aux abominations.
- M. de Saint-Michel et Laurence HERAULT aiment ceci
Posté par Jped
- 15 novembre 2025 - 03:47
Merci pour cet élan d’admiration pour des hommes de courage qui se sont dressés face aux abominations.
Posté par Jped
- 14 novembre 2025 - 02:15
analphabète dans notre langue,
chien ou agneau parmi les loups,
loup farouche parmi les chiens,
loup-garou au milieu des hommes,
il était venu d'un de ces pays de l'est
à l'histoire mouvementée, souvent
tragique, comme un Ulysse à l'envers,
un Ulysse fuyant son pays d'origine,
par mer, au gré des courants furtifs,
marin de fortune, passager clandestin,
ou à travers tous les pays d'Europe,
dans le chaos fiévreux des guerres,
combattant pour quel camp
dans ces temps sombres, inquiets ?,
pour l'un d'abord, pour l'autre
après peut-être, c'était son secret
que nul n'a jamais essayé de percer
sans doute par pudeur ou par lâcheté,
de crainte de découvrir trop d'horreur,
trop de souffrances ou de remords
on ne lui connaissait ni femme ni maison,
il couchait ici ou là au hasard des saisons
et des travaux, souvent à la belle étoile
ou dans quelque mazet abandonné
en bord de vigne ou Dieu sait où
Elékés,
(son nom, ou peut-être un nom d'emprunt),
était chez lui ici, partout et nulle part,
sur tous les chantiers, dans les vignes,
dans les garrigues, au bord des étangs,
prêt à rendre service, à prêter main forte,
quelle que soit l'heure où le lieu :
Voi, voi, voi !
c'était les seuls mots clairs qu'il prononçait,
en dehors d'un gromelot, d'un charabia
que ni lui ni les autres ne pouvaient démêler
et qui lui servaient sans doute de masque,
d'armure pour cacher quelque lourd secret
ou simplement pour se retirer du monde
et des hommes, à la poursuite d'on ne sait
quels songes, quels fantasmes, quelle folie,
nés de son passé
et qui lui avaient forgé un destin
d'homme sauvage dans notre pays sauvage
des Corbières, son vrai pays , son Ithaque
Voi, voi, voi !
il a disparu un jour, emportant son secret,
nul registre ne porte son nom, nulle tombe,
il s'en est allé comme il était venu,
sur les ailes du vent
Posté par Jped
- 11 novembre 2025 - 06:29
Vous nous faites partager -croyant ou non-croyant- une expérience existentielle d’une rare intensité.
Posté par Jped
- 11 novembre 2025 - 03:16
Ces actes monstrueux et inutiles sont en effet autant d’aveux de mauvaise conscience, d’impuissance, d’échec, … .
Posté par Jped
- 10 novembre 2025 - 05:30
D’une certaine manière, une variante de : Il faut cultiver notre jardin ? Un retour à soi.
Posté par Jped
- 10 novembre 2025 - 05:06
Posté par Jped
- 02 novembre 2025 - 04:07
Posté par Jped
- 02 novembre 2025 - 04:05
Posté par Jped
- 28 octobre 2025 - 03:15
Réflexion très intéressante sur les rapports entre l’exil et la quête de soi.
Posté par Jped
- 27 octobre 2025 - 08:33
Ce n'est pourtant qu'un ravalement de façade. Et c’est bien là le tour de force
Posté par Jped
- 26 octobre 2025 - 10:20
« Paysage d’apocalypse » - violence, folie,, catastrophe, … - d’une efficacité redoutables sur nous, et d’une beauté tragique.
Posté par Jped
- 15 octobre 2025 - 06:54
Ils étaient tous deux presqu'aussi vieux que l'ancien four à bois
dans lequel il avait cuit le pain pour tous pendant un demi-siècle
et qui, vrai Moloch , crachait du feu en fin de nuit et , au matin,
Dieu rassasié, exhalait son haleine brûlante quand l'homme,
pour ajuster le degré de chauffe, enfournait quelques fougasses*
d'un seul geste puis, pour juger du point de cuisson, les retirait,
souvent dorées à point ou alors, les mauvais jours, noircies,
cramées, au goût de caramel inoubliable, au bord de l'amertume
Leur vieillesse heureuse
s'étirait maintenant, à l'étage, dans cette si douce chaleur
qui montait vers eux depuis le fournil, dont la vie secrète
leur était si familière qu'ils reconnaissaient chacun des bruits,
chaque frôlement, le moindre murmure , les silences aussi
que ponctuaient des éclats de voix qui, souvent, évoquaient,
pour eux, un visage, des rires qui leur réchauffaient le cœur,
les ramenant sans cesse aux belles années d'autrefois,
quand, dans la nuit, Antoine pétrissait religieusement la
pâte qui gonflait pendant qu'il jetait les tous premiers sarments
dans le four béant, encore tout tiède des fournées de la veille
La rue s'embrasait à son tour et, en face, sur les façades
à travers la fenêtre largement ouverte du fournil,
se jouait, en ombres chinoises, la Geste fantastique
dont Antoine était le vrai héros, Don Quichotte moderne,
ferraillant devant les braises ardentes, avançant hardiment
puis battant en retraite, revenant cent fois à l'assaut
dans ce qui semblait être un combat dérisoire, interminable,
dont sortirait pourtant la miche de pain de chacun d'entre nous
Vers la fin de leur vie, ils descendaient parfois de leur refuge
parmi les pains, aux formes et aux noms inconnus autrefois,
paillasses, torsadés, en épi, aux noix, au germe de blé, au sésame,...
Antoine les caressait du regard, entre nostalgie, étonnement
et tristesse : " Aujourd'hui, Monsieur, tout n'est que fantaisie ... "
Alice le regardait, assise sur la dernière marche de l'escalier,
un peu perdue elle aussi, mais son éternel sourire aux lèvres
Heureusement, le vieux four était toujours là, encore chaud
de la dernière fournée du matin, fidèle et qui ne ment pas.
Et il serait encore là, longtemps après eux ... .
* Les fougasses d'aujourd'hui ( fogazza) nous ont fait oublier que leur fonction initiale était de vérifier que le four était à bonne température. Leur goût est incomparable ( sans rapport avec les ersatz qu'on vend sous ce nom aujourd'hui, sauf évidemment si elles ont été cuites comme ici, dans un four à bois ).
Posté par Jped
- 15 octobre 2025 - 04:29

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