Dans le four on se découvre d’effrayantes affinités, des en deça, des que l’on dissimule toujours plus profond, sans parler de la croute d’orgueil, au moins aussi dure et éhontée que son précipité inverse, liquides à la limite de l’immatériel. J’aimais par-dessus tout sa voix innocente tandis qu’il enfournait froidement un plat pourtant amoureusement préparé, sa voix amie et infernale parce qu’elle était celle d’un absent qui frappait furieusement ses consonnes : sa voix, une fête improvisée au grand complet, toute une famille d’absents. Ca ça me scotchait, l’entourage invisible. Il était n’importe quel adulte pourvu d’un tant soit peu de tendresse virile, il était unique et c’était un géant pour moi, un acide sulfurique dilué au contact duquel une faiblesse aérienne se dégageait en frissons de mon corps. Présent tout au long du parcours de l’enfance à l’âge adulte, mais toujours avec la même ambiguïté affolante. Il faisait parfois si chaud qu’il lui fallait d’un seul geste, presque d’un bond mais d’un bond reporté ouvrir amplement la fenêtre, se diriger vers elle, s’y rendre d’un pas de muguet - un vrai pas de loup – se lever avec mille précautions de son fauteuil enfin, pour son hôte comprendre que c’était sa démarche la chaleur et qu’il se jouait de vous depuis le début. A l’état de gypse sur le canapé il était le plus exaltant, une conversation délicieuse qui vous faisait presque oublier le monstre excrémentiel qu’il pouvait être. C’était basique et immense son effort, où se laissait parfois voir un minuscule point blanc muet qu’il ne montrait à personne et qui était très tendre, le foyer enfin habitable, la trace de sa disparition.
Hannah9
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Publications sur Toute La Poésie
prose, souvenirs de Goethe
28 novembre 2015 - 04:55
une prose, et beaucoup de silence
22 novembre 2015 - 11:30
Parangon de beauté, aigu, le regard de mon amour avant de disparaître. Ses instantanées de velours. Son thorax s’engouffre dans la brise mille fois qui circule en lui, nous prenons le thé. Ca croasse par la fenêtre. Ses lèvres sont étendues, ses lèvres en éclair, dans le salon. Je ne saurais localiser leur départ, elles sont de fibres, enroulées non loin de s’évanouir. Sans début ni fin. Elles réservent une grave émise depuis le ventre, entrouvertes à l’abord de la tasse, muettes. Elles demandent à être sèches, lorsque le rebord rond s’arrache d’elles. Les yeux avec elles renversés sont illisibles - jurent-ils supplient-ils -, puis l’électrique de la pièce multiplie encore la dissémination percutée de son corps. - Sont-ils éteints ? Dans cette serre je m’enkyste contre sa plaie vertigineuse et froide et m’emporte. L’éclairage a l’envergure d’une mouche inquisitrice, plus que tout insolent. Nos peaux enfin, battues par la lumière, se tiennent longuement en joue, et déclinent.
pour Boétiane
29 juillet 2015 - 10:40
cependant que nous marchons au rythme de l'amitié, mimant de concert le mouvement des plus infimes comme des plus imposantes manifestations de vie
cependant que nous allons marchant nous lier au mouvement de notre propre vacillement notre peau, medium à souhait, se passionne pour la matière de son incessante retraite
- un épanouissement de roses-glyphes résorbées
les thryses pulpeux du soleil
ou l'arabesque agaçante d'un cétoine
et d'autres restes encore, plus éblouissants -
nous consommons notre propre marche en causant, découvrant l'épreuve du réel alors que l'air se teinte d'un parfum de vétiver
et nous taisons plus profondément
au souffle particulier de l'étoile
Aimer de front (première partie)
19 juillet 2015 - 05:35
Nom du recueil : Aimer de front (première partie)
Auteur du recueil : Hannah9
Date d'ajout du recueil : 19 juil. 2015
Catégorie du recueil : Recueils des TLPsiens
Le parcours d'une saison de vertige
souvenir offensé
15 juillet 2015 - 08:12