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Hannah9

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#311686 prose, souvenirs de Goethe

Posté par Hannah9 - 28 novembre 2015 - 04:55

Dans le four on se découvre d’effrayantes affinités, des en deça, des que l’on dissimule toujours plus profond, sans parler de la croute d’orgueil, au moins aussi dure et éhontée que son précipité inverse, liquides à la limite de l’immatériel. J’aimais par-dessus tout sa voix innocente tandis qu’il enfournait froidement un plat pourtant amoureusement préparé, sa voix amie et infernale parce qu’elle était celle d’un absent qui frappait furieusement ses consonnes : sa voix, une fête improvisée au grand complet, toute une famille d’absents. Ca ça me scotchait, l’entourage invisible. Il était n’importe quel adulte pourvu d’un tant soit peu de tendresse virile, il était unique et c’était un géant pour moi, un acide sulfurique dilué au contact duquel une faiblesse aérienne se dégageait en frissons de mon corps. Présent tout au long du parcours de l’enfance à l’âge adulte, mais toujours avec la même ambiguïté affolante. Il faisait parfois si chaud qu’il lui fallait d’un seul geste, presque d’un bond mais d’un bond reporté ouvrir amplement la fenêtre, se diriger vers elle, s’y rendre d’un pas de muguet - un vrai pas de loup – se lever avec mille précautions de son fauteuil enfin, pour son hôte comprendre que c’était sa démarche la chaleur et qu’il se jouait de vous depuis le début. A l’état de gypse sur le canapé il était le plus exaltant, une conversation délicieuse qui vous faisait presque oublier le monstre excrémentiel qu’il pouvait être. C’était basique et immense son effort, où se laissait parfois voir un minuscule point blanc muet qu’il ne montrait à personne et qui était très tendre, le foyer enfin habitable, la trace de sa disparition.




#311357 une prose, et beaucoup de silence

Posté par Hannah9 - 22 novembre 2015 - 11:30

Parangon de beauté, aigu, le regard de mon amour avant de disparaître. Ses instantanées de velours. Son thorax s’engouffre dans la brise mille fois qui circule en lui, nous prenons le thé. Ca croasse par la fenêtre. Ses lèvres sont étendues, ses lèvres en éclair, dans le salon. Je ne saurais localiser leur départ, elles sont de fibres, enroulées non loin de s’évanouir. Sans début ni fin. Elles réservent une grave émise depuis le ventre, entrouvertes à l’abord de la tasse, muettes. Elles demandent à être sèches, lorsque le rebord rond s’arrache d’elles. Les yeux avec elles renversés sont illisibles - jurent-ils supplient-ils -, puis l’électrique de la pièce multiplie encore la dissémination percutée de son corps. - Sont-ils éteints ?  Dans cette serre je m’enkyste contre sa plaie vertigineuse et froide et m’emporte. L’éclairage a l’envergure d’une mouche inquisitrice, plus que tout insolent. Nos peaux enfin, battues par la lumière, se tiennent longuement en joue, et déclinent.




#305304 pour Boétiane

Posté par Hannah9 - 29 juillet 2015 - 10:40

cependant que nous marchons au rythme de l'amitié, mimant de concert le mouvement des plus infimes comme des plus imposantes manifestations de vie

cependant que nous allons marchant nous lier au mouvement de notre propre vacillement notre peau, medium à souhait, se passionne pour la matière de son incessante retraite

- un épanouissement de roses-glyphes résorbées

les thryses pulpeux du soleil

ou l'arabesque agaçante d'un cétoine

et d'autres restes encore, plus éblouissants -

nous consommons notre propre marche en causant, découvrant l'épreuve du réel alors que l'air se teinte d'un parfum de vétiver

et nous taisons plus profondément

au souffle particulier de l'étoile




#304733 souvenir offensé

Posté par Hannah9 - 19 juillet 2015 - 05:41

Merci beaucoup à tous les trois. Après coup, j'ai compris que le poème ne pouvait être seul, et qu'il prenait place au sein d'une logique plus vaste, sans quoi il s'étiolerait. Aussi ai-je tenté la composition d'un recueil à partir de lui. 

Baisers 

H




#304545 souvenir offensé

Posté par Hannah9 - 15 juillet 2015 - 08:12

appuie sur la détente
 
un exhausteur d'émotions gestes plénitude réverbération amour Friedrich
quant à ma voix - elle ne dicte plus
qu'à la table du vertige tendre invitée
on ne l'attendait guère à cette heure.
 
don sexuel de la main
balancée jusqu'à recevoir de ton ami cette lithographie de quelques taches 
de vos besoins
concrétion dure qu'enveloppent vos tempes humides et l'espace transi :
c'est violent, le regard d'un ami
quand il vous assène ses crimes ses larcins
 
la chance inattendue 
de s'engouffrer
Friedrich chante appuyé à une symphonie d'arbres que nous nous entendons et je pense
à son tronc déchiré,
tu l'écoutes à peine
 
et le souffle présent où nous spéculons
tout à l'instant du rite.



#302875 le visage opaque

Posté par Hannah9 - 14 juin 2015 - 01:03

J'ai une peur bleue de te rencontrer, étoile indiscrète
qui darda l'oeil de par mes ruines. 
Tout ce qui a sombré en moi - vaste réseau pulmonaire,
appelle cet air irrésistible à la surface plongeante de ton approche concilante,
étrangère 
et de quel éventuel gouffre surgie.
 
aujourd'hui la salive ne tourne plus son ombre,
voyelle faisant de la chair magie dont la brèche
m'élève et m'écartèle :
je vais muette, robe au corps -
et de son absence violente
se voile le nombre travesti.
 
 
toi grève plutôt que vague -
seconde bue au désespoir de la lie :
jadis époumonée -
grève bronchique aux quintes de sable dur,
 
jette-moi !
 
toi gaine de bleu qui me hantais
ricochant la poitrine légère de ton oeil - aime-moi !
avec ton souffle pointu ton regard à la mort,
hélant l'enfer cabré
d'une possible délivrance, 
enmaillotée
voeu cruel où les lèvres ploient sous la cible du nom -
 
toutes poussières
toute rage
opaque et mâle
 
aujourd'hui, vent de lune crépite sur le souffle 
le souffle va croissant : c'est dimanche cette nuit
tandis que la caresse épuise l'hiver et ses tempes vibrantes -
et de quels échos combustibles.
 
mutilée encore : calcinée,
mourante encore jusqu'au frisson du premier astre :
je prends le large sur le flanc, chemine, hélant l'enfer
ou l'inexpression de ta bouche sur mes reins clapotants
(et la larme résorbée de la page qu'elle tait
laisse l'attente à sa torture)
aimant encore,
le mur de ton visage recueillant mon pardon



#297805 Deux poèmes

Posté par Hannah9 - 06 avril 2015 - 09:20

Infiniment heureuse que tu le découvres.

Il faut l'écouter, lui, lire ses poèmes : même si tu ne comprends pas l'allemand, je crois que tu entendras l'essentiel.

On n'en ressort pas indemne.

 

La plus poignante, à mon sens, est cette lecture, à entendre absolument 

 Todesfuge, fugue de mort :https://www.youtube....h?v=gVwLqEHDCQE

(l'extrait que tu as trouvé est tiré d'un autre poème)

 

 

Voici aussi le poème Corona, ainsi que Allerseelen où on le voit lire, et être physiquement investi dans sa lecture :

Corona :https://www.youtube....h?v=X25-IDqiC5k

Allerseelen : https://www.youtube....h?v=PhO81S666Ok

 

Lectures éprouvantes pour une poésie "d'après la Schoah" : non pas après, mais d'après, pour arriver - poétiquement - à la dire, par la langue qui en reçoit le souffle abyssal, la syntaxe explosée, le bégaiement des syllabes, le mutisme de fond et ce qu'il appelle "l'idiome de l'étrangeté". Ainsi redonner à sa mère-langue la possibilité d'être à nouveau parlante.

 

Je t'embrasse.




#297792 Deux poèmes

Posté par Hannah9 - 06 avril 2015 - 05:35

Merci Boétiane,

immersion, économie de mots.

comme toujours tu sais recevoir ces lignes, qui tentent d'explorer de nouveaux registres.

je lis beaucoup Celan en ce moment, et essaie de sentir pour de bon les saccades de son rythme, où ce qui déferle a beau être une sorte de silence interdit, cela déferle bel et bien depuis  la primeur d'une source qu'il appelle : le tournant du souffle. Cela livre sa langue à des tournures qui sont autant de contorsions.

 

Merci encore pour ton passage !

H




#297625 Deux poèmes

Posté par Hannah9 - 03 avril 2015 - 07:19

1.

comme cela plonge comme cela saigne comme cela

captive ton regard vers l'horreur

érotiquement contre

l'obsession bleue.

 

fin se dérobe sous moyens humectés

bonsoir

vous qui me voyez

bonsoir

otages de ma mort

 

le salut s'enfonce dans un semblant de poitrine

pour

pre

lacérée des touches que tu opères

à même l'espace fébrile,

 

nous n'en serons pas libérés

l'un à l'autre si l'un,

sans l'autre,

reconnaît la sortie.

 

je vous entends, rafales

hurler

et n'ai plus de corps pour vous sentir

 

 

2.

il avait

les yeux sensibles et aimantés

autour du petit sexe d'ange

que sa mort ne hantait pas

 

il avait quitté

son nom d'origine

pour un soleil mordant.

 

porte

ami du peu

porte goulument

le fruit de l'aimée

 

plonge un oeil

dans le profond des gorges

dans l'anonymat

cru et silencieux

 

ainsi fait de terre d'argile de

ces courtes choses avides

et de mon silence qui se souvient.

 

 




#292808 Hommage à Do

Posté par Hannah9 - 22 janvier 2015 - 10:23

Cher Victorugueux,

 

d'abord merci de m'avoir lue, et d'avoir été décontenancé. Cette façon de bousculer la syntaxe est bien une manière de traduction, en tout cas le parallèle me plait : même s'il a des allures de reproches, vous dîtes là quelque chose d'essentiel. Mais on ne saurait dire je crois que c'est une traduction faite en français : plutôt une traduction, pour le dire avec Cézanne, de la vérité des choses dans la langue, quitte à faire entendre un français étonnant.

Les mots deviennent effectivement nôtres, si tant est que ce sont là "mes mots", par un tel procédé, qui est celui de la lecture. J'essaie, modestement, de lire en écrivant, de parler une langue qui se lise en s'écrivant, qui dévoile son destin, c'est-à-dire son adresse.

Ici, l'écriture est la dimension de la rencontre qu'elle raconte, qu'elle tient à vif et éclaire. Voici ces lignes, pour tenir vive la merveille - la poésie - d'une rencontre, ce qui suppose pour ne pas la figer et la rendre abstraite de répondre à une situation plus vaste, qui dépasse la simple anecdote personnelle : celle des événements récents, qui s'incorporent et se jouent dans cette rencontre.

Et la présence amicale de Cézanne.

Bien à vous,

Hannah




#292737 Hommage à Do

Posté par Hannah9 - 22 janvier 2015 - 01:48

Mon ami me rencontre un soir de décembre tout près du Louvre, il ne sait pas qu'il est mon ami il attend, ou peut-être n'est-ce pas lui que je crois connaître je ne préfère pas entrer dans ces détails

à cet instant je vais le voir par ignorance de ce qui nous lie, pour rompre ce que tout lien a d'unilatéral. la vie se joue en ce moment dans tous les sens, ce qui est très physique à en croire ma poitrine qui densément, s'abîme. Fait tressauter ma main sur une page quelques pieds sous terre, et dans le métro, le trajet est soudain peuplé. Je me souviens de lui, son absence commence à peser, me donne forme et visage.

Je vois affleurer les roches sous l'eau, peser le ciel. Tout tombe d'aplomb.Les quais de la Seine accueillent mes pas furtifs.

Je vais voir l'écriture pour lui demander de me prendre en vie tout comme, de me reconnaître.

il n'y a pas de déroulement dans cette histoire, pas de fil narratif cela me percute et je suis absolument regardée.

je vais droit à une influence qui me sera fatale. Amicale et fatale. A quel point l'une et l'autre, je ne pouvais le présager.

course jusqu'au lieu du rendez-vous ses paroles me reviennent : "je vous dois la vérité", oh lecteurs : je sais qu'il me la dira si je n'arrive pas trop tard.

la rue est interminable et l'hôtel regina a des distances entêtantes. Personne ne lui en veut lorsque j'arrive éperdue dans le hall, le seul événement est le décalage de ma tenue. c'est très peu. on oublie vite car tout est tamisé, même les émotions.

 

qui suis-je à ce moment ?

j'apporte un témoignage qui est tout ce qui me reste,

ne sais comment il prendra la vibration de ma voix, c'est imprévisible et il n'est nulle part, il faudra le laisser sourdre

témoin du comble de la détention avant le comble de détente, cette sorte de délivrance : je sais que l'ordre n'est pas définitif, et que l'oubli qui suit la détente me prend en otage plus sournoisement. Détention non sentie.

témoin de l'angoisse de mes membres disloqués, l'angoisse de chair sur le point d'exploser cette lame. Elle m'a mitraillée je n'en ai pas de traces, je refuse de le croire. Il faut pourtant témoigner. je ne l'ai perçu que l'espace de quelques heures, quelques mois, minutes d'horreur sans moi où j'éprouvais la possible violence extrême qui m'avait pénétrée. Ces espaces ne se referment pas, mais s'éprouvent, mais se renversent espaces, s'ils consentent à mourir. je vais voir mon ami pour avoir l'innocence d'être. Qu'il soit témoin à son tour de la joie qu'il y a malgré. oh qu'il aime ce moi à son écriture, qu'il la garde écrite il y aura une trace de la douleur une étoile si elle rayonne, si elle n'empêche ni ne ternit.

étrange sacrifice

la pauvreté a ses horreurs et ses inerties. Je préfère leur céder plutôt que de les voir sans les souffrir; ou le courage me manque. il n'y a pas d'héroïsme à résister en ces cas, sauf si cela reste présentable. cruelle présence, fais le partage. qui aime la conscience qu'on a d'elle.

 

 

Ce n'est pas à son écharpe blanche que je le reconnais. Notre condition de témoins fait que son regard embrasse tout autour de lui, comme personne, donne à l'air une cadence colorée ; je vois en ses yeux par taches, je n'aime pas encore je suis pénétrée, par les choses. Le rayonnement de l'âme, le regard, le mystère extériorisé. Son regard cherche déjà du répondant, j'arrive sans densité et m'assied sur sa droite, très fluide, il prend mon manteau. Je suis une statue de Caro au bon marché, discrète comme une paupière, dans le secret d'un grand amour. L'escalator contiune de défiler au-dessus de ma tête, il y a un serveur dont la voix retentit, une vitre entre mon ami et la voix qui est en train d'éclore en moi à son contact. Il me faut tout noter, après ces mois d'attente ces années, la perte de l'aimé au péril d'algarades sans fin. Du rythme rompu, analysé, disséqué, donné en pâture aux pires trahisons. C'est le premier repos dès longtemps. Je viens apprendre si mon amour a bien eu lieu, ce lieu qui veille cette écriture, tout ce qu'il me reste et que je ne peux faire être que par mon ami. Qu'il me rende ma blessure et me donne la mort. Amie aussi.

 

 

prête à tout reconnaître pour mon ami,

qu'il me sache victime, qu'il me sache bourreau,

qu'il se contente de nous regarder.

 

il avait pris le soin de m'apporter la catalogue de l'exposition des Madame Cézanne qui a lieu à New York. j'ai presque honte qu'elles ne me soient pas encore vitales. Lui respire ainsi ou ne respire pas. Je tiens le livre dans mes mains je le serre et pense, à cet entretien avec Gasquet. D'une beauté à peine croyable. Il faudrait le lire à haute voix, en entier, phrase après phrase, en disant chaque lettre avec le coeur qu'elle demande. Ce que ces pages enfantent répond à une détresse effrayante, au doute le plus tenace. Cette harmonie dans l'élan, cette lente appropriation émouvante, le va-et-vient qui en soutient l'essor, oui rythmiquement advient : une délivrance.

 

 

 

Détention et détente, Cézanne nous foudroie encore, il n'est pas contradictoire de l'aimer.

 

A cet ami qui ne sait où naître, livide, pétrifié dans un mutisme dont il est l'otage, il faut rendre la naissance elle-même, la genèse. Période dense et fluide, minérale aérienne. Je suis désormais tout à sa voix :

 

"Il n'y a plus que des couleurs, et en elles de la clarté, l'être qui les pense, cette montée de la terre vers le soleil, cette exhalaison des profondeurs vers l'amour. Le génie serait d'immobiliser cette ascension dans une minute d'équilibre, en suggérant quand même son élan. Je veux m'emparer de cette idée, de ce jet d'émotion de cette fumée d'être au dessus de l'universel brasier. Ma toile pèse, un poids alourdit mes pinceaux. Tout tombe. Tout retombe sous l'horizon. De mon cerveau sur la toile, de ma toile vers la terre. Pesamment. Où est l'air, la légèreté dense ? Le génie serait de dégager l'amitié de toutes ces choses en plein air, dans la même montée, dans le même désir. Il y a une minute du monde qui passe. La peindre dans sa réalité !"

 

 

Ce regard désemparé enfantin, le silence nous atteint très subtilement. L'appréhension a disparu, dans cette pure offrande. J'assiste très émue à cette éclosion propre des traits, les choses parviennent à leur contour, ces traits sans histoire que ses rides dévoilent. Nous prenons le train, 350 le long du rein, j'écoute les fenêtres s'ouvrir en notre nage synchrone. Je n'en reviens pas d'une telle aisance. Nous fusons, droit à la présence nos mains s'enveloppent jusqu'au dernier regard. Amitié, rythmique du souffle et préhistoire des formes. Amitié.




#292007 janvier

Posté par Hannah9 - 12 janvier 2015 - 01:56

janvier doutait de nous

 

janvier doutait

 

et jetait ses notes au toit les jetait

 

sans reprendre son souffle

 

 

nous étions quelques uns à nous être arrêtés dévorés par l'horreur

 

dans le gris appareil de la ville. quelques uns offerts aux graves de l'absente.

 

janvier mitraillait ses successions, abandonnait ses pudeurs sous la terre sourde

 

 

 

 

comme la sirène s'électrisait

 

un homme dut parler

 

peut-être fut il arraché à l'impossibilité d'attendre -

 

son mot lui, fut arraché de fer aux lèvres de l'absente

 

son mot impacta son orbite :

 

des masques tomberont -

 

des cendres

 

 

 

 

nous étions poursuivis comme des êtres

 

que l'urgence indiffère.

 

 

 

 

 

 

*

 

 

janvier, belle

 

janvier, glacée

 

ton visage s'afffaisse tes yeux

 

morts,

 

 

j'ai vu l'étoile abandonner ton visage

 

sirène de janvier,

 

qui hurle que l'on t'enferme.

 

 

*

 

 

 

 

les bouches sont captives le coeur

 

devant à la pierre,

 

le silence projette ses espaces

 

où la violence s'effondre,

 

prière.

 

 

espace en otage

 

quelle parole ne t'a pas trouvé libre

 

quelle confession dans le sang des oublis ;

 

le silence couve ces violences

 

où ses fils orphelins, s'effondrent

 




#287505 Exclusions

Posté par Hannah9 - 23 novembre 2014 - 06:51

Cher Denis,

merci pour vos impressions. Je ne dirais pas que "tout cela" tourne autour de la mer, ou le dirais peut-être avec plus de prudence, en évitant le mot de sujet. Cette sorte de vocable, à mon sens, a surtout tendance à faire écran, empêchant d'emblée de lire le poème, et donc de se laisser atteindre par sa loi. En revanche, une fois faite l'épreuve de la lecture, lente et attentive, il est tout à fait possible de dire qu'un poème nous demeure obscur ou ne nous touche pas. Merci donc de votre passage.

Bien à vous,

H




#287502 Exclusions

Posté par Hannah9 - 23 novembre 2014 - 06:16

La page, fatale, en laquelle je te parle mer, de rien mer. De rien. Née parallèle aux souffrances de plomb, hors de mer, où ton visage noyé se consumait. Mémoire aux vagues interdites, aussitôt écrasées contre la pierre dévorante, désireuse d'oubli. Oh mur de mémoire ton paysage d'enfant. Apeurée je te parle et te prends dans des bras détachés croisés noir.
Grand ciel, strié d'absence. Tu n'es pas d'air, ciel, t'arrive-t-il de t'ouvrir ?
Nous - rejetés en ta grandeur, abîmons nos yeux au dedans de nos gorges et : parlons, ne parlons pas, t'enlaçons de plein ventre. De pleine distance de rien.
Absence, à son oeuvre confidente. Qui, par qui se submergea-t-elle ? Sa rumeur abîmée reçoit le soleil engorgé, miroite verte sur la pureté du don. Ce n'est pas un soleil, cette messe scintillante par où le jour advient. Elle est pour toi, absence, mer sans figure dont le cri s'amenuise en voyelles sacrifiées.

Blanche. légère césure, surplombante. Aux extrêmes de mer à marée ralentie, ailes d'
alors - tu perds de ton sel qui s'en vient alourdi, chanter des lèvres bleues la relève du nom.
Nous creusons ton soupir d'alfange,
sous le palais majestueux margellé : astronomique -
nous couronnons le soleil de plomb, tu as noyé la ville
dans nos yeux.

Cohue. Vénitienne. Au panier, cueille alors
ses alleluias.
"rien n'est perdu" dis-je, en montant
mon nom
s'effondre en sa part alcaline, cendrée de
marbre prophyre jaspe albâtre algides,
au paradis du soupir, mentant
au grand lit de parade :
antisite site antisite.

et tombe tombe et tombe de nuit, réel,
dans l'oeil du taureau j'alune
ton nom réel de plomb - agonise :
pour te trouver.
celle qui alèze sans rémission, l'étoile, la suivante
me regarde monter, embrasser, monter
la grande cohue des astres.

je la laisse décapitée et la quitte entière, sombrer dans les entrailles
d'une autre débordée, du vaste lit de mer,
sombrer aux margelles, du vaste chiffre-puits : vacillante

Al-
dabaran,
ton oeil n'a plus de tête.
je compte tes quatorze cils battant la pluie dès
lors, tu te détaches du lot des nourrices, nymphéa lotus
à dos de mer, otage, à dos
exclusive
et allaites ton absence -

rouge, brillante et rouge : vacillante,
aphonique debarante,
en avant des bleues vertèbres, allant
tu te disloque en rafales et avant poindra
détachée, détachée détachée
à te plier le ventre.

Rien n'est perdu, oh mer,
oh mur -
privée de naissance, diffusée dans l'oubli, orphéline :
rayo-néonne ouverte sans appel, alphonique.
sur la page striée se fera-t-elle
exploser ?




#276627 Premier départ - voix du poème

Posté par Hannah9 - 21 août 2014 - 12:40

A Hattie :

merci pour ces mots. C'est un poème - ou comme tu le dis très bien, à vrai dire plutôt un recueil - encore inachevé et perfectible. C'est le premier long poème que j'écris, et je me rends compte de la grande difficulté que cela pose. Je l'imaginais composé en six moments, six départs, dont celui ci est le premier, et faisant écho à la tragédie grecque. Il lui faudra du temps je pense pour librement se mettre en place sur la page, ce qui à mon sens n'est pas encore le cas. Tes remarques me sont précieuses, en mettant en avant la question épineuse de la forme, que j'ai je crois un peu esquivée ici.

 

Boétiane, toujours aussi précieuse, merci.

Une volte à deux temps, en long épisode

j'aime tes mots qui complètent le poème, en lui répondant à merveille

 

amitiés

H