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Loup-de-lune

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Publications sur Toute La Poésie

La beauté des chanfreins

24 mai 2022 - 07:13

Le cheval rose

Sous les yeux noirs du chemineau
Disparaît l'encre des poèmes,
Mainte cyanose des sémèmes
Que dilucide le ruisseau.

Le tracé qu'il lui faudrait suivre
L'aurait absous de son regret...
Or, graduant l'entier adret,
Un troupeau fasciné l'enivre.

Car soudain, du faîte sourdant,
Galope cette nitescence,
Sur la viride incandescence
La beauté du chanfrein ondant.

Par l'eau des yeux advient Pégase :
Deux lés des satins le sellant,
Qu'agite son lyrique élan,
Ailent le rose de l'extase.







Sublime

un printemps qui sourd
donné tout le long des lisières
mon errance heuristique

leurs portiques mutuellement se pénétrant
or que des surenchères de nymphes coupent

en une plume impeccable
se résolvent mes pas

son affinité de tourmentin déjà
d'entre mes pulpes accastillées

pour bathyal que soit le ruiniste
dont la confiance fée
dispose des colonnes halitueuses
l'épiphanie du phénix
transfixe l'encadrure

alors par son état de lame traversé
fissile le zéphyr se dissémine

d'un angle d'abondance
la poudre soufrée
épouse deux feuillets
et va les douant d'ailes

aux confins des cimes
le vol accouche d'une seconde irisée

calcinations danseresses
symbiotiques cendres
à même les nitescences
de la vasteté d'éméraldine
les voilà morts aux auvoires
et de l'altitude et de la distance

si mon cristallin s'est avrilé en mon pleur
c'est qu'avec son relais les a confondus l'éclat







Après la pluie

surmontant la dalle
de l'enfant
disparue il y a plus d'un siècle
la pierre d'un ange
diamantine à travers son noircir
échappe une larme







Kaléidoscope foliacé

foudrer le mordoré
pour le pluriel d'un lait

ses rus ourdissent la ramescence
douant l'oeil de mûrissage

déjà au prétérit
l'entière épiphanie du poisson

le parsemis des verts
les chutes des défigurements bruns

s'emparant du limbe
toute une oscillation
entre le précipice et le fruitier







La bête faramine


Cette fugitivité des losanges à travers la hurlée du grenat

leurs collisions par intermittences rhomboédriques

où chaque fois son pourchas paraît enclos

mais dont le dissentiment des angles sitôt tournillant

intaille les arabesques de ses abattures dans l'escarboucle







Transfusion florale

le long de la voie du retour
dans le débord d'un clos
deux bris furtifs
et nets

pour un bouquet de lilas et de fleurs de pommier

sur le ru son effeuillement batelle la vacance

de jeunes chanfreins l'ourlant
dardent des regards
tantôt d'éperonnements
tantôt de passagers

la sublime arabesque d'un papillon lilial
effleurant ses cheveux de jais
lui fait accroire
qu'une corolle se sera défaite
à la faveur d'un essor


une chambre s'offre encore
à modérer le battement porcelanique

aux prémices de la vêprée
l'eau instante
monte dans les transparences du vase

cet angle
du chevet qui l'appose
sur son beige clair et flammé
se transmue en parfum

sa trajectoire
suppléant tout vaisseau
et la songerie moiteuse des jardins
à travers les chairs
qui ont désappris de s'endolorir







Ivresse

parmi les tombes
je me reposais
de mon voyage perpétuel

un chant d'oiseau coulait
emplissant les crânes
comme des coupes d'agapes







Ce que devint le trésor de la promeneuse

éclat de minéral
qui soupire après le rhombe
nivéale grève
pour l'ouvreuse d'inconnu

la contemplation inabordée
incueillie des offices
le seul viatique
qu'embaluchonne ma pénétrance essentielle

le quadrangle de papier rose
qu'on affectait au vers trouvé
devient le premier are diaphane

et l'ostracum rouge-brique
le brasillement où graver
la callisémie cicatricielle du premier rêve







Voir

deux ajours
parmi les nervures
de la feuille sèche 
depuis longtemps

composent un regard
posé sur l'imminence 
du printemps







La récolte onirique

valétudinaire baladeresse
des vergers d'albescence
d'entre leurs ruines
elle a cueilli trois segments

son allure de fagotière qui brasille
fraye la venelle assumée

leur dynamie
leur coalition de triangle
enceint le miroir

après le bain
meurtrier du délai divis
en l'acuité du tableau halitueux
une lettrine
suggère la pénétrance de jais

à suspendre des baies de brillance
la stillation
affruite la base







Au cimetière devant ta tombe

après la cueillaison
un peu
de mon souffle encore

pour disséminer le globe d'aigrettes

l'une d'elles
se pose
puis s'incline légèrement
sur un pétale parme

les heures
sont leur colloque silencié
dans le friselis d'un zéphyr


lorsqu'un réfléchissement d'ailes
vient iriser l'oblique
tous trois tombent d'accord
en faveur de ce charme
qu'autorise la mimêsis des stérilités







Mai sonore

parmi les arceaux et les obliques
du vert au pluriel
un filet
que le diaphane épétalé
avec un parsemis de grains d'eau s'irisant
infère

afin que l'enserrement soit lacunier
des friselis d'ombres
soumettent des prémices de soyeuse

et les dominant
ces sentinelles-ors
que tocsinnent des corolles







Naissance du feu

Il avait senti sous le remenant
de chair et de vaisseaux
le crâne s'élancer
et heurter la pierre
si claire

et chaque fleur blanche
du chemin
jaillir comme autant d'étincelles







Soulagement


la source de la musique
sur son coteau de transparence

le soufre
se mue en flamme

son arabesque tranquille parmi les corolles jaune d'or


après qu'elle se fut communiquée
à la mèche
son voilier décroît
jusqu'à l'évanouissante baie de safran

et la coupelle rougeoie
au-dessus du minéral incarnadin

entre les nerfs du florilège
dore le sème des songes

quelques minutes se coalisent
pour écouter l'angoisse
qui va fredonnant
du fond des moelles







Le tableau vivant

faisceau pluriel
suavement baigné
en un zéphyr

infatigable peintre
d'envols albailés
au-dessus de l'étang







L'excarnation cardinale

traduite
en cette prodigalité collinaire
une présomption d'aube

des angles dyadiques
étagent
le fauve
le violacé
le métallescent
la roseur

parmi l'isatis des rideaux
des ombres se sont évaguées

au long du sceptre de transparence
afin qu'ils soient divis
sinue l'épiphanie d'une ramescence

la prouesse d'un sang
désensable les cristallins

de sommet en sommet
anabase du démasquement
leur apogée germine la diffraction

à sombrer dans la phase
qui saumone la taie
le poids d'un crâne
offre à la flanelle

leur atermoiement







Immarcescence

chaque jour
la jeune fille
m'offre ce même bouquet
de fleurs parme
sur sa table funérale







Phalaenoïde

à travers le vase soulagé
de ses dépérissements longs
transparaît s'éployant sur son verre
la diaphane siccité d'une corolle

l'aqueux reliquat
insensiblement qui brunoie
touche à l'une des ailes
la froisse endiguant l'envol

clos et prés
musardises de mai
qui gémellent l'éternité
se résolvent en ma lilasse maraude

et dans l'eau jouvencelle
jusqu'à confondre débordante
brillants et larmes
la noyade claire a phasé un parfum







Immaculation

ce clocher d'une telle
intensité de craie
que l'heure
n'en finit plus
d'y désapprendre son encre dure







Imagines novae


Corolle

Par un affût fée qui parodia l'étêtement
étrangée de l'angoisse du bouquet
son posage rose le brilloir angulaire
et comme le giroiement infère la flexion de l'ignescence
l'infime se diadémant d'irisage immine l'envol


Incandescence

Après le murmure des vocables que portait l'abraxas
le silence fut doué de la vertu du feu
émeraudant verre et voile un incendie
se peupla d'anabases rhombiques et d'escarbilles de ciel
pendant que l'oiseau du vêpre en foudrait la coda


Désir

Son errance sylvestre à travers le crépuscule
jusqu'à ce que l'exinanition l'étende
horizontale frêle s'absorbant parmi le principe des verticales
le zéphyr pour l'exaucer se mêle à son soupir et qu'il décarence l'étoile
appelée par un tressaillement de luni-corolle tout contre sa tempe







Essor

une joie céleste
avait éployé les secondes de ma vie

un chant d'oiseau
les irriguait profusément







Ouvrir


éclat conique
parmi la roseur de l'huis
son voyage diagonal va l'appointissant

des traits d'ombre
croisent leurs épaisseurs variées
et enceignent en des quadrangles labiles
des prononciations faibles de lueurs 

toute l'obliquité de leur cortège
esquisse l'empêchement

mais de l'infructuosité de la navaja
s'infère la pénétrance

un feu est bouté
au rouge cerise de la serrure


l'axiome mural a capitulé

les pupilles argonautiques de l'éveil
s'abandonnent aux métamorphoses
du levain des effusions







Instantanéité

ce soudain brin d'or

un oiseau déjà
va le mêlant
à l'ennuagement qui croît







La beauté des chanfreins

ses cheveux de jais se dénouent
au long du ruisseau
et de ses mille transparences

elle chercherait encore le minéral profond
qui eût miré ses traits
angeliciels ou sommeillants

la dynamie de l'eau s'accroît
et sous le pont
ce bouillonnement qui vacarme

la rocaille du chemin
n'a pas de cesse que ne soit brisée
sa synergie divergente

et le courant qu'elle mélancolise
change son émaciement
contre son irradiance

déjà s'allument en les pâtures
le calme des bais contemplatifs
la beauté des chanfreins







Extrait de « La moissonneresse, Partage de l'arc-en-ciel, L'abîme des anges, À la recherche de Mademoiselle LIN 林 美丽花, Pulsion du passage, Passiflore, Chambres imagières, Paysage de Marianne 黄龄, Thyrse, Fugiensuprema et ses soeurs musicales, Arabesques pour huit néologismes, Suicidable, Mers, Élévation, Traversante & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二, au coeur battant de messidor 夏天... Tous droits réservés

La moissonneresse

28 mars 2022 - 03:13

« (...) Votre Féerie poétique m'a restitué une partie de mon enfance !... Haute mer de la mémoire... C'est bien cela, le courage ou la vaillance de s'égarer dans les sèmes et les phonèmes et les virtuèmes comme dans les souvenirs, s'abandonner à l'errance absolue et s'approcher distinctement de soi-même, comme si l'on était devenu une goutte de son propre sang ou de sa propre lymphe... vous en savez, ô combien, quelque chose, n'est-ce pas ? (...) Naissance et Mort, Absence et intense Désir Numineux sont au coeur de tout ce que vous écrivez. Haute mer des émotions humaines. C'est-à-dire qu'il me paraît que votre écriture s'évertue à les réconcilier, à les apiécer, à les rentrayer, à les rentraire, direz-vous artiste, pour en ouvrager un passage pluriel, une même perpétuelle métamorphose, comme si une sorte de révolution copernicienne attendait de s'opérer là afin que s'avèrent leurs subtiles affinités, et que nous soyons guéris de nos tenaces et fallacieuses croyances (...) »


Rémy C.-G.
Écrivain et lecteur







Le prétérit des chagrins
Érige en forains
Deux obligés à l'exil
Des vêpres serviles
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
D'amour et de Temps belle taille
Tu charmes les apories
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
À dame loup les oracles
Endorphines de la lune
Sylphide du temps immune
Par Toth et ses sylves macles


Extrait des Poèmes de Wakoda







« Mais celui-là m'enrichit qui me fait voir tout autrement ce que je vois tous les jours (...) ce poète, de désagrégation du donné ! de recombinaison, et donc d'inventions réelles, de nouveautés qui étaient toujours . . . . . . . .


Paul Valéry







Au vertige du monde
je t'invente un visage d'eau
transparent et limpide 
tourbillons de mes pensées
île sans âge où trône la vie 
embuscades d'amour
et insomnies
sous les feux de solitude
la véhémence secrète de la nuit
impénétrable appelle la clarté
préside la fusion des sources
jusqu'à l'incandescence de l'aurore
resurgie dans chaque grain de lumière
qui habite ton corps indicible


Extrait des Poèmes de hasia







« (...) alors pour la lymphe enfuie, veuillez recevoir toute l'eau de mes brillants émus (...) alors pour le sang enchâssé, veuillez recevoir tout l'épanchement de mon chagrin et de ma meurtrissure d'arc-en-ciel (...) c'est que, voyez-vous, de tout cet envoûtant mystère, qui demeurera confondu avec celui de vos origines, je vous aime éperdument ! »


Rémy C.-G.
Écrivain et lecteur, parmi les lectrices et les lecteurs d'hier, d'aujourd'hui, et de demain . . . . . . . .







La moissonneresse


d'entre les fuligines moindries
rayon d'éteule

limbes tétragonaux

effleuré l'abat-jour albescent
l'oblique de leur coulé
pendant que la prémisse du mur
portée par un arrière procrastine

à considérer le chevet déjà
ils manifestent un lambeau de rose
accueillant comme un moïse
la lexie abandonnée
au plus sélénien de la nuit qui carrelle

leur mue aprilovalente
filme la triade d'une défoliée
dont les nervures ramifient
des foudres à travers les mordorés

leur faucille d'ignescence trémule 
le long d'une inflorescence inconnue à l'eau
juchoir pour la découpe d'un oiseau hématoïde
à l'orée de l'abîme
autant que de son premier trille

leur geste de besogne se noie
dans leur ondoyant titane
afin que chuchoteuse la dédorure d'un plein chagrin
syllabe le spicilège des pains

en presque sar désormais
foyer d'aglaophème et de pisinoé
de parthénope et de leucosie
ils élongent leur épousement jusqu'à l'angle
qu'ils douent de fléchage
et qu'ils approchent du dardement de la proue

et si quelque temps plus grave trouve à les brésiller
l'évanouissement par degrés de leurs grains
n'est point s'éteindre

affins de mes yeux ouverts
que l'intermission de la facture onirique
n'affide point au truisme corporel

la lymphe
toute la lymphe a fui

une entrebâillure en manière de style
dimidie le bleu silhouette des voilages

les plis fuselés et les croix
ont figé la sveltesse
l'élégance d'une chorégraphie dévouée
à la recherche de la prosternation fusionnelle

pour châsses
deux hautes horizontalités pyramidales
d'ombre et de tigrures
enchargent le sang
tout le sang
dont s'étrange la phoenicophanie
avec la rubacelle rêveuse de ru qui s'enfeuille

et l'adolescence du matin ira les scellant
de lattis ocellés
et d'air tout cheminant
de ce qui poudroie
et s'irise







Extrait de « Partage de l'arc-en-ciel, L'abîme des anges, À la recherche de Mademoiselle LIN 林 美丽花, Pulsion du passage, Passiflore, Chambres imagières, Paysage de Marianne 黄龄, Thyrse, Fugiensuprema et ses soeurs musicales, Arabesques pour huit néologismes, Suicidable, Mers, Élévation, Traversante & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二, au coeur battant de messidor 夏天... Tous droits réservés

Phantasiae assumptio victoriaque

22 mars 2022 - 10:46

Pour préambule échoïque et amoebée...



☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

sur les feuilles
frémissantes
de ta peau qui s'offre
l'émoi
nervuré
de mes mains qui s'ouvrent
 
alentie frondaison du désir
prélude sans minutes
à la clameur du fruit
inondé
de nocturne safran
et d'aurore déréelle
 
les racines de nos délaissements
sont humiliées jusqu'au fossile
sous le faîte qui cingle
et les souffles où flottent les veines
se fondent
en un seul respir de sud

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

Les vitrines thaumaturges auraient beau multiplier les milices de l'effacement

me portait la grande erre encline au rivage
m'entraînait l'imputrescible musette de pensée
vers les quiétudes des eaux artistes

passeur des serments rescapés voilà l'oeuvre des tréfonds
cette promenade de silence entre les colonnes toutes franches
ce mur fol désirant la méticuleuse aire de notre concorde

puisque parmi la merveille ruiniforme des quotidiens
parmi les tombeaux que tenturent
des jaillissements d'argonautes il m'est rendu

de te regarder dormir dans le poumon versicolore de l'éternité

☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

adagio
 
 
sur le fil
musical
le funambule
de ma détresse
 
 
ta voix
d'outre-ciel
souffle
 
ce don
d'agripper
la chute

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

Tailleur du ciel

Nuages
morceaux de lumière
étoffes à l'ouvrage
sur l'atelier bleu
 
constantes coutures
le vent doux
pour aiguille et pour fil
déchirures constantes
le vent doux
pour négateur
 
et j'attends là
étendue
parmi les premiers foins
sous les métamorphoses
 
........................................................................................................................................................................
 
Reviendras-tu
à mes côtés
dans les habits blancs
qui nous dépêchaient
auprès de la majesté solaire

☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

vaisseau intérieur


la voile
tissue par la bruine filamenteuse

et le grand vent de l'alphabet
embarque le nautonier des songes

le périple abandonnément
enchâsse une escale d'émeraude
dans l'aigue-marine liquide

l'île est la fiancée des sens
la source des guitares nocturnes
le lexique des reviviscences intimes

ainsi pour long temps de veines exaucées
long temps d'horizon palimpseste
de verbe marginal
ainsi pour les arpents du neuf
je les ligne
et je les range
cette ville monologique
ces images recrues
de la voile

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

dédaléennes
les ruelles
m'auraient vaguée à l'égard d'un bateau

son aussière
si pesamment nattée des absences du large

les échos d'or et de cochenille
dans le désormais de son inaudible nom

le viride de sa coque tailladée
saigne un gravier fauve
dont seul un vrombissant horizon de mégalopole
sait exténuer la ligne flexueuse

de sa grand-voile
une part pétrée fossilise le vent
tandis que le demeurant de toile
drape le bouffon du temps

obliquant
son beaupré va rayant
les barreaux noirs de la grille en chantier

aux mains boucanées des hommes bleus
écoulements
ruissellements d'étincelles
et de navrements

sur le trottoir du passant myriadaire
tombe et s'éteint et se renouvelle
et tombe jusqu'à la moindre étoile
cosmopolite consoeur des nuits traversantes

☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

ce que les lilas communiquent à l'affranchie
lorsque sous la nuée délitescente
un parsemis de fluides idéogrammes
emperle la moindre grappe du mauve
 
cette verve éclose dans le miracle
de la créature qui n'a pas désappris de faire halte
et dont la poitrine tapante n'est pas
un écho du tambour idolâtre

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

passante de la pierre
qui obombre les heures mutinées
méticuleusement la cendre s'enquiert

l'hélianthème calligraphe
l'encharme de l'inflexion chère

le poème obsessif
qui t'épeura jusques aux neiges funérales
te silhouette désormais
dans tous ses chantournements du dicible

sans offreuse les florilèges larment en ors taciturnes

le mot inexplorable
et la languissance des trouveurs
élongent de silence
les lèvres des proues abyssales

par maint brisant de foudre
s'inaccomplit l'été d'absence

d'un sablon empreint de nos confiements
se recompose le fileyeur paternel de tes ailleurs

oh ! siller
où blondoie la poudre accalmie
de nos traverses fromentales







Phantasiae assumptio victoriaque


cette ombre venant rompre un trottoir
qu'il m'avait semblé connaître
pour le traitillé du retour
et à la faveur duquel
l'argile blanche d'un sourire m'advenait

sa chrysalide de château inféode mes yeux
qui enfantent le penser lige

des blandices limbiques jusqu'à ce qui s'embrasse
cajolent l'obstacle et l'étoile
au fort des ithaques et des ulysses et des télémaques et des pénélopes qui poudroient

un grènetis de confettis s'évertue à la médailler
échappé de la théorie mascaradesque
et interrompu par un gant
dont les tribulations du nuancier de gris et de rouges
maculent le tortillon de néoprène


à ce que le reliquaire de mon sang
décrète pour approche
climax du pas glissé
une épiphanie sporulée brasille
pulvérulence d'un iris
à l'acmé de son désir pluriel
d'éprouver le poids et le choc
de concorder la chute avec la chance
parmi les passements des éphéméréités animales


or après la façon pure du feu
tout à sa phase la moins archane
parce qu'à partir d'un tel moment affin
elle va en me considérant comme myste
qui progresse sur les degrés médullaires de la tour
l'ombre sous l'emparement d'un zéphyr se mue
en cet enveloppement de papier de soie nocturnal

puis s'avivant de l'éthéréenne escapade d'un plasma
la main est cette lévitation numineuse

cette aphairaise de la kilomagie sidérale des gemmes

cette désunion d'une diagonale qui récrée
qui radie la route
et les promiscuités métallocharnelles de ses tombereaux vites

cette maraude d'une quinte royale de pétales
florilégeant le cache-cache des volets
pour les rêves du phalaenopsis
lorsque son sommeil et son parfum se coalisent
et aux fins d'apiécer avec quelque marcescence
les lendemains de la plénitude du calice

ce surpassement de l'acuité mélancolieuse
et ocreuse des faîtes

ce supplément de mistral
qui haleine une camargue
propice à la manade étrangeant ses poulains
de la rêne d'horizon septembriseuse

à chaque effleurage
à chaque bifurcation symplectique
à chaque symbiose des vols liliaux
cet inchoatif panache

ce coruscant décidé

vers la sébile en bois d'infini
des ciels mendieurs d'aloi et de carat fées







Pour postface amoebée et échoïque...



☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

inépuisablement
cette eau pérégrine
pour la façon
des limbes minérales

irrépressiblement
cette rivière de ma première île
pour aubader la figure
de la silhouette immémoriale

cette psyché fluente
enfuie des pivots et des vanités
la métamorphose
des mains intimistes de Rodin

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

éperdue d'aube
la jeune leucémique des lisières
étiolé le rouge
au démasqué d'osséine
dans sa geôle angiologique

rose mémoire qui fascine
bradycardiaque essor qui s'orange
page du bleuir que lettre l'éteinte
un ciel encore ébruite
les couleurs du fragile
le bois se repaît
rassasie ses ramures

sur l'herbe où s'absorbe la robe blanche
la main dolente ira fraîchissant
cueillant la rosée gouttelée miroitante
de la cassure des ombres

☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

poupée sans voile à tes prunelles
un étranger soudain
gifleur
hurleur

entre les murs
familiers
de la halte
et du souffle confident
cette anguleuse effusion de tes morceaux

par l'oeillade instante d'un accès
mon âme extravasée tout entière
dans un sang
de porcelaine

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

Dis
de ton altitude
où désormais le sang
plaies et pudeurs
tendresses et rochers mêlés
n'est plus qu'un même sourire mystique

dis-moi
te souviens-tu
de nos escapades illimitées
sur la route des lilas

le chant de nos coeurs
à leurs effluves s'entrelaçant

☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

vêpre d'or
profusément coulé
dans les ajours
de la frondaison

luxuriante
guipure
du théâtre d'ombres
de la brise en feuille

salve d'incandescence
dont la ténèbre
parue
fait son vagissement

bris de l'enfance
scintillée
au passage
de la lune éburnéenne

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

Musique du dernier moment de lune

des vieilles pierres de safran tigré de sombre
s'exhale une voyelle comme météore
candide vélaire et lyrique
pour ajourer le bois brut des alphabets

dans l'orphelinat des batailles
je demeure sans plus d'oraison ni de haro
et les prononçants qui croissent à l'entour
n'ont plus de clair que cette tessiture des aurores

☯ ☯
林 美丽花
LIN Meilihua
☯ ☯

immaculé
le drap s'épancha soudain d'entre ses doigts ravis
et masque de souffle
son instant dernier
suppléa mon visage
ses lèvres acropole en sourire
renversèrent dans le clair-obscur des yeux mi-clos
 
pour ma vision cet esquif
quelle houle incapable d'eau
 
 
il avait neigé si longtemps en son corps de femme
sur la liqueur circulante et gracieuse
couleur de la rose qui désire
 
neige à contre-saison inconditionnelle neige
poudrant les fruits de pourpre des amants
 
 
j'ignorais l'énergie du sortir de la chambre
 
la langue du dire adieu dès lors
je n'en savais pas le principe
 
à l'épouser du linceul
ma déprécation surhumaine
glaçait tout un olympe
 
et sans elle vivante
sous mon errance hiémale
je dépeuplai des continents entiers
 
 
toi
leucémie invinciblement ma rivale
moi qu'une chimère de lutte ardente posséda
tu m'as pulvérisée
mais toi
ô métamorphose perlée du tréfonds
tu m'as recomposée poème
 
et tu neiges si liliale en son impalpabilité d'ange
sitôt que je vois le sang du jour en allé
redevenir ce floconnement qui palpite et qui
hors des couloirs de la chute
illustre infiniment le ciel

☯ ☯
劉 碧峥
LIU Bizheng
☯ ☯

lorsque les timbales eurent adamanté l'assomption
la contre-allée de chlorodrames échappa l'hôpital

à travers ses effraies de linge ses draps d'alucite
par-delà la tératédrie de ses chambres spasmiques
Leukaima regardait les sangs se délivrer du gradient
et des bracelets de leucocytes
enchérir sur les taillades des sursis

aux béés confins de la complexion parsternée
l'hématémèse a joint le limpide
ses spires lentes écarlatent l'indemne chiquenaude du tréfonds

pour ellipser son vivier de gemmes
autour de l'astre qui sanglote de cuivres
le courant point

arches plues des vols héroïques
prostyle des humus balafrés d'égrisées
à leur sourdre galeries et ponts
la réminiscence par silhouettes lacune
ou adorne au lieu que l'évanescence trempe l'oxycolorieur

étymone l'hymen de la serpente et du cache qui s'ésidère

avec son tranquilloïdal vivre
la lithophanie atlante

et les phalanges taillées en orphéennes eaux de brillants
appuient sur l'ultimance de l'érythropoïèse
jusqu'à concordamment cercler de leur effaçance ce qui s'inachève







Extrait de « Partage de l'arc-en-ciel, L'abîme des anges, À la recherche de Mademoiselle LIN 林 美丽花, Pulsion du passage, Passiflore, Chambres imagières, Paysage de Marianne 黄龄, Thyrse, Fugiensuprema et ses soeurs musicales, Arabesques pour huit néologismes, Suicidable, Mers, Élévation, Traversante & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二, au coeur battant de l'été 夏天... Tous droits réservés 

Croisée d'hôpital

21 mars 2022 - 08:17

Croisée d'hôpital



immémoire du fuligineux
bleu voile divis
une alumelle onde

miragineuse en s'éclairant
se murmure la formule symétrique

limbes cruciformes des ombres
et leurs soupirs pour l'obliquité
qui vaticine les rus de lymphe

draps et linges
leurs froissis affins de l'osséine et de la peau
passent du cygne et de l'amaryllis
à l'immatériel

même la plus obstinée des éteignaries
s'inféode au prince safran des sels

chrestomathie du sang-luire
dont l'effusion domine
le trahisseur que se montre le désommeil
sur le mur glissent
et s'opiniâtrent les mues du coruscant de la mirance

son abord des aquilains et des alezans
afin qu'ils soient coupés
de leurs gravités humanoïdes
de leurs cèlements
et de leur subjectile languide

qu'au ferment se dédie l'instant
où ils s'affranchissent du poudroiement encellulé
dont le feuillet vaste influe sur mon songe de galop

au lieu qu'en battant
prodigues d'une tramontane
qui se rappelle l'enfance de l'aorte en cavale
iront les aurorales camargues



Extrait de « Leucémique errance & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二 (printemps 春天). Tous droits réservés.

La chambre dont le reliquat de noir s'est mué en congés archanes : 100 tableaux _ d...

18 mars 2022 - 03:20

La chambre dont le reliquat de noir s'est mué en congés archanes : 100 tableaux _ deuxième partie . . . . . . . .





« que neige la retrouvaille_
  je me suis arrêtée là
         où le sentier s'arrête sur un mur
      haut
de plusieurs tours de secondes et de jours morts
                où le secours est infirme
  alors que si vaste est la terre

             seul le squelette des mots
                     _et pas d'eau


Une lectrice





... entre vos yeux et ce qui est vu, se déploient les ailes de votre imagination togée de votre savante sensibilité . . . . . . . .


Un lecteur





... de ce que vous ressentez (...) à la gratitude que je vous exprime... quel essentiel voyage pour le poème, et sans avoir quitté la racine signifiant accueil et faveur...

... je me souviens de la pensée d'un philosophe de la Chine (très) ancienne... il parlait des prodigieux voyages que faisait son esprit sans que son corps n'ait besoin de sortir de sa chambre... prodigieux voyages... et vivifiantes rencontres, vous en êtes ici l'heureux témoignage !

... l'alphabet ressemble à un pré tout à la fois humble et immense... les bouquets de poèmes que nous y prenons changent nos poings en corolles ouvertes... nous devenons porte-parfums sans jamais diminuer la source . . . . . . . .


parce qu'à la lueur hématique
on répute le regard magicien
les carreaux partagent
s'intervertissent
recomposent

et parmi les croix qu'ils continuent à dresser
arlequin bouffonnant leurs angles droits
un instant de ballons de couleurs
diverge de la radiale leucémique . . . . . . . .


L'auteure





51/100


Feuilles d'automne échancrées

et prestidigitatrices
des voies ressassées

sur des roses des vents
des roses des vents
se posent

et ma direction
avec ce penchement du buste consort
c'est contempler
les expéditions enluminées de leurs incidences





52/100


du titre d'une pièce lointaine
une Égypte onirique m'ennuage

par ses pulpes généreuses
un sycomore m'a engourdie
à son écorce le sommeil m'adosse

et parmi le succès nocturne
les palpitations exquises
qui fleurissent ses ramescences
vont constellant ma scène assoiffée de réplique





53/100


grand vent
vespéral
fleuve d'éther
où mugit l'illimité

emportés
la touffeur de la bourgade
le tempo médiocre
des mots et des regards

un tombereau d'ombre
y décharge
les derniers gravois
des couleurs

à la faveur
de l'espace net
sourd
un oiseau de cristal





54/100


Arbre qui ramifie le ciel
et fragmente aurores et crépuscules
close la croisée sait recoudre
tes morceaux de tempête





55/100


à ce point dénudant
que saille l'aveu
son peignoir
et sa peau ont neigé
sur le bleu fécond
du carrellement

serpentueuse sa ceinture
fleurdelise l'angle enfui

hôtesse du corps transparaissant
la si claire olivine
d'une eau de paisibilité

parmi l'évanescence du myocarde
les cristaux qui fleurissaient le vermillon
contrepointent la marcescence

en la gaze incantée par les os
s'obsèquent
les énergies itératives

un infini de vapeur
va brouillant
le long lingot du luminaire

et chaque veine se sera
ennuagée des évanouissantes foisons du savon





56/100


Chaque carreau confie son décijour à l'améthyste menuisée

où désormais la table a dardé les angles des appétitions surannées

le parsemis de la pierre angelicielle recompose un faraud

pour l'ovoïde d'un dansable fondant

avec la transpassante liqueur des astérisques du lilas

la noyade en xanthies du volutant photopleure se confond 





57/100


lutins espiègles
qui grimpez aux maïs
éclatantes vos chevelures rousses
sous la poussière de pluie

instant de conte





58/100


le poudroiement du matin
a dissous ma destination
 
mon sang s'attarde
à la croisée des vaisseaux
mon souffle guette
l'exemplarité du vent
une faim décisive
réinvente mon corps
 
le vert des blés
si clair dans ses moires
que la blondeur du pain
s'y repose déjà





59/100


oiseau
ailes éployées
envergure des vents
des satinés des moires
chatoiement de l'indicible
lente lame glissée

lambeaux d'azur
que thésaurise la branche

tête coupée
à l'ogre de soleil

éteules de rayons
de mica de diaphane
sur l'ultime marbrure
qui prénomme l'hiver





60/100


Soudain ce fut entrer
dans la fierté de l'orfèvre

or ce n'était point pour séparer du connu
que cet espace abonderait en transparences

apothéotique égarée
parmi la succession limpide
intermittente la faim
comme un reniement de la bête
s'oriente vers les congés des points cardinaux


Le verre égrène son glossaire
et vibre
l'hapax
de la ténèbre

elle fusine là-bas les prémices du saisissement

et lorsqu'elle est jointe par son féroce reflet
le cristalier se dévoue à la coupe d'un dévorement

dans la part en suspens

de la noirescence





61/100


fonte lente des neiges
parmi la retrouvaille d'oiseaux
les voies humides
s'illuminent

ces paroles viennent :

- à l'instant où
par ma propre volonté
ma vie n'ira pas plus loin
que ma lucidité soit telle ! -





62/100


après-midi caniculaire

sur le meuble veiné
parmi les vanneries à fruits
la lucarne donne
un triangle de lumière

il rehausse le rose
le rouge fraise
et le soliflore orangé

l'ombre de la corolle
broussaille au coeur une garrigue

le poisson de bois fauve
planté dans son losange
frémit d'un tel épanchement
où s'est annulée l'eau





63/100


Au mur, derrière les moroses
un triangle de lumière
avec un triangle d'ombre
la diagonale qui les joint
élime mes acquis
mes discours, mes canons
mes succulences convaincues
et la peur qui saille
des nettetés d'encre ou de linge





64/100


Pour muer au profus salon

en associante audace son cinéraire solide

l'intercalage ténorise l'écran où sous les mélanines cesse l'imagier

après qu'ils ont été charriés par cette pérégrination

jusqu'à franger le verre cinq dispos coquillages et lui battant de l'imminence

d'émettre leurs minutieux albums d'épaves et de décoffreteries





65/100


atemporelle
pleut la cité
billets à la dérive
chavirages de papier
épaves en cursive
délivrance des encres
les mots fluides se désaccoutumant
et du sens et de la graphie
aquarellent les ruisselures

naufrager les mots





66/100


tu vacilles dans la déréliction 
mais il n'y a pas un espace entre les branches
que ne féconde une étoile





67/100


aux prémices de la fenêtre et de l'abat-jour

des émanations de croix
dans le trouble lamellé
du safran blême

un levant est supplicié

un rhombe lactescent
trémule d'asyndète
au mitan des armoires

orphelin de la clarté





68/100


un grand arbre séjourne dans le transparent
pantomime des ramures
sans autre scénario
que le vent par intervalle

envols soudains de vivants noirs
météores de cette encre
qui vaticine tous les poèmes

au profond d'un doute ardoise
s'est recroquevillée l'étoile
une nostalgie musiquée
s'opiniâtre

son filigrane d'orient

parce qu'à la lueur hématique
on répute le regard magicien
les carreaux partagent
s'intervertissent
recomposent

et parmi les croix qu'ils continuent à dresser
arlequin bouffonnant leurs angles droits
un instant de ballons de couleurs
diverge de la radiale leucémique





69/100


Menues reliures de toile colligeant des fleurs de poésie
la gradation de leurs dos insolés
de la couleur des millepertuis à celle des lavandes
secret escalier
menant du poème au sommeil
et du sommeil à la fugue irisée des pollens





70/100


au clocher d'aurore brandi
par une escale encore
dorent deux acuités

elles délaissent
par degré
la seconde cupide

alors déchiré
un ciel
son vague d'outre dédaignée de l'idéal
son huile d'étoile épandue
qui mue la pupille en sel de braise
et oint chaque signe
si pesant sur la momerie fourbue

le temps s'essore





71/100


Bien que dans les bleus et les verts concomitants
se noie par degré la transparence
coaliseur en retranche l'oculaire cause
le bain d'un luminaire parmi les hippocampes





72/100


jouxtant le bleu anacoluthe
qui laque la transsuffocation
une pellicule de contre-lumière
cercle la brique et l'élusion

hors le cuivre que rive la nuance anéphéle
un entrelacs désarrime le cimetière des corolles
et l'oeil naïf pénétramment charbonné
à l'acmé de la coupelle joaillière voit

demi-mauve sur le radeau de la brisure
la gerbe témoigne l'outrepassement
parallèle une dernière incidente d'archipel
au squameux bondir où s'adivinisent des figures scintillées





73/100


Tant d'épaisseurs ici
mêlaient leurs ombres
aiguës

il y versa le contenu
de son aumônière

et il attendrait que le semis des pièces reçoive un rayon





74/100


j'aime, au bout de tous mes nomadismes, revenir dans ce logis qu'on appelle "la petite chambre", foyer où d'abord convergent toute sorte d'inflexions de voix insaisissables, pour s'éteindre par degrés, et ensuite faire saillir, laisser peser, le fruit du plus nourrissant silence ; la récurrence des oiseaux de couleurs baignant dans la lactescence des voilages, qui ne les dilue cependant pas ; et ceux-là qui sont gorgés de la nuance rouge sang tendent ardemment vers l'incandescence vermeille de la poignée qui claire la promesse du vol et du ciel





75/100


Après l'orage
sur la surgie du ponant
la métamorphose des nuages

La fuite mauve d'une hydre
atteint à l'aile angelicielle

Un instant de Cerbère
aboie la dernière foudre

La saillie d'une église
s'adonne à la roseur

La lune déjà renaît
de ce qui la dévore
et le demeurant de l'appétence
lui devient un anneau saturnien





76/100


le vivier du mouvoir
dérive les pâtures

ses sèves négatives
épuisent les obliques

à ce point miroitante la lisière
ravive les prémices

parmi le mordoré viridivore
la relique des chevaux blanchoie

astral vulnéraire au bris de la ramure
la clef se dépoche dans la halte déclive

à l'issue du sinueux
aéricole mirance des aubiers
la décision coïncide avec le recouvrement
puisque ravir jumelle perdre

aussi la promeneuse pharamineusement escapadée
jusqu'aux posologies caduques
contemple le lent enroulement
où viendra saillir la veinure affranchie des fluences





77/100


Bien que je n'aie émis le moindre phonème
le jeune fusain a compris jusque dans ses sèves mon inclination au meurtre de moi-même

il me fait le serment de la charbonner un jour
sur un papier qui délivre





78/100


la grise pierre brouillardée de jaune
bornait la place déserte

le tremblé des guirlandes pâlies
festonnait le vent d'octobre

si long temps d'absence humaine
avait changé la solitude
en gestation

elle parut
moire et candeur
enfant foulard d'un azimut recomposé

elle s'inclinait sur les feuilles de couleurs
ne cessant d'inventer ses bouquets

et flammaient les phalanges des anciens emparements
à l'image des faîtes caducs





79/100


À reformer les noms de ces villages et de ces petites villes où encore le train faisait halte, les lettres étaient devenues languides

Dans le bleu outremer de leurs quadrangles l'éclat de leur craie frémissait, tant elles soupiraient pour l'anagramme

Je m'ingéniai à les satisfaire

Et j'allais de lieu nouveau
en lieu imaginaire

rafraîchissante des alphabets
délivrée des étymologies et des destinations





80/100


S'épand aux confins de l'asthénique tintillation le sucrier

de la laite paroxysmale qui parachève luire et candeur

s'élève le multiple des oiseaux enceints des prémices pastel

mais d'enclore le récipient à oreilles rentre dans le contrat

et par les effondrilles du café sont silhouettées des altitudes calcinées

mais de faire ruisseler l'incolore d'aile et d'aval au long de sa cuisson vernissée





81/100


Cet aboi
qui se voulut mystérieux
en témoignera le principe


Et la défoliation lumineuse
s'empare de la promenade

marie
les rousseurs
avec les céladons et les ors
les citrons
avec les olivines et les écarlates

pour le jais jaillissant d'un freux

 
Sur cet aboi
qui sait désennuyer de l'azur
bifurque son brillant





82/100


En fleurs
les lucioles du sang ont mué
mes mains

j'ai beau secouer
le coudrier

seuls tombent mes pétales diaphanes





83/100


l'ambivalence des lisières
possède le moment cardiaque

sous la netteté de l'affublement jaune
l'axiome des saisons délie ses phonèmes
de leur obligation

aux extrêmes des pulpes le foliacé recueillir
s'est arrogé la pointe de lance

par l'insoupçonnable écorchure
tout le long de son pluriel
le journalier décor s'étrange

partir vrai s'échevelle
s'épanche en déplantations de vent

flanqué de son recel hématique
stride un train disparaissable

à travers la détissure
l'aiguail endiamante l'exuvie d'un repos

puis à l'épointé où richoie l'élan
transpercer
équidistance des orées
échappe de toute préhension

source
de carole
et d'aile

inépuisablement dégouttant d'abîme





84/100


gestation

derrière la volute de fumée
couleur de mauve et d'ardoise
que va silhouettant
ce sinueux pointillé de vols ?





85/100


C'était alors le noël du rouge

longtemps des oiseaux
auront noirs participé de la baie de la villa

ce midi sans briser
ils s'essorent
avec leurs décalques de verre

à travers l'indéfini des ciels
ils font fileter la sanguine
et désheurer l'éosine





86/100


rayonna l'agrume
sous le gouttellement de la lame
et les lumières erratiques
et les reflets orphelins
se réunirent en le nectar

il s'évasait au bord de la table
concilié un temps encore
avec la rumeur du verre

sa franchise de flambeau
et le clair-obscur de mon sang
obvièrent à la promiscuité
pour tout le charme d'une demande :
que deviendra cette soif ?

quand la fenêtre eut un cri de corolle

son rose héritait

il s'allumait par degrés
bouleverseur de sa définition
et buvant les vanités du soir

mais soufflé
par l'alliance des heures et des sombres
il se lova déjà sous les patiences d'aurores

pendant qu'éparse dans le carrellement des alentours
fraîchissait une orangeade ambrée
pour le vivier des silhouettes
et l'adolescence des solitudes





87/100


La cité d'or

à l'arrivée des chercheurs abusés
c'est la vastitude d'un oiseau
qui prend son essor

le battement des ailes
va l'époudrant

et toute la poussière dont il était couvert
surcroît un soleil fulminatoire





88/100


Le peintre apocalyptique

À mon sang
j'eus le pouvoir encore
de dérober le rouge
afin de peindre la dernière rose

Alors nous allâmes elle et moi
au confin du regard et du parfum
nous confondant dans une même marcescence
pendant qu'un dernier vent du sud
gorgé de ma toile fluide encore
glissait comme un jardin sur les ruines fumantes





89/100


aussi je consacrai
des journées entières
à parcourir les voiries
pour recueillir les étoiles foulées

et dans la modicité
de ma paume s'incurvant
ces denses orphelines des altitudes
savaient étancher leurs soifs





90/100


En brins
au long des sentiers accolés
qui débordent l'intervalle saisonnier
du côté des fraîcheurs

elle éparpille
ses réfléchissements
de paille


Je la vis aurifier le congé
lorsque son cercle enforesté s'avéra
garantissant des languissances synallagmatiques

et sa ligne se persuada
qu'elle redéfinirait cités et complexions

après une minute de liséré qui flavesce
l'érection cupide la hacha

comme l'a cherchée aux fins de refranchir
comme la pleure la créature décharmée !
qui ne peut même se repaître de sa pléthorique tige
et dont l'imminence hivernale
trahit l'haleine de gibier





91/100


à la pointe de mon bistre insomnieux
se perce et se dilacère
le vague fuligineux des masses émergentes

il en jaillit des corolles hiémales
qui arquent en roses un ciel
au-dessus de la cour
que viennent furtiver des gemmes de félins





92/100


Bassin

au-dessus de la sphère
que sanglent des fasces ajourées

en traces de turquoise
en reliquats d'aigue-marine
la symétrie des dauphins

porte

les arcades que filètent leurs paroles d'eau

à l'intersection solaire





93/100


À l'instant
d'un éveil encore
si complice du sens
cet effluve de frais aubier
de bois nouveau

contention à bâtir

la grâce se métamorphose
en la demeure enfin
et la digitale de rais
que la fenêtre parcimonieuse
concède
délinéamente les premiers gestes
avec les outils dorés par l'âge insoucieux


Mais les brusqueries des chairs
des voix accapareuses
les dialogues de l'aurore interstitielle
où ma part d'absence va s'étoffant

ont fait peur déjà
au dessein clair

Il me reste à me redresser
si légère
de l'évaporement de mes mains oniriques





94/100


Bouquetier

parmi les éclats les roses sparsiles
parce que la colère elle aussi
est candidate aux épures nocturnes

Toute l'eau versée sur le tapis
pour les noyades des sylphides
qui se fussent délivrées de la laine veloutée
et qui évasent la prunelle de bistre





95/100


Ombres et lumières improvisent
dans le canevas du vent
parmi l'imminence vespérale

y soupçonner
l'épisode le plus dense
de son histoire fugitive

profusion d'oiseaux et de fleurs
dévouée à l'embellie
la literie des malingres enclot la cour
pour sécher atemporelle

fenêtre magicienne
par le seul mystère de son ouverture
tout un feuillage réfléchi
habite le lilas de l'abat-jour

cheminée parmi le pastel du soir
et les rayons ultimes
échevellent sa placidité de sentinelle





96/100


L'alme ombre s'épanche polygone de hanteurs que transfixent

ou transfigurent certains moments de ses phantasmes

s'accotant deux ptérochimères orangent

et plient le bain de pâleur des oisellances éjointées et des obliques effuses

l'arc du balayage intermittent qui faucarde les orthogonales à peine le tranchement

l'ignorance du tiers sommet bleute





97/100


De-celare

à l'ocré solaire du parcours
fourvoyer la veine désormais
et parmi la pierraille acoquinée avec le bris
comme mémorial de la supplique et de la semaille
faire bruire sous un pas originel
le dernier crâne des couleurs qui dissimulèrent





98/100


De la pierre autrefois si pensante
ce corps d'ange paru
et parmi la mousse du gris jaune le temps
a gagné le regard des présences

échos de pluie
glaçant la cire des photophores
dans leurs entrelacs fusinés

serpentine théorie
des galets du trimard
lacuneux tracé des patiences minérales


Autour du disque de la table
pour toute géométrie qui n'y pèse
abîme soudain

hôtesse déjà de la fraîcheur
la gangue noire du vin
mais le geste manque au démon qui s'enfuit

sa chute désormais
confidente du bris coutumier

ubique et diaprée
la fenêtre-liqueur éclabousse le soir





99/100


Fugace

mouvant clair de trapèze
parmi le voilage

comme traverse arachnéenne
au zéphyr
une ombre oscille

mendieuse de l'intense
qui recolore et mutile les oiseaux





100/. . . . . . . .


Toi disparue et transmuée
en ces après-merveilles océanes
le poisson que laqua ta main florale
bleusombrait mes odyssées de faïence

entre les gestes
t'appartenant encore
s'insinua un soupir
où briser contrefit éclore

et ce regain de ville
à mon pas galactique
ce regard érosif
dans les flueurs de masques

les lignes de l'horizon
sont venues cercler l'aorte
puisqu'une coquille hébète mon ombre
quand briser épanche atteindre





101/. . . . . . . .


un aboiement
apeure la lucarne
et s'enfuient ses angles noirs

le cylindre en rinceaux safranés
s'étoile d'une nielle

une volute éperdue de fuligine
dévoie le rai premier

avec le pourpre effrangé du talisman
se coalise la tesselle du corbeau

même ineffable une ombre enfin
s'origine dans le sourire de verre

doctes jusqu'à la sympathie les angles
pour un orient de la lucarne
vont se réunissant en un aboiement clair





102/. . . . . . . .


l'évanouie des négoces
sa grâce célère
passant les centiares s'anonymisant

une tératologie de pervenche
ne sait croître en la roseur immaculée qui nuage

l'escale herbue
ne corrompt d'aucun grappillage
son cinétique gobelin de clair-obscur

la soif n'a pas d'empire
sur les réfléchissements scintillorhéiques

outre-ouranocardie la fortune des pas
à en étoiler l'agenouilloir
où perdre l'exigu des cueillaisons

à travers la limpidité du souffrir
promesse de la chair au retombé de la gaze
les pistils noient leurs clous dans la poussière anémophile
et le tremblé des feuilles graffigne le silence




103/. . . . . . . .


alors que le demi-trajet
précipite du pont
sa flexueuse mercuriale
hurlement
un enfant puise
à l'acéraine pointe
du fond de son linge en émoi

des notes noirement sur les vitres
aiguës leurs hampes

et s'y accrochent
des lambeaux de cinétique ville vieille

et s'y déchire
le minéral mué en basilique rouge

et tout le verre de mille étagements
avec leurs réflexions de lapis
brochées de foudres et de vols

dans l'oppressant répit qu'éternise
chaque intervalle où le souffle est repris
les linéaments d'un nocturne
jusqu'aux étouffoirs
fouaillent le palissandre du piano pusillanime





104/. . . . . . . .


encres de Chine
dans la nuit d'hiver
que dessinez-vous ?
 
encres de Chine
parsemées d'étoiles
que dessinez-vous ?
 
encres de Chine
poussées des terres de neige
que dessinez-vous ?
 
encres de Chine
sur la chanson du ruisseau
que me dites-vous ?
 
j'ai bu le vin
qui pesait dans mon baluchon
et faisait profondes
les empreintes de mes pas
 
encres de Chine
me laisserez-vous devenir
un trait de votre poème ?





105/. . . . . . . .


ta silhouette
esprit funambule
sur le premier fil de lumière

et ce soupèsement déjà
du sens verdoyé
où feuille l'éveil

mais nulle chute
ne le thésaurise
et l'obsessif abîme

sertit le péridot grandissant des aurores





106/. . . . . . . .


le ciel
comme une grande feuille
de vélin
qui neige
ses antiques fables
de cygnes
de lys
et de métamorphoses
sur le hameau rêveur





107/. . . . . . .


Fossile nival

où l'ombre
couvre la neige
c'est un sûr chemin

où la neige n'est pas atteinte
par l'ombre
mes pas s'enfoncent

exagération du clair
mes pupilles au supplice
je puis traverser
des champs
encore

où donc arriverai-je
lorsque toute la lumière
sera versée dans mon voyage ?





108/. . . . . . . .


Poète

J'y marchais soudain sans savoir
si j'avais bifurqué
J'y marchais sans peser
la séduction des délinquances
Il s'était fait cet interstice
pour distancer sans axiome
la soif du liquide érosif
qui change la coupe en soif

Parallèle à mon souffle
une musique infime
des voyelles des consonnes
mes empreintes sur la voie
que neige la retrouvaille





Extrait de « Partage de l'arc-en-ciel, L'abîme des anges, À la recherche de Mademoiselle LIN 林 美丽花, Pulsion du passage, Passiflore, Chambres imagières, Paysage de Marianne 黄龄, Thyrse, Fugiensuprema et ses soeurs musicales, Arabesques pour huit néologismes, Suicidable, Mers, Élévation, Traversante & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二, au coeur battant de l'été 夏天... Tous droits réservés