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vinze

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#242030 sans

Posté par vinze - 14 octobre 2013 - 05:47

Danseur sombre, perles secrète

Fleur d'amour en cage

Barreau de rosé volage

Brume matinale

Erreur boréale

Amour et haine

Effeuillent leur sommeil

 

Danseur sombre, perles secrètes

Cœur de pierre

fend les dandy verts

Fantômes sur la mer

Cocons d'ombres laminaires

Araignées aux toiles humides

Flots de baisers acides

Voiles en courant d'air

Mésanges tombées à terre




#240711 A ton théâtre, Antonin Artaud

Posté par vinze - 02 octobre 2013 - 09:57

A ton théâtre, Antonin Artaud

 

A ton théâtre total, Antonin Artaud

Au souffle court et chaud

des acteurs trempés de sueur

qui étreint le teint des spectateurs

 

Aux grains de poussière qui emplissent l'espace

Aux arènes circulaires qui nous enlacent

A l'incandescence translucide du silence

qui d'un mime cueille la transcendance

 

Costumes de lumières aveuglants

Gestes lents ou bien coupants

Victoire des timides didascalies

sur la récitation, aveugle amnésie

 

La langue n'est qu'une petite patrie

de cette scène qui brise ses murs

Un ingrédient, un révélateur, une envie

Un seul pas de par cœur, une danse de morsures

 

Théâtre, miroir ou onde trouble

Reflet clair ou plus obscur

Sans ces récitants qu'on double

sous des planches riches de fissures




#240237 agonie des empires

Posté par vinze - 28 septembre 2013 - 08:44

Agonie des empires

 

C'était après Iroshima

Après le départ des soldats

C'était après Nagasaki

et la guerre d'Algérie

 

On parlait d’événements

On camouflait la mort des enfants

Les gouvernements nous mentaient

L'honneur lui, s'envolait

 

C'était l'agonie des empires

qui crevait le silence des cieux

La larme molle de ces dieux

oscillants sévices de Sirs,

quand fondaient les bougies

d'une nuit infinie

 

Fabricants d'armes légaux

exécutant les séditieux au poteau

Assassinant le rêve des enfants

buvant leurs larmes de sang

 

Les indiens expiraient en Amérique

Le sang noir s'envolait de l'Afrique

Le napalm dévorait l'eau des rizières

devenues d'immenses cimetières

 

C'était l'agonie des empires

qui crevait le silence des cieux

La larme molle de ces dieux

oscillants sévices de Sirs,

quand fondaient les bougies

d'une nuit infinie

C'était le règne de Franco

Où était le rouge de nos drapeaux ?

Quel était le sens du coma

qui aveuglait nos combats ?

 

La vie est-elle pire

depuis la mort des empires

l'avènement de l'humain

le règne de l'incertain ?

Non, alors, mes éclats de rire

fendent ces ruines de cire

 




#240200 contrat

Posté par vinze - 27 septembre 2013 - 07:28

Contrat

 

Certaine, triste, terne, dilettante, sinistre, élégante, sibylline, tranchante, assassine, ou distrayante ? Non, sans nation, sans ambition, ni d'un corridor ou d'un mur le décor, sans page à noircir, sans cœur à vider, sans suicide à honorer, sans mort à ressusciter. La poésie n'est pas une orchidée d'ornement qui flétrit dans une véranda aveugle. Comme le vent, elle va et vient et nourrit son antre chaude des entremises ou des retraits d'étain du poète.

 

Aucun contrat ne l'aliène à qui que ce soit, à quoi que ce soit. Ni au lecteur, ni à la feuille blanchie de neige ou noircie d'averses cendrées. Le poète ne s'enchaîne pas à lui-même. Le pacte est mouvant. Sinon muets et tus, ses émois troublent les eaux saumâtres de son marécage. Il ne sait vraiment lui-même si sous ses coups de scalpel, les globules intoxiqués ou les reflets bleutés de la lune saigneront. Ses boyaux silencieux sont si longs qu'on pourrait descendre en apnée vers une pression impossible ou surpasser l'air exsangue d'oxygène qui enveloppe l'atmosphère. Pareilles à des pales d'asphyxie, la profondeur ou les hauteurs laminent les alvéoles de ses vers haletants. Ces envols violents décharnent le silence de son immobilité.

 

Le pacte est pareil à la durée du jour, à la couleur du ciel ou de la mer, à la forme des nuages et aux rires sonores des enfants sur les parois volatiles du vent. Ses limites sont des brindilles sèches piétinées sans se soucier du cri de ces bris de bois mort. Car tout pacte est un bois mort, vide de sève et d'avenir, allongé sur un lit d'humus qui l'invite à le rejoindre sur la butte des cadavres décomposés.

 

Des bois verts, s'échappe un liquide fiévreux qui danse avec les flammes incolores du poète sans brûler leurs ailes qui surplombent le vide. Les mots ne brûlent rien, ne cassent rien, ni brindille, ni bûche, ni branche, ni tronc. Ils plongent au fond des eaux noires ou plus claires des marécages quand le poète libère ses barreaux d'une aube brumeuse. Ils grimpent aux branches basses ou proches de la cimes de ces arbres aux racines gorgées d'une mangrove généreuse.

 

Jamais, les mots ne se lient dans une chaîne délétère qui a la puanteur des cimetières. Sur le dos des cimetières, poussent des écailles de marbre et les larmes d'un crocodile qui croquent le contrat unilatéral qu'est la vie.

 

Pour emmurer la mort, on l'envoie à l'aide de cercueils, de béton, de granit dans un pays qui n'existe pas. Les mots, eux ne s'enferment dans aucun tombeau, dusse-t-il être celui de divines danaïdes. Ivres et libres, livrés à l'incandescence d'un papier d'Arménie, ils parfument l'air des montagnes, de l'eau et de la terre. Filaments de fumée multicolores évadés de tout horizon humain.




#240191 lumière noire

Posté par vinze - 27 septembre 2013 - 07:08

Lumière noire

 

 

Hale noir, vagues blanches

Pavés plus sur les planches

perdues, combat sans acteur

émoi muet de candeur

 

Une muse mise en scène

lamine les aubes saines

égraine ses fleurs de sel

ses lèvres se trianglent isocèles

 

Océane, armée des ombres

désir, érigé des décombres

cœur qui bat la calanque

la douleur du manque

 

Théâtre de mirage

Abandon du rivage

frêle effroi du refus

morale mise à nu

 

Sois, reine noire

perle de hasard

diagonale d'un fou

horizon aux remous

 

Pièce sans avenir

rêve qui va mourir

Épine de l'insomnie

éclat rauque de nuit

 




#238948 tapis roulant

Posté par vinze - 15 septembre 2013 - 09:52

Tapis roulant

 

Tu cours et subitement, tu accélères

comme d'autres sortent leurs revolvers

Dans les côtes, tu lèves la pointe des pieds

comme d'autres dansent sous un ciel étoilé

 

En forme, tu files le long du torrent

le pas happé par un tapis persan

Foulant aux pieds cette furtive flamme

que tu laisses partir sans état d'âme

 

Elle, loin, partie sur un vrai tapis roulant

immobile, mis à part ses cheveux bruns

prison d'épis dans les tourbillons du vent

sur les cendres de tes yeux sans faim

 

Tu augmentas la taille de ta foulée

pour combler les écarts horripilants

les crevasses nées de silence inopinés

comblés d'un retour tambour battant

 

Mais l'escalier continuait d'avancer

Elle, ne bougeait pas, pareil aux statues

qui nous laisse froid, même dévêtues

Alors, tes pieds ont fini par remplacer

 

Les mots d'un amuseur simplement ému

par le silence d'un coureur déçu

qui aperçoit encore le tapis roulant

désormais vide et gris de ce corps absent

 




#238945 mots d'airain

Posté par vinze - 15 septembre 2013 - 09:48

Mots d'airain

 

Sur la feuille, les alexandrins

ont le poids lourd de l’airain

Sur tes lèvres rose pâle

Ils ont la légèreté des pétales

 

Une fleur sans épine se glisse

dans le délice de cet interstice

et laisse sa sève de rouge rosace

empourprer le teint clair de ma face

 

Les plumes lutinent d'un vol oral

quand l'encre sur le papier s'empale

Au loin, le vent souffle les lettres lues

quand la feuille, elle, capture les maux nus




#238689 nuit de naufrage

Posté par vinze - 13 septembre 2013 - 06:59

Nuit de naufrage

 

A la lune, mes nuits ne parlent pas

Ma muraille capte leurs clairs éclats

Loin de la contredanse des insomnies

dont les amarres sont en débris

 

Pourtant, mon cœur, lui bat fort

Dès cinq heures en direction du Nord

Mon corps se dresse vers la Manche

et coupe l'obscurité en fines tranches

d'une lame aux métaux d'aube claire

qui sur la mer lance ses reflets verts

 

Des lits encore assoupis, la nuit

détruit les draps de lin, seul abri

Sans embage, elle rejoint la plage

Témoin muet d'un émouvant naufrage

 

Celui du sommeil pris en flagrant-délit

d'exhiber à l'envie la rage de son vit

Écume des côtes aux bords déchiquetés

par les assauts de ses embruns crachotés




#234462 Cholet sort son mouchoir

Posté par vinze - 29 juillet 2013 - 09:07

L'enfant aux yeux hagards

 

Un enfant erre

Sans carte d'identité

Sans patrie sur ses papiers

Tzigane ou Rom de Roumanie

Seul, il trace son histoire,

sans reflet sur le miroir

 

La boue enferme son sillage

Qu'on nomme pourtant voyage

Au passé sali, à l'identité piétinée

Alors l'enfant erre, les yeux hagards

A la recherche d'une carte, d'un territoire

 

Sans la peau lisse des papiers, il prend peur

Face aux cerbères qui sans honte

Crachent le brun de l'horreur

sur les camps qu'on démonte

Les caravanes perméables et rouillées

Au corps si vite démembrées

 

La tôle hors d'usage est sans avantage

Pour les cités aux yeux chassieux

Qui ne connaissent que l'adage

Du bleu foncé, du brun fielleux

Alors, l' enfant aux yeux hagards

Pleure ses gouttes en silence

Sur la propreté de cette violence

 

Qu'adviendra-t-il du vent mauvais

Qui souffle et attise les braises

D'une histoire qu'on reconnaît

Comme les prémices d'un malaise

Qui cueille le soir les enfants aux yeux hagards ?

 

Comme dans un passé enterré

Certains protégèrent les cœurs étoilés

On planquera, on protégera

L'enfant qui erre les yeux hagards

Sans craindre la loi

Quand prime le désarroi, le sens du droit

Sur les papiers bien ordonnés

D'une France, putain bien maquillée

 

Aux portes des frontières au cœur de pierre

On ajoute des grilles empoisonnées de lierre

Qui refusent l'enfant aux yeux hagards

Français ou roumain ?

Né dans le royaume de nulle part

Qui pleure le soir l'amnésie de l'histoire

 

 

 

Alors, l''enfant aux yeux hagards

Erre sans carte, ni territoire

Il ne vole que de ses ailes

Nues de papier

Il ne boit que sa salive

Assoiffée de papier

Il pleure ses larmes

Sur un journal sans papier

L'amnésie d'un héritier

Roumain ou Français

Qui lui quelque part naît

 

 

 

 

 




#233153 élégie

Posté par vinze - 09 juillet 2013 - 08:38

L'élégie serait-elle la clef qui ferme les geôles

De ce pays auréolé de terres brûlées,

aux frontières mouvantes, aux cellules omniprésentes

aux chemins de ronce et au croissant de lune laminant?

 

Jamais l'obscurité n'éteint vraiment le jour

Et la complainte d'étranges troubadours

n'est plus l'écho des falaises romantiques

Là ou de solides rochers périssaient rongés

par la mine de sel des poètes maudits

 

La souffrance n'est plus celle de la guerre,

de la famine, de la peste, du scorbut ou de la gangrène

Alors on brode, on invente des cordes de pendu,

des amours perdus, des maîtresses dissolues,

des blessures de soldat sans combat.

 

Le bonheur fait horreur aux plumes

qui ne veulent que sang empoisonné,

vies brisées et larmes en poignards

chairs pourries ou peur de l'étranger

 

Le chaos vous manquerait-il

Pour qu'élégie ainsi triomphe

de ses cornes de cerf en rut

Quand les flammes d'un feu de joie

Montent trop haut dans votre cheminée ?




#232545 toile de soleil

Posté par vinze - 01 juillet 2013 - 02:59

Toile de soleil

Le soleil tisse sa toile sur ma peau

Il y dépose les brûlures de ses braises

Lançant le feu forgé de ses couteaux

qui effleure au passage la crête des falaises

 

Ses lames se défilent de son fuseau

comme des cordes sans chapiteau

Le printemps qui fut hémophile

s'agace de ces croisillons de gril

 

Il dépose alors une brume de mer

Qui voile les rêves d'Homer

tel un bouclier de mauvaise foi

Qui  jamais ne sera roi

 

Mais les piques assassines

de l'astre qui se penche malicieux

transpercent et dessinent

un tatouage douloureux

Sur les parois de mon nez

aux arêtes de mont pelé

 

Jamais, nul ne les possède

Ces airs qui se succèdent

et osent d'irrégulières chansons

entendues au bal des saisons




#232457 solitude 3

Posté par vinze - 30 juin 2013 - 09:57

C'est le cheveu d'argent qui cause avec la calvitie ou raille les teintures des armées coloriées

 

C'est un wagon de nuit qui transperce les champs et se gave d'épis,

une locomotive qui s'amuse avec le silence qui luit,

une pépite de bauxite qui dupe le charbon et chatouille les fumées blanches.

 

C'est le mouton noir des leaders syndicaux,

le bulletin de vote de la liberté,

une transhumance à reculons,

effectuée à cloche-pied, à rebrousse-poil,

pour éviter le bêlement des agneaux

 

C'est la dernière bouteille de Bonnezeaux qui se bonifie des ombrelles de l'oubli

 

C'est un voilier qui tangue sans port à l'horizon, les amarres rongés par un grain de sel égaré.

 

C'est un tabouret de cuisine qui attend la musique du cuisinier

 

C'est d'une échelle, le barreau qui guide les pas vers les ardoises d'un ciel dégrisé.

 

C'est une poche trouée qui dans le dernier métro se moque des pickpockets

 

C'est un clown qui se passe de nez rouge pour faire rêver les grands

 

C'est un vélo de cirque à l'unique roue qui tourne, un chapiteau vide rendu à monsieur Loyal, une cravache qui fouette la sciure quittée par les lions.

 

C'est la bouée de sauvetage lancé au rescapé quand le troupeau s'est noyé

 




#232454 solitude 2

Posté par vinze - 30 juin 2013 - 09:39

On débarrasse ses rideaux

des tissus de l'ennui,

cet inconnu qu'on taille en pièce

sans l'absolution des couturiers

 

 

On étire ensuite ses parenthèses

comme les créneaux de dentelle

d'un fort intérieur qui chancelle,

Puis on nourrit le ventre de ces demoiselles

désireuses des courbes d'une clef




#232453 démocratie défunte

Posté par vinze - 30 juin 2013 - 09:16

@ Thomas : j'adhère à ce qui suit. J'écris  pour m'amuser, m'exprimer bien plus que pour chatouiller la beauté littéraire. Mais au final, il est parfois aisé de déstabiliser les puissants qui ne s'encombrent même plus d'arguments puisqu'ils ont le pouvoir et la prétendue légitimité.

 

Tout le récit de la vie d'Ésope est parcouru par la thématique du rire, de la bonne blague au moyen de laquelle le faible, l'exploité, prend le dessus sur les maîtres, les puissants. En ce sens, Ésope est un précurseur de l'anti-héros, laid, méprisé, sans pouvoir initial, mais qui parvient à se tirer d'affaire par son habileté à déchiffrer les énigmes.

En raison du nombre de fables que cette légende comprenait, celles-ci ont dès lors pu commencer à circuler de façon autonome, à la façon de bons mots qu'on se racontait. Par la suite, des fables antérieures auraient été ré-attribuées à cette source, qui jouait le rôle d'un recueil. Il faut ajouter que, le grec ne possédant pas de terme spécifique pour désigner la fable, le nom d'Ésope a servi de catalyseur, et ce d'autant plus facilement que toute science, toute technique, tout genre littéraire devait chez eux être rattaché à un « inventeur ». Ainsi s'explique, en partie, qu'Ésope soit si vite devenu la figure emblématique de la fable.

Le premier recueil de Fables est dû à Démétrios de Phalère vers 325 av. J.-C.. Le recueil original est perdu. Le recueil que connaissait La Fontaine comprenait 127 fables.

Les fables d'Ésope étaient écrites en prose et sans prétention littéraire. Cela fit dire à Hegel : « La prose commence dans la bouche d'un esclave ; aussi le genre tout entier est prosaïque ». Les fables d'Ésope furent reprises et traduites en latin par Phèdre. Babrias en produisit de nouvelles (IIe siècle av. J.-C.).




#232429 démocratie défunte

Posté par vinze - 29 juin 2013 - 07:05

Merci à toi Thomas ! Ton enthousiasme fait plaisir à voir. La poésie n'est pas tract militant même si les idées personnelles transpirent. D'autres n'adhéreront pas, ils auront bien le droit.  Je cherche un peu l'esprit d'Esope et de ces fables qui essayent de démontrer que la morale est souvent loin du côté estimé comme fréquentable. Néanmoins, je ne donne pas un blanc seing à la Turquie, loin s'en faut, mais je revendique  un droit d'expression identique à tout terrien quel qu'il soit !