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Alan Bathurst

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Hors-ligne Dernière activité : déc. 11 2017 07:20

#341375 Voir

Posté par Alan Bathurst - 06 décembre 2017 - 11:01

Voir 
c’est ne pas voir 
si tu voyais 
tout ce que tu vois 
tu serais aveugle




#256557 Yll

Posté par Alan Bathurst - 13 mars 2014 - 08:40

Heures de gloire ô sépulture

poissons qui sentez la friture

marchez devant je vous suivrai

je prendrai le temps dêtre vrai

pour semer enfin limposture

sur ma route toujours future




#256097 Charcuterie T

Posté par Alan Bathurst - 07 mars 2014 - 02:56

Toute forme est un asile du temps

le temps est un grand charcutier

ou un petit apiculteur

 

 

 




#256096 Saucisse

Posté par Alan Bathurst - 07 mars 2014 - 02:54

J’ai cessé tout commerce avec moi-même

je ne me parle plus

à la troisième personne du singulier à l’imparfait

ou au futur

qu’est-ce qu’il lui fallait

qu’est-ce que ce sera

mais à la première du pluriel et au parfait

qu’avons-nous fait de ma jeunesse

c’est là disent d’aucuns

que commence le commerce

équitable

et puis quoi encore

l’équité ça nous est bien égal

 

 

 




#253229 Oubliette

Posté par Alan Bathurst - 14 février 2014 - 11:34

Autrefois on lui reprochait

d’avoir des choses

une vision floue

quand il voyait précisément

le flou des choses

aujourd’hui

avec pour lentilles

ses larmes ou les vôtres

il scrute le néant

où se glisse tantôt

souveraine

une lame de soleil

 




#253019 B A-BA

Posté par Alan Bathurst - 13 février 2014 - 06:40

à un poète anonyme

 

Vous qui passez

devant ce mur

sourd à mon chant

gravez-y fort

que je l’entende

entre deux plaintes

votre réponse

creusez la brique

d’un ongle dur

inscrivez-y

je vous en prie

votre méthode

fût-ce un début

le b a -ba

fût-ce au-delà

de mes possibles

hors de portée

de ma jugeote

votre secret

pour vous trouver

du bon côté

 

 




#253017 Anonyme

Posté par Alan Bathurst - 13 février 2014 - 06:31

Interpellatif, moments-hors, vos mots sonnent juste, comme ce poème qui me cause une violente émotion. Peu de poètes en 1913 avaient renoncé à la ponctuation, dont l'absence ici me paraît une forme de libération. Le traitement de la rime est aussi très libre, tandis que la mesure est strictement respectée (avec deux diérèses dans aliénation!); c'est fou quand on pense... J'ignore évidemment si l'auteur (un homme, semble-t-il) était poète avant son internement, mais il l'est ici, à mon avis.

Merci à vous pour votre accueil.




#252167 Le cœur de la nuit

Posté par Alan Bathurst - 05 février 2014 - 11:41

Je lis surtout la nuit

Certes

je la transporte avec moi

et c’est toujours la nuit quelque part

mais son cœur bat

humainement

écoute

 

 Voilà pourquoi je lis la nuit

 pour mieux économiser les lampes

et surtout

pour mieux entendre avec toi

battre ton cœur

 

 

 




#251930 Mythe

Posté par Alan Bathurst - 04 février 2014 - 05:50

D’où viens-je

de ce côté je crois

ou de cet autre

pas sûr

et avant

je ne sais pas

je me suis encore perdu

je croyais reconnaître certains signes

erreur

pourtant ce sont bien là mes empreintes

mais si étranges

ça y est j’y suis

ça pour y être

pas étonnant que je n’aie pas encore rencontré

mon adversaire

c’est moi

 

 

 




#251928 Leur théorie du mauvais genre...

Posté par Alan Bathurst - 04 février 2014 - 05:30

Vous êtes inquiété? Vous ne communiquez pas librement? Vous êtes censuré? Vous faites tout pour l'être? Vous avez le goût du martyre? Du martinet?




#251663 Voir

Posté par Alan Bathurst - 01 février 2014 - 03:31

Comment faites-vous ? Question récurrente. La dernière fois qu’on me l’a posée, c’était à propos d’un texte que j’avais écrit d’après une photo de Florence White.

 
Florence White est une photographe de grand talent, discrète cependant, de cette discrétion qui révèle une science accomplie de la bonne distance. Avec elle, ce n’est pas l’art qui se fait morale – quelle horreur ! –, c’est la morale qui se transcende en art.
 
Elle publie ses photos sur un blog dédié à la région où elle vit, qu’elle aime, et qu’elle célèbre dans ses images et dans les textes qu’elle leur adjoint, empruntés à des auteurs creusois ou non, textes déjà existants ou spécialement composés pour cette publication.
 
De temps en temps, je lui envoie ainsi quelques vers que m’a inspirés telle ou telle de ses œuvres.
 
Comme chaque fois, il s’est trouvé dernièrement quelqu’un pour s’étonner : comment faites-vous pour écrire sur une photo que vous ne voyez pas ?
 
La question est légitime, et j’y réponds toujours. Si je note aujourd’hui cette réponse et la publie, ce n’est pas pour couper court aux questions. Ce n’est ni agacement, ni suffisance. Je veux plutôt, tout en rendant publiquement hommage à Florence White, remercier mes questionneurs de m’avoir aidé à comprendre un processus qui me concerne de très près mais pas moi seulement, à mon avis, ni même la communauté des aveugles, sur laquelle j’aurais beaucoup à dire, surtout maintenant que j’en fais partie.
 
Maintenant que : indice ; ce que montrent les photos de Florence White, je peux me le représenter ; je peux même me représenter ses photos.
 
Et puis je corresponds avec un ami commun à Florence et à moi ; c’est du reste par son intermédiaire que nous nous sommes connus (je le soupçonne d’avoir arrangé cette rencontre ; mais je respecte trop notre intimité pour le lui dire, et de toute façon je lui suis reconnaissant de cette initiative).
 
Quand Florence publie une nouvelle photo (qu’elle accompagne d’un bref commentaire), je demande à cet ami de me la décrire. Il se prête complaisamment à l’exercice. La seule règle qu’il doive respecter est celle de l’objectivité : se garder de tout jugement de valeur. Il m’arrive de l’arrêter au bout de quinze secondes. Je vois, lui dis-je. Il arrive aussi (rarement) que je ne voie pas du tout, malgré ses efforts. Je renonce alors, et c’est pour lui le signal qu’il peut se répandre en éloges sur une photo qui, je m’en aperçois trop tard, aurait dû m’inspirer. Mais, délicat comme il est, il ne me reproche jamais mon manque d’imagination, pas plus que je ne l’accuse de n’avoir pas su me rendre visible l’invisible.
 
Ce qui est sûr, c’est que la photographie telle que la pratique Florence White a exactement cette vertu ; celle de rendre visible l’invisible. Oh ! je sais ; la formule est banale ; mais je ne suis pas à une de ces banalités près. L’important est que cela soit vrai. Devenez aveugle à la quarantaine, et vous verrez que vous voyez mieux certaines choses, que vous les ayez déjà vues ou non. Je connais par exemple le visage de l’amitié ; il est probablement un composé d’images déjà vues. Mais je n’y avais jamais prêté attention, alors que maintenant il orne ma vie intérieure, présent partout et changeant toujours, le même pourtant.
 
Florence White m’a dit un jour à propos d’un de mes textes de circonstance qu’il l’aidait à voir sa photo. Je ne pouvais rêver plus beau compliment. Je n’en tire aucune fierté, seulement la joie d’avoir une telle amie. Et la certitude qu’en effet, voir n’est rien si ce voir ne peut être partagé.
 
Un voir qui se mue instantanément en mémoire.
 
Et il en va ainsi de toute sensation.
 
Ce défi, à mon avis, fonde l’humanité. Aveugle ou pas, aveugle à quelque degré que ce soit, esclave, ermite ou despote, l’homme est homme en tant qu’il doit partager cette émotion : vivre.
 
De là procède peut-être le langage.
 
 

Les photos de Florence White sont ici.




#251549 Une chance

Posté par Alan Bathurst - 31 janvier 2014 - 12:13

Il paraît moins lointain quand le but est visible

une chance

pour l’horizon

 

 

 




#251164 Le vin mauvais

Posté par Alan Bathurst - 26 janvier 2014 - 01:54

Merci pour ton commentaire, Cyraknow. Ou Syrah-know? Cela m'amusait de composer un poème visuel (je n'ose parler de calligramme; un pictoème, peut-être? Pas un piqueton-ème, de préférence!).

Mais je maintiens: si je peux choisir le vin, même à de mauvais buveurs j'aime mieux servir du bon, ne serait-ce que parce que je boirai le même. Inversement (quelle langue malicieuse que le français), au bon public je ne m'abaisse pas à donner ce que je crois mauvais. On pourrait m'accuser de gaspillage, je m'en fous. Faire confiance, au risque d'être trompés, nous grandit; mépriser nous rabaisse. Cette confiance-là n'a rien à voir avec la crédulité. Avec la naïveté? Un peu, sûrement. Mais j'assume! A ta santé, Soeuraknow!




#250973 Série + gun

Posté par Alan Bathurst - 23 janvier 2014 - 01:14

à s.

 

Seringue

sur neige

surgie ne

singe ure.

Négus rie,

nie grues ;

igné (ruse !

– une grise),

su ingéré,

gin se rue

sur génie !

 

 




#250436 Le vin mauvais

Posté par Alan Bathurst - 16 janvier 2014 - 01:57

Avoir le vin

mauvais

avoir le

bon vin

mauvais

avoir le vin bon

avoir le mauvais vin bon

à ceux qui ont le vin mauvais

faut-il servir du mauvais vin

ce n’est pas mon habitude

quand je bois avec eux