crissiant

Flopée d'auto-promus poètes,
Chacun son nombril avançant,
Chacun son confrère ignorant...
S'ils lisaient au moins les vieux maîtres,

Non : ils ne veulent rien connaître,
Ni cet amour qu’ils vont bramant
(Tous sont d’exécrables zamants),
Sinon la gloire dans les lettres...

Chacun pour soi s’autoédite,
Chat qu’un pourceau (ah !) saute, ô Édith...
Qui dira les torts de la rime...

- Bon, je retourne à ma cuisine...

« Les mass-média appartiennent à ceux qui eurent de la cocaïne dans leur biberon : toi tu es trop vieux. »

(Thomas Bedos, retraduit du breton)

Aucune nièce Lou
aucun fils Nicolas
aucun héritage

qu’un tiers de corps de ferme
convoité des ronces.

J’ai cru rencontré ma sœur encor un coup
mêmes cheveux même couleur d’yeux
et surtout même air sérieux
– bien trop sérieux, pauvre sœur ! –
et même regard désolé en direction du pauvre frangin
(mais ce n’est pas si grave cette fois
sœur biologique celle-ci ne m’est pas)

Moi et ma sœur
aussi perdus l’un que l’autre
et perdus de même façon
et croyant aussi ferme l’une que l’autre
avoir trouvé la bonne route, sûr !
– mais cela n’a jamais été la même du tout

Qu’en dis-tu ami lecteur
toi qui sais tant de choses ?

 

Mes amis m’ont dit de décorer ma vie. J’ai promis. Et on m’a vu me faisant photographier dans des galeries de papiers peints. Avec mon air triste, mon air niais. Mon air de tout. Mon air déprimé.

 
Je lutte contre mon sort, lutte qui finira en mise à mort. Je combats mon destin, combat avec fin. Me suicide à petit feu. Je triche au jeu de la vie bicause, mauvaises cartes en rentrée. Toujours eu les mauvaises cartes. Les jours où je ne me contrôle plus, je déchire les cartes que je ne veux plus jouer. Avant de jeter mes derniers as aux atouts j’y mets le feu.

 
Nombre de gens n’apprécient pas cet agressif comportement. ‘Z ont l’habitude de voir les faibles plus soumis. Même mes amis, qui maintenant me prient d’au minimum décorer ma vie.

 
Et j’arrache aux cyprès leurs chrysanthèmes en plastique et je m’en fais les cigares de l’esprit libre, libre partout sauf en son propre corps.
 

(Benjarmasin, 7 novembre 1988)

L’homme seul dans sa tête
a été aperçu hier au soir
près d’aller avec le vent
 

Depuis le temps que sur cette terre
ce que j’ai pu y faire de mal
Toutes les coupes que j’ai brisées
à serrer la peur qu’elles ne tombent
Tant de gestes ratés
d’aller trop vite pour personne gêner

Depuis longtemps que devant vos yeux
ce que j’ai pu y gâcher de larmes
Point ne m’en veuillez ni ne me damnez
rien n’ai fait qui fût de ma volonté
Pardonnez l’aveugle aux doigts qui tremblent
il ne voit pas bien ce qu’il faudrait dire…
 

Manille, 2 octobre 1988