La chouette
Deux yeux ronds dans la nuit, à l’orée d’un vieux bois,
Veilleront cette nuit sur tous les gens qui dorment.
Du moment délicat où le songe prend forme
Jusqu’aux pâles lueurs d’un soleil encore froid.
La sagesse gagnée au contact éclairé
Qu’offrit à sa lignée l’épaule de Minerve
Encore cette nuit, posera sans réserve
Une unique question dans mon rêve éthéré.
Où vas-tu petit homme, où cherches-tu conseil ?
Dans quel lieu insensé ton âme endolorie
Reçoit-elle ce soir la soyeuse euphorie
Que brode l’inconscient à l’envers du sommeil ?
Puis son vol silencieux effleurera l’étang
Caressant par endroits sa paisible surface.
Elle y déposera les mystères fugaces
Que grave l’encyclie sur le vélin du temps.
Et quand l’onde atténuée, aux rives du matin
Glissera pour mourir, elle aura par malice
Effacé doucement l’onirique édifice
Tissé à l’écheveau d’un récit incertain.