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jim

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Publications sur Toute La Poésie

Jardin punk

aujourd'hui, 03:55

JARDIN PUNK.

 

Hé oui! Hé oui!

 

Il faut s’y faire,

voyez-vous,

notre avis interne,

nos considérations oiseuses ou non ne sont pas requis ici.

 

Oui,

au final,

au fil d‘un pas puis de l’autre,

cheminant par tous les temps,

en planche à voile rutilante

ou dans un 4X4 crotté de désillusions faisandées,

je suis arrivé à l’âge de fréquenter encore plus assidûment,

les bancs ombragés,

si possible en bois brut bien buriné par les ans,

de la fin d’après-midi ensoleillée,

là où j’en croise,

après un apéro à la gentiane ponctué de carrés de Tomme

suivi d’un repas léger

du genre pizza speck-Reblochon au lait cru-vraies olives noires

avec beaucoup de basilic croquant,

tout droit cueilli du potager de qui m’accueille,

ajouté à la sortie du four à bois lors du dépôt dans l’assiette

avant un arrosage vaporeux d’huile vierge non pimentée

accompagné d’un pichet de rosé bio bien frais,

pas glacial, juste bien frais,

suivi d’un sorbet aux myrtilles sauvages

vigoureusement nimbé de génépi artisanal.

 

Pas de café, merci.

Mais si vous avez de l’infusion de verveine,

je suis preneur...

 

Oui, voici arrivé l’âge béni d’écouter s’écouler

le lent mantra des clapotis de sources

dansant entre les cailloux verdis de cheveux habiles,

un cahier et un crayon à portée de main:

on ne sait jamais une muse pourrait surgir

d’entre les chèvrefeuilles en fleurs

et, telle une bouche invisible,

venir murmurer des vers à mon oreille,

on va dire à l’insu de mon plein gré.

 

Oui, la bienvenue au temps prospère

de respirer les fragrances évocatrices

 

des pinèdes après l’averse

alors que la terre expire des volutes ouvragées

d’arabesques androgynes,

tout comme à celui de rêver en regardant les nuages

ou un écureuil se promener au pied des bocages replantés.

 

Jadis,

je n’en disconviens pas,

lorsque l’occasion se présentait,

remerciant Jack Kerouac, Kenneth White

de m’avoir littérairement initié,

j’ai toujours pratiqué avec un ravissement non dissimulé

les simples bonheurs champêtres révélateurs et édifiants

éclairant durablement le cheminement hirsute désarticulé

évoqué plus haut.

 

Voyez-vous, braves gens,

jeune coq imbu, je pensais être détendu,

cool total,

roi du relax placide en zone rurale non hostile.

 

Que nenni!

 

En fait, j’avais tort,

je supputais juste crânement être aware

mais il s’agissait de pure spéculations.

 

Il me restait, de manière non-dite, beaucoup à apprendre,

encore plus à percevoir,

mais bon, je ne vais pas vous faire l’affront

de vous vendre à crédit du Gabin relooké

façon fin de soirée au comptoir d’un bar

à blues lacrymal bien gras,

un vendredi de giboulées cloaqueuses

où même les pavés rincés sont las, mégas las,

d’essayer de flanquer les pochetrons dans le caniveau

en leur murmurant:

« Débrouillez-vous, les glaireux,

les abonnés de la déroute,

les aficionados du dézinguage mental nocturne.

Nous avons essuyé assez de larmes caustiques,

de godets renversés,

de sang de réprimés.

Zapping sur pause!

Bas les armes!

Démerdez-vous, les glauques!»

 

Zooouuuuuu!

 

Même si nous le concevons cahin-caha,

nous allons juste convenir du fait que le temps a passé,

que, mesquines mais pas trop,

les années sont devenues décennies,

avant de retourner zoner sur un banc croisé au hasard

après un bon repas en terrasse entourée de crêtes enjôleuses,

où sinuent de discrets sentiers tracés

par les vers luisants et les lucioles

les soirs cristallins de pluies d’étoiles filantes.

Puis bon, allez savoir,

Merlin y est peut-être pour quelque chose.

Allez savoir…

Allez savoir…

Avec Merlin, Rambo, Mélusine, Morgane, les Schtroumpfs,

la Dame Blanche, la Vouivre, un pompier forestier retraité,

Idéfix à la recherche de champignons psychédéliques,

sans oublier la caravane publicitaire du Tour de France,

Pocahontas, Alain Voulzy et Laurent Souchon musardant alentours,

qui peut être sûr d’être certain d’être convaincu

de quoi que ce soit de judicieusement irréfutable

sans avoir été influencé

de manière consciente ou non?

 

Il fait chaud, hein?

Normal, vu la saison et l’heure.

Pas besoin d’allumer le barbecue,

on peut cuisiner sur le capot

même si le moteur n’a pas tourné.

 

Ne faites pas les bigotes,

Les timides ou les contrits.

Approchez.

Approchez..

 

Allez venez, que je vous fasse une petite place

dans ce jardin punk qu’est mon cerveau acidulé,

toujours un peu niais, je vous rassure,

on ne se refait pas, à part un peu,

et souvent plus par hasard que par vigilances.

 

Venez poser vos reliques osseuses à mes côtés

sur ce banc accueillant,

solide, stable, convivial, dévoué,

comme déposé là à notre intention

par des elfes bienveillants et discrets

vite repartis à l’ombre de leur habitat coutumier.

 

Venez.

 

Arrivez.

 

Veeeeeeeeenez.

 

Pas de chichis entre nous.

C’est comme à la maison,

comme sous un pont de chemin de fer

protecteur lors d’un orage forcené,

comme sous les astres dévoilés

une nuit d’étape de randonnée

quand après douze heures de marche,

on peut enfin se poser pour ouvrir une boite de sardines,

la dévorer sauvagement,

avant de se glisser dans le sac de couchage

pour s’endormir rassasié en regardant les étoiles.

 

Et qui sait

si dans quelques heures,

à l’aube,

un chat en ribaude ne viendra pas se poser sur votre poitrine

en vous regardant droit dans les yeux

lorsque vous les ouvrirez?

 

Cela arrive,

je l’ai vécu,

vrai de vrai,

alors que je cuvais quelques litres de Rodenbach à la grenadine,

bien au calme dans des dunes,

après un festival de rock sans pluie ni ange balnéaire.

Souvenir magnifique, voire magique!

 

Bref, tout est possible.

Tout est possible!

C’est ça qui fait vibrer la vie,

qui génère les bonnes vibes,

les pensées célestes,

les bons petits plats mijotés avec passion:

manifestez votre bonheur par de fervents applaudissements,

accueillez à bras ouverts l’expérimentation des possibles,

l’insatiable besoin de les fréquenter avidement,

d’en reluquer les multiples facettes aléatoires,

discrètes ou non,

de s’en repaître.

Redevenez enfants se roulant dans la neige,

flibustiers de ruisseau,

explorateurs de branches d’arbres,

Petits Princes ou Princesses

batifolant dans les éboulis

 

en chantant gaillardement

afin de chasser les dragons légendaires

et les gorgones analphabètes égarées

faute de carte IGN adéquate.

 

De cartes!

De cartes en papier!

En papier!

 

Oui, oui, ooouuuiiiii, ça existe.

C’est bien mieux qu’un GPS

si l’on sort des sentiers battus,

des allées en gravier,

des sentiers asphaltées,

des landes loties

volées aux autochtones,

des estrans dévoyés,

si l’on laisse les serpillières à la maison

pour cavaler vers les puissances à honorer

dans un paganisme éruptif complet,

global mais férocement non globalisé.

 

Mais d’abord une petite pause,

si vous le voulez bien.

 

Tenez, voici une pelle de plage presque neuve,

quelques formes en plastique,

de quoi fabriquer des fleurs en papier

à vendre aux pèlerins des sources taries,

un tube de protection solaire,

des bobs Ricard délavés mais sans poux.

 

Là, vous voyez quoi?

Du sable?

Oui! Du sable.

Zou!

Filez vous amuser un peu!

Nous papoterons ensuite.

 

Allez vous changer les neurones,

le temps que je digère.

Ou alors, optez pour une sieste.

Mais à la nippone, hein!

Pas plus de dix minutes.

Compris?

Que je relise ce texte

qui n’est pas vraiment de la poésie.

 

Comment ils disent les Ricains?

 

Speaking ou spoken machin, je ne sais plus quoi.

Je m’en fous

comme psalmodierait Jacques,

un presque voisin…

 

Voilà, c’est fait.

 

Bon,

j’en étais où?

 

À rêvasser comme d’hab,

pêle-mêle

à remplir des feuilles sans ordre,

à semer des mots hors-réseaux,

bref à arroser mon jardin punk intime,

à le partager avec une fière fiévreuse humilité,

car, on ne sait jamais,

sur un malentendu peut-être,

il pourrait sauter les murs

et paf,

enfanter des émules par chez vous.

 

À moi

08 mars 2025 - 12:43

À moi
 
Un pas un jour, un autre le suivant; disait-il
Toujours étonné par le chatoiement de la poussière soulevée
Par ce vent récurrent dont il avait encore oublié le nom.
 
Seul lui restait ce goût amer et métallique
Que ses lèvres avaient dessiné sur ces corps fantômes
Uniquement incarnés par les serres acérées d’Éole.
 
À ses yeux, les larmes avaient séché, figeant sa mémoire funeste
En un entrelacement poisseux de figures de style patibulaires
Que sa mâchoire rouillée croyait encore pouvoir articuler.
 
Mais peut-être n'était ce que la frigide vanité redondante
De l’expression balbutiante de ses croyances morts nées
Lentement transformées en venins désuets.
 
Nadège Laforest/jim
06/03/2025

 

La fête au gel.

03 janvier 2025 - 05:54

LA FÊTE AU GEL.

 

Le gel

parole précieuse

assomme la prairie

 

seules des traces invisibles

reniflées par le chien

rappellent le gibier frileusement replié

dans quelque discrète tanière

tapie au fond des bois squelettiques

 

sur la terre meuble des champs

devenue roche acérée

les pas attaquent

font mal

 

le nez émet un constant

lent ruissellement tiède et salé

les oreilles piquent à souhait

les mains repliées sous les gants

aux confins de poches profondes

s’interrogent en vain sur l’utilité

de toutes ces agressions peu coutumières

 

mais le chien

à la queue rapide tourbillon euphorique

éprouve un réel plaisir

à saillir cet espace déserté de tout

et bondissant de maigre touffe

en maigre touffe

glissant sur les mares figées

flairant toujours

revenant en arrière

puis s’élançant à nouveau

s’exalte

de la frétillante chorégraphie canine

qu’il crée pour nos plaisirs jumeaux

 

d’une candeur incertaine

basse sur l’horizon

un soleil suspect remodèle l’horizon

lui offrant des aspects singuliers

riches en symboles

personnalisables à profusion

en souvenirs pas toujours authentiques

mais bienvenus

qui immanquablement

reconduisent

aux rêveries feutrées de l’enfance

comme un doux fumet

dispersé dans la forêt

guide le pèlerin égaré par la brume

vers l’apaisant réconfort

d’un feu ouvert bienveillant

serti d’une soupe compacte régénératrice

 

et lorsque l’après-midi s’épaissit

que la marche devient plus confuse

du fond de ce gel

dix mille siècles se confient

 

oui

quand le sable glisse en chantant

sur le verglas des chemins défoncés

 

des voix essoufflées nous convient

à partager leurs secrets

 

alors quelle joie

une fois rentrés à la maison

que de les retranscrire

afin que plus jamais elles ne se perdent…

Envol de cigognes sur fond de neige...

24 décembre 2024 - 10:21

ENVOL DE CIGOGNES SUR FOND DE NEIGE.
 
C’est pas facile de taire ses mots,
C’est pas criant de se le dire,
Difficile de garder le sourire
Face aux mensonges du monde.
 
Difficile d’ignorer les rumeurs
Donnant des pincements au cœur,
Dérisoire de fermer les yeux
Si juste né on se devine déjà vieux…
 
Combler quelques vides,
Se forger de nouvelles rides,
Cela aide à poursuivre
L’écriture du grand livre.
 
Mais devoir garder le silence
Lorsque les sens vous emportent
Me semble la pire souffrance,
La plus sinistre porte.
 
Je suis le passeur complice
De ce que mes yeux ont monté,
J’évite les amas sinistres
De bedeaux consternés…
 
La route conduira à la mer,
L’oiseau s’inspire du vent,
Mais le fruit qui échappe à l’hiver
Mourra sans doute au printemps…
 
Des doigts tordus de vieillards
Sculptent des œuvres d’art,
Des doigts tremblants au-dessus d’un piano
Arrachant d’apaisants sanglots,
 
Tout est dans tout même si le reste
D’un obséquieux complexe
Retourne et puis jette la veste,
L’évidence demeure affaire de sexe.
 
Des consciences fourbues, des francs regards
S’enchevêtrant loin des statues,
Voilà ce qui nourrit mon espoir
Qu’enfin cette société mue…
 
Loin des étals de faux-semblants,
Loin des fripouilles, loin des gluants,
Que quelques rêveurs aux sens lucides
Fleurissent sur les chimères arides…
 
jean-marc

La brûlure du sel. (remix 2024)

09 décembre 2024 - 12:51

LA BRÛLURE DU SEL. (remix 2024)
 
Après avoir exploré l'éventail des sensations troubles,
reste-t-il encore l'envie d'affronter
la chaude euphorie des couleurs?
 
Après avoir transpiré dans l'épaisseur des bruits confus,
pouvons-nous retrouver l'insomnie du plongeon
vers la douceur du cœur?
 
Dites-moi, cela peut paraître facile
mais savez-vous où se baigne
la fronde sachant désamorcer la mosaïque
des pensées tourmentées?
 
Lorsque la pénombre a dévoilé tous ses secrets,
nulle contorsion ne s'avère assez subtile
pour repousser les vagues reptiles,
ces mousses sur les salives acides
s'enroulant autour des poignets tailladés
pillant le voyant passionné.
 
Rongées par le sel,
les chaînes d'intensité gémissent à se rompre.
 
L'ancre des navires respire bien avant que la marée ne se retire.
 
L'esprit des navires chavire si l'eau retient leurs soupirs.
 
Le désir des navires conspire.
 
Jongler.
 
Jongler sans effort.
 
Sans effort jongler avec la mort.
 
La jouissance mitigée des navires m'inspire.
 
Tant d'heures d'heurts tendeurs viennent à moi,
pâle du hâle du temps.
 
Duel doutant.
 
Bouter la détresse loin des douleurs
tresse un masque ricanant,
une compresse qu'on presse
pour se gaver encore un instant
de la fraicheur d'une langueur si gracile.
 
Retenir.
 
Parvenir à retenir la voile du voile,
la voix de la voie
tandis que sous les augures aigres et durs,
ma délivrance compte les blessures…
 
jim