Aller au contenu

jim

Inscrit(e) : 12 avril 2014
Hors-ligne Dernière activité : mars 25 2024 09:15

Publications sur Toute La Poésie

Le blues électropunk du canal 30.

23 mars 2024 - 10:23

LE BLUES ELECTROPUNK DU CANAL 30.

 

Un soir

le long d’un canal jadis industriel

le souffle pesant par des semaines de trop de bières

 

les feux de camp des gens du voyage

dans le lointain

 

deux silences

qui si souvent

risquent de s’opposer

 

la brume qui s’enroule

autour des rares poteaux lumineux

encore valides

sur la voie rapides aux nids de caries

 

je déambule le long

d’un chemin de hallage asphalté

désormais dédié aux romantiques

aux suicidaires

aux joggers à toutou tenu en laisse

aux nostalgiques d’un Éden postindustriel

qui n’a jamais existé

ailleurs que dans les délires de désirs exacerbés

 

l’humidité d’après le crépuscule

tisse une pellicule perlée d’étoiles

sur mon bomber noir

 

encore une fois Jack a raison

ce bon vieux Kerouac

la poésie vit en tout

il suffit de vouloir appréhender l’univers

le manipuler comme une statuette fragile

risquant de glisser de nos doigts fiévreux

et se fracasser sur le béton brut

des désillusions accumulées

 

le long du canal

une promenade entre le soundcheck et le concert

 

pour une fois seul mais pas triste

je songe mécaniquement

aux cadavres gonflés

qui parfois flottent

aux poètes fous des écluses sous la pleine lune

aux galops des pur-sangs de la Rêvolution

aux usines rasées de mon enfance

et surtout aux Saintes des bistros

venant rarement me voir sur scène

mais sont toujours prêtes

à ce que nous faisions l’amour

un peu partout

dans les bois

sur les parkings

ou dans la cuisine

 

sexe pour le plaisirs

rappel de l’adolescence

pas encore très éloignée

 

l’hiver

 

le canal

 

les voitures à toute allure

et d’autres au repos

nappées de vases et d’alluvions

au fond

 

les nuances de la nuit

l’hiver encore

le canal encore

 

je chantonne le passage

d’une chanson où ma voix coince

histoire de me rassurer

 

a capela

dans ce décor

la mélodie prend une autre dimension

atteint presque une autre substance

plus glauque

plus émotionnelle

plus mélancolique

 

tout est question d’habillage

de contexte

 

putain d’imaginaire

 

taper de la godasse dans le gravier

essayer de demeurer visible

lisible

mais aussi laisser couler librement

l’irréductible torrent des mots

 

et conserver sens et cœur totalement ouverts

sans jamais oublier de regarder les autres

droit dans les yeux

un par un

en n’en laissant aucun de côté

car c’est celui ou celle que j’oublierai

qui

va savoir

souffrira

probablement le plus

comme si elle

comme si il

aspirait à ce que tu ignores son regard

afin de se conforter dans sa douleur

réelle ou présumée

la frontière demeure toujours floue

 

c’est à ces êtres humains

plus qu’à nous-mêmes

que nous dédions modestement notre musique

pour que plus jamais

ils ne s’exilent de leurs vies

afin que jamais plus

ils ne se résignent

à devenir personne.

 

 

https://youtu.be/pwy...mfmBvtJQvuZt1SF

Cévennes express (2)

18 mars 2024 - 06:23

CÉVENNES EXPRESS (2)

 

Crépuscule cévenol

les contreforts forestiers

fument après l’orage

 

la lumière rasante du soir

met en scène

les ombres des arbres devenues gigantesques

découpe le ciel

à grands coups de couteaux euphoriques

 

platanes sur une vieille place

 

partie de pétanques

 

quelques rires au loin

 

joie de se retrouver là

accompagné de personnes bienveillantes

 

et puis

le bonheur rejoint ces multiples plaisirs

lorsque arrive un SMS de toi.

 

Douceur d'Opale.

16 mars 2024 - 12:40

DOUCEUR D’OPALE.

 

Je t’imagine dans un jardin

Sous les belles lumières de la Côte d’Opale

Avec la mer presque posée dans tes mains

Par un clair matin estival.

 

Le vent, ce grand enfant, jouant au facétieux,

Des oiseaux semblent parer tes cheveux

Et sur tes lèvres un calme sourire

Raconte que cet endroit te fait plaisir.

 

Les pêcheurs se dirigent vers les ports,

Pour quelques heures, plus de Mer du Nord.

Je prie pour qu’aussi chez eux,

Quelqu’un les espère, quelqu’un d’heureux.

 

Je suis assis sur une pierre,

Je te regarde sans en avoir l’air.

Je ne veux pas troubler cet instant

Où tu sembles t’apaiser vraiment.

 

Bercé par le chant de la falaise,

Le cœur au sec, léger, à l’aise,

Je t’imagine dans un jardin

Qui ressemblerait à demain.

 

Fleur de lune.

10 mars 2024 - 07:18

FLEUR DE LUNE.

 
Les bras pendouillent,
lamentables,
las,
sans forces.
 
Le dos s’obstine à vouloir fuir
l’angle à nonante degrés
formé avec la ligne d’horizon.
 
Les yeux gorgés de vagues cohérentes,
perdus dans le lointain
mais ne soutenant aucun conte
se retirent au plus profond d’illusoires absences.
 
Quant aux souvenirs, ils chargent en cohortes,
incendiant les steppes de sable
qui se dérobent aux pas.
 
Dérive hallucinée en ces jours dangereux
d’après la rupture avec l’autre,
également arrachement à sois-même.
 
Peu importe lequel, laquelle est parti,
si l’on est vivant,
il s’agit d’un même cri
d’une semblable peur,
d’un identique fascinant appel du vide,
d’un commun vertige qui ronge,
dissèque,
malaxe,
énerve en éloignant.
 
Les enfants posent des questions,
les amis voudraient autoriser les répits
mais ne peuvent s’empêcher de quémander
des mots qui les rassurent.
 
Oui, il faut parfois rouvrir ses blessures
afin de mieux les soigner
mais l’affection des vrais proches
nécessite-t-elle vraiment cette urgence
vidant un peu plus les veines?
 
Les parures de l’aurore,
ces chiennes égarées jouant aux pucelles,
viennent proposer leurs services,
sont prêtes à pratiquer ce qu’elles dénigrent d’ordinaire,
oublient pour une heure
les peurs qui les musellent
et se laissent aller à rêver
qu’elles puissent recommencer sans se déballer.
 
Après quelques jours d’illusions fanfaronnes,
une simple phrase fait redescendre sur terre
après avoir tracé son chemin.
 
Se dire alors
que l’impatience
m’a encore fait faire un pied de nez à risque
qui peut-être t’éloigne à nouveau
de ma persistante envie
de me promener
avec toi sur les quais
de ces Messageries Maritimes
qui naviguaient vers des destinations
que certains nommaient jadis,
à tort,
sanguinairement et criminellement,
coloniales...
 
jim
 
en bande-son Hanoï de la Grande Sophie

 

Alex et Dominique.

10 octobre 2023 - 11:57

ALEX ET DOMINIQUE.

 

 

Empreintes de pneus dans la poussière,

 

Penser à faire réaliser des moules.

 

Gomme fondue sur l’asphalte urbain,

 

C’est comme ça que je vibre.

 

 

Où vont-ils? Vers quelles libérations?

 

Volants ou escapades qui s’imbriquent

 

Sans pourtant jamais se rencontrer

 

Dans la fureur de la ville

 

Ou les giboulées des hauteurs.

 

 

Réunis, pas et moteurs coupés, au bord d’une route,

 

Que se diraient-ils?

 

Les caméras se retireraient-elles?

 

Ou gorgées de ragots à devoir vomir

 

Captureraient-elles tout ce qu’il est loisible de chaparder?

 

 

Clans, familles, rencontres, amis, amours,

 

Partages dans la solitude

 

Et moi, seul, devant l’écran

 

Qui fouille les non-dits des images

 

En méditant un illusoire sursis,

 

Un rebond invisible,

 

Une table de pique-nique dans un jardin de banlieue

 

Où m’asseoir en silence en m'imprégnant des rires.

 

 

Toits de métal, vallées, dépôts en ruines,

 

Où les sueurs des travailleurs d’antan

 

Imprègnent encore l’air brûlant,

 

Comme juste livré du désert californien

 

Offert aux lentes mouches et aux véloces moustiques.

 

 

Un instant posé contre une souche

 

De bord de rivières

 

Au milieu d’arbres comptant leurs ultimes heures,

 

J’attends que vienne jouer et chercher sa nourriture,

 

Une dernière fois, l’écureuil brun aperçu hier

 

Ou que passe un vol migratoire de cigognes,

 

Fixe l’horizon qui s’offre

 

Avec seulement les yeux entrouverts à l’asiatique

 

Et l’esprit ronronnant comme des turbos

 

Prêts à s’offrir aux longs espaces routiers

 

Conduisant aux plus plus savoureux sentiers.

 

 

 jim

 

octobre 2023