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Champdefaye

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Publications sur Toute La Poésie

Aurore

30 juillet 2014 - 04:59

Le soleil s'est levé derrière le toit qui fume

Les oiseaux ont chanté, les nuages ont blanchi.

J'ai enfoncé mes yeux dans l'oreiller de plume

Et mes poings ont battu l'édredon avachi.

 

"Vos gueules!", ai-je crié aux bruyants volatiles,

 Et "Eteins la lumière!" à l'astre du matin

"Je veux dormir encore, ramassis d'imbéciles,

Et toi, sacré flambeur, cesse d'être importun!

 

"Non mais, ça va pas bien, tas d'oiseaux de malheur?

Cessez immédiatement tous ces cris incongrus

Car faire autant de bruit et ce, d'aussi bonne heure,

Est passible de mort, ou pire, c'est bien connu!

 

Et quant à toi, Phoebus, vraiment tu exagères!

Tu agaces mon œil, Ô vieil enquiquineur.

Je ne supporte plus tes mauvaises manières.

Je te le dis tout net: Va te faire voir ailleurs!

 

Le soleil s'est caché: il m'avait entendu.

De la même manière, ayant fermé leur bec,

Sans doute un peu vexés, les oiseaux se sont tus.

Le calme est revenu et le sommeil avec.

 

Cette histoire n'a pour but que de vous démontrer

Qu'il est possible de dormir jusqu'à onze heures

A la condition bien sûr de s'adresser

Avec fermeté à tous les emmerdeurs.

Do you Shakespeake ?

23 juillet 2014 - 09:38

Le barde de Stratford-upon-Avon était un grand poète. (Les anglais proclament même qu’il demeure le plus grand, mais ce sont des anglais.)

Cependant, il faut bien que quelqu’un le dise, il avait parfois une drôle de façon de s’exprimer. Pour rendre ses œuvres plus accessibles aux élèves des lycées, c'est-à-dire, comme disait Pierre Desproges, ceux qui savent lire dès l’âge du permis de conduire, l’Education Nationale a décidé de faire remplacer une douzaine d’expressions élisabéthaines particulièrement obscures  par les traductions suivantes :

 

1-Marcher contre le vent de la raison: S'apprêter à faire une connerie. (Antoine et Cléopâtre)

2-Il se rie des plaies celui qui n'a jamais reçu de blessure: Tu feras moins le malin quand ça t'arrivera ! (Roméo et Juliette) 

3-Si c'était fait lorsque c'est fait, il faudrait le faire tout de suite: Ah! Si ça pouvait être fini avant que ça commence! (Macbeth)

4-L'horloge me reproche le temps perdu : Mon Dieu, je suis en retard ! (La Nuit des Rois)

5-Voici l'hiver de notre mécontentement: Ah!  Ben, ça va beaucoup mieux! (Richard III)

6-Un monstre n'est jamais achevé: le pire des salopards peut toujours empirer. (Le roi Lear)

7-L’enfer est vide et tous les diables sont ici : les gens sont méchants (La Tempête)

8-Le souffle froid des mots glace les flammes de l'action: Tais-toi et cogne. (Macbeth)

9-Les cordages avec lesquels ma vie faisait voile ne sont plus qu'un fil, un cheveu: je vais craquer bientôt. (Le roi Jean)

10-Le ciel sait par quels sentiers obliques j'ai conquis cette couronne: je suis ici par la volonté du peuple (Le Roi Jean)

11-Être ou ne pas être, telle est la question: j'y va-t-y, j'y va-t-y pas? (Hamlet)

12-La vie est un conte, plein de bruit et de fureur, racontée par un idiot et qui ne signifie rien: J'ai rien compris à c'qui s'est passé, mais j’en ai pris plein la gueule ! (Macbeth)

Anamnèses (2)

17 juillet 2014 - 02:02

Selon Roland Barthes, une anamnèse est un essai d'écriture autobiographique d'un souvenir rapporté à sa plus sobre narration.

 

 

Le chemin de caillebotis gravit la dune  entre deux clôtures.

Au sommet, le vent souffle et l'océan parait.

Odeur de soleil, touché de bois, son de sable, goût de mer, image de vent, été.

 

Rue Monsieur-le-Prince, quand on ouvrait la porte, on entendait Oscar Peterson.

Fumée des cigarettes, bougies plantées sur des bouteilles vides.

Des couples se parlaient et s’embrassaient.

A Saint-Louis, c’était l’heure du cours de physique.

  

Un morceau du gâteau joufflu, doré et cannelé se désagrège doucement dans le thé de la cuillère. 

Marcel observe, goûte et se souvient.

Anamnèses (1)

16 juillet 2014 - 02:06

Selon Roland Barthes, une anamnèse est un essai d'écriture autobiographique d'un souvenir rapporté à sa plus sobre narration.

 

Soleil humide sur la grand ´place de Moundou.

Des barbelés entourent trois cocotiers disposés en triangle.

Des femmes en boubou errent à l'intérieur de l'enclos.

À l'extérieur, des bicyclettes sont enchaînées aux barbelés.

 

Le billard électrique clignote et sonne.

Le claquement des parties gratuites couvre le sifflement du percolateur.

Cinq billes coûtent 20 francs.

 

Une odeur de poussière monte des sièges.

Sur le pare-brise plat, une pancarte dit : 100.000 miles, 50 dollars.

Tu seras un poète, mon fils

12 juillet 2014 - 04:41

Prends ta tête à deux mains,

Mon cousin,

Écorche la grammaire,

Mon p´tit frère!

 

Oublie donc l'orthographe,

Tête de piaf,

Et la ponctuation,

Tête de thon!

 

Truismes et clichés,

Stéréotypes, poncifs,

Use du pré-mâché!

Les lieux communs, ils kiffent!

 

Pars à leur découverte

Et puis, joyeusement,

Des portes grand ouvertes

Enfonce les battants !

 

Ensuite prends ton luth

Et tes allégories

Et tes anacoluthes

Dans ta catégorie:

 

Sois ange ou bien démon,

Romantique ou cruel,

Lyre ou accordéon,

Ou encore arc-en-ciel.

 

Muni des ces préceptes,

Maintenant écris-moi

Quelques phrases ineptes,

Des trucs bien à la noix.

 

Découpe-moi bientôt

Ces éléments sublimes

En tout petits morceaux

Sans rechercher la rime.

 

Personne ne comprend

Ce que tu voulais dire?

Injurie largement,

Méprise ou bien soupire,

 

Mais n'explique jamais

En mots intelligibles

Car déchoir ce serait

D'être compréhensible.

 

Si tu peux faire tout ça

Sans  rire ni cannabis

Si tu peux,  tu seras

Un poète, mon fils