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Claude Dechesne

Inscrit(e) : 29 mai 2018
Hors-ligne Dernière activité : juil. 09 2018 05:57

#349339 L’essentiel

Posté par Claude Dechesne - 07 juillet 2018 - 04:36

Marco avait rêvé

du bonheur d’être aimé

et du bonheur d’aimer

- belles nuits étoilées

océans sans rivages

cieux vides de nuages

 

Pareil à toi lecteur

il écoutait son cœur

qui l’entraînait sans cesse

vers notre vraie déesse

la beauté la beauté

partout renouvelée

 

Il découvrit les dunes

la clarté de la lune

le plaisir du baiser

la Méditerranée
Il écouta Mozart

et récita Ronsard

 

Il rencontra l’amour

caché sur le parcours

Il bâtit des châteaux

de sable au bord de l’eau

avec son fils chéri

beau présent de la vie

 

Mais Marco maintenant

répète en murmurant 

- aussi belles que soient

les sources dans les bois

les îles parfumées

les épaules aimées

 

les profondes forêts

ne sont que des forêts

les mers du Pacifique

les grands airs de musique

et les amours ne sont

que belles inventions

 




#349338 Sentence

Posté par Claude Dechesne - 07 juillet 2018 - 04:35

Absents du jugement

nous avons étrangement été condamnés

à traverser pour quelques rapides instants

un univers insensé secret écrasant

d’immensité de durée et de silence

Aucune indication. Aucune explication

Nous cherchons avidement une voix amie

mais nous découvrons froid obscurité vide

indifférence et infinie solitude

Riches de ce seul néant sans autres vrais choix

nous imaginons des objets des religions

des buts des morales des jeux des musiques

Prisonniers perpétuels de notre biologie

nous fabriquons nous-mêmes fous obéissants

la génération suivante de condamnés

Absents du jugement

nous avons tous été condamnés à vivre

 

 




#348815 La lune

Posté par Claude Dechesne - 22 juin 2018 - 09:03

La lune est mon amie

et depuis tout petit

j’aime comme elle luit

dans le noir de la nuit

C’est vrai elle me dit

qu’au-delà des soucis

existe un infini

royaume de l’esprit

loin des mesquineries

qui font nos pauvres vies

Souvent elle m’a souri

quand je partais au lit

− espoir d’une autre vie

 




#348814 Nouvelle histoire

Posté par Claude Dechesne - 22 juin 2018 - 09:00

Je vais encore abandonner
mes ballades sac sur le dos
mes chansons si souvent rétro
mes longues virées en moto
le grand vide dans le frigo
le vent tout seul sur mon bateau
mon cahier de photos pornos
les petits repas au bistrot
les discussions à la radio
mes nuits avec mon expresso
le Mercantour et ses randos

Jespère que ta douce peau
apprendra à me pardonner


#348684 L’azur se mire dans la mer et voudraient être bleus mes vers

Posté par Claude Dechesne - 18 juin 2018 - 02:40

Bleu. Je vis dans un pays bleu

Les arbres les toits les collines

les murs et les ports dessinent

leurs silhouettes sur le bleu

 

qui envahit dès le matin

l’immensité lumineuse
D’abord à peine laiteuse

la couleur doucement devient

 

un bleuté clair et transparent

qui aussitôt se partage

à la fin du paysage

entre le ciel et l’océan

 

Bleu tendre et léger pour le ciel

bleu plus dense pour la mer

bleus de demain bleus d’hier

bleus de toujours bleus essentiels

Le soleil les rend plus intenses

et puis en s’en approchant

ils deviennent même blancs

ô aveuglante conséquence

 

Régulièrement un nuage

une vague déchirent

du bleu l’immense empire

avec un arrogant courage

 

Le bleu tolère quelque temps

pour prouver son existence

et leur donner quelque chance

mais il n’accepte pas longtemps

 

Puis le soir envahit l’espace

et avant de s’endormir

le bleu choisit de s’unir

avec l’orange qui surpasse

 

le rose doré du couchant

Lentement tout s’assombrit

le bleuté est presque gris

le ciel tombe dans l’océan

 




#348683 Escaliers

Posté par Claude Dechesne - 18 juin 2018 - 02:38

Ces escaliers que l’on descend

seul et la tête vide

ces escaliers étroits rapides

sombres raides et navrants

 

passés une seconde fois

après quelques instants

passés une dernière fois

toujours inexistants 

 

Ils nous ont vu plein de désir

monter vers notre envie

et nous voient maintenant s’enfuir

entre extase et ennui

 

Ah ces escaliers du plaisir

si souvent du regret

de la tristesse et du mentir

et jamais les derniers 

 




#348679 Musique

Posté par Claude Dechesne - 17 juin 2018 - 09:15

Je suis un poète mineur

la musique est un art majeur

 

Elle dit nos espoirs nos peines

nos bonheurs et nos amours vaines

seulement avec des sons et

des rythmes ensemble arrangés

Si au moins je savais écrire

des chansons que l’on pourrait lire 

 

Trompette blues violon rapsodies

salsa ou piano

orgue jazz préludes symphonies

Cuba ou tango

 

La musique atteint l’émotion

sans passer par le sens des sons

sans passer par le sens des mots

Elle nous perd loin de notre ego

dans le monde des mélodies

et fait danser toute la nuit

 

Trompette blues violon rapsodies

salsa ou piano

orgue jazz saxo et symphonies

Cuba ou tango

 

Et qui est de toutes nos fêtes

accompagne nos amourettes

donne un refuge à nos chagrins

quand il ne leur reste plus rien 

Qui est la dernière richesse

des pauvres gens que tout délaisse 

 

Je suis un poète mineur

la musique est un art majeur

 




#348678 Petites

Posté par Claude Dechesne - 17 juin 2018 - 09:13

Que nos vies sont petites

que nos vies passent vite

malgré tout le poids des plaisirs

et la force de nos désirs

 

Petites sont nos peines

petites et si vaines

sont nos amours et nos passions

qui nous donnent tant d’illusions

 

Petite est notre terre

petites éphémères

sont nos batailles et nos peurs

et nos jeunes filles en fleurs

 

Que nos morts sont petites

que nos morts viennent vite

malgré tout le poids des douleurs

et la force de nos malheurs

 




#348608 Les héros

Posté par Claude Dechesne - 15 juin 2018 - 03:26

nous sommes bien d'accord !




#348581 Annita

Posté par Claude Dechesne - 14 juin 2018 - 09:33

Elle s’appelait Annita

elle était trop jolie quand elle souriait

quand elle riait quand elle ne riait pas

quand elle ne parlait pas quand elle parlait

Etait-elle trop jolie quand elle dormait 

Je n’ai jamais pu le dire. Si jeune elle était

Elle s’appelait Annita et la vie l’aimait

car bien plus que la beauté elle lui donnait

Je ne sais si elle se savait si jolie

et lui demander je n’y pensais même pas

car j’avais trop peur de moi et de ma folie
Elle s’appelait Annita

 




#348580 Les héros

Posté par Claude Dechesne - 14 juin 2018 - 09:31

Et si les vrais héros

n’avaient pas de statues

de stations de métro

avec leurs noms dessus

s’ils vivaient ignorés

anonymes inconnus

pas vraiment désirés

pas vraiment attendus

Ni prix ni récompenses

pas de décoration

pas de reconnaissance

aucune distinction

 

Mais si tous les matins

dans le froid et le gris

pour l’argent pour le pain

ils partaient sans un cri

 

Si malgré la souffrance

des illusions brisées

des amours en errance

des rêves non osés

malgré les corps malades

les héros étaient ceux

qui au fil des jours fades

restent si courageux

que gens de peu de rien

humblement et sans gloire

vainqueurs du quotidien

ils persistent à vouloir

 




#348423 Vous vîntes et je fus

Posté par Claude Dechesne - 10 juin 2018 - 09:23

Et puis vous vîntes

et je fus transformé

par cette atteinte

à nos amours charmées

 

Vous fûtes une

puis deux à devenir

notre fortune

et notre grand plaisir

 

Nous vous apprîmes

mes si chères enfants

quelques infimes

préceptes de parents

 

Vous nous apprîmes

grandes filles si chères

la joie ultime

donnée aux père et mère

 

Puis vous partîtes

dans le monde des grands

là où habitent

ces souvenirs d’antan

 




#348422 Demain nouveaux matins demain nouveaux copains

Posté par Claude Dechesne - 10 juin 2018 - 09:20

Ils étaient deux garçons

pour jouer au ballon

 

ils n’avaient pas douze ans

et jouaient très souvent

dans la rue dans la cour

jusqu’à la fin du jour
ils sautaient ils riaient

ils ne perdaient jamais

 

coups de pied coups de tête

pas la moindre fillette

 

ils se trouvaient très forts

ne savaient pas encore

ils savaient les goûters

les vacances d’été

les rêves insensés

ne savaient que jouer

 

coups de pied coups de tête

pas la moindre fillette

 

ils se disaient bonsoir

avant de ne plus voir

ils rentraient tout heureux

la tête dans leurs jeux

dans leur monde d’enfants

que dévore le temps

 

ils étaient deux garçons

pour jouer au ballon




#348145 Un cri

Posté par Claude Dechesne - 04 juin 2018 - 07:48

Ici ou là fut un cri

ce ne fut qu’un cri

seulement un cri

 

avant il n’y avait rien

un immense rien

puis après plus rien

 

peut-être ce fut un pleur

un rire ou un pleur

des rires en pleurs

 

pourquoi pour qui ou pour rien 

fut-ce un cri pour rien

absurde et pour rien 

 




#348144 Ode

Posté par Claude Dechesne - 04 juin 2018 - 07:36

La femme ce jardin abreuvé de parfums
ce miroir aveuglant où la beauté s'admire
ce vertige conçu au ventre des saisons
cette statue de chair que le soleil caresse

La femme cet espoir pour les désespérés
cette fièvre marchant sur les ruines du monde
ce désert dont la soif épouse les désirs
ce sourire qui vaut mille angoisses de vivre

La femme ce violon sensuel à crier
cette flèche promise au coeur des solitudes
cette abeille à la danse éblouie par son miel
ce nuage emporté à la grâce des larmes

La femme cette guerre aux confins de l'amour
ce chant écartelé entre cygne et sirène
cet arc-en-ciel au pied duquel gît un trésor
cette île sous le vent à perte de mémoire

La femme ce fruit lourd de sève et de ferveur
ce royaume sans âge où les rois s'agenouillent
cette neige tranchant sur le noir de la nuit
cette forêt que hante une légion d'étoiles

La femme ce fantasme aux ongles de laser
cette vestale ouvrant le lit de ceux qui meurent
cette lune enchaînée aux aboiements du ciel
ce temple où tous les dieux se veulent sacrilèges

La femme ce château gardé par un baiser
cette ligne de vie à fleur d'apocalypse
cette escarboucle faite avec l'âme du sang
ce regard qui unit la révolte à l'extase

La femme ce pays de coriandre et de lait
cette rêveuse altière éprise de la foudre
ce navire en allé vers quelque toison d'or
cette fée dont le corps est poème pour l'homme

Très beau, très vrai, très touchant