Aller au contenu

Nathan Fauchard

Inscrit(e) : 22 oct. 2018
Hors-ligne Dernière activité : déc. 21 2018 07:43

Publications sur Toute La Poésie

Le pédalo blanc des jours heureux

16 décembre 2018 - 06:49

Les neiges d'antan ont quitté la montagne
L'olivier a fui le pays de cocagne
Pour s'en aller voir ailleurs de nouveaux horizons
De morne saison
Le vin que l'on tire a un goût de vinaigre
L'huissier de justice nous paraît trop maigre
Un soleil neurasthénique disparaît à l'est
Tonnerre de Brest

 

Mais on se disait que c'était les copains d'abord
Puis vous deux ensuite
Puis vous deux ensuite
Putain de mille sabords
On courait tous à vos pattes
On courait à vos frégates
Pour agiter le calme du temps
En titubant sur l'étang
Or il ne reste plus que quelques copains encor
Et les souvenirs
Et les souvenirs
Qui sont amarrés au port
Quand deux copains se séparent
Nous on ne tient plus la barre
Du pédalo blanc des jours
Heureux bercé par l'amour

 

 

Tous les chemins ne nous mènent plus à Rome
Les étoiles ne font plus les astronomes
Elles ont filés loin des rivages généreux
Des cieux amoureux
Les horloges ne donnent plus la cadence
Les minutes ont pris leur indépendance
Désormais plus rien ne semble pouvoir résister
Pour l'éternité

 

Mais on se disait que c'était les copains d'abord
Puis vous deux ensuite
Puis vous deux ensuite
Putain de mille sabords
On courait tous à vos pattes
On courait à vos frégates
Pour agiter le calme du temps
En titubant sur l'étang
Or il ne reste plus que quelques copains encor
Et les souvenirs
Et les souvenirs
Qui sont amarrés au port
Quand deux copains se séparent
Nous on ne tient plus la barre
Du pédalo blanc des jours
Heureux bercé par l'amour

 

Si parfois l'amour se loupe
Si vous sortez les chaloupes
Pour évacuer les eaux
Où flotte notre vaisseau
Alors sachez qu'entre toutes
Les chansons d'amour sans doute
Votre souvenir sera
Le seul qui demeurera

Le temps d'une gauldo

16 décembre 2018 - 06:47

Le temps d'une gauldo, je boirai ton ennui
En m'inventant poète ou en me faisant prince
D'un pays de papier, où tu viendrais la nuit
Berçer tes illusions, cette haine qui grince
Entre tes douces dents; celle qui assombrit
Tes yeux pourtant si bleus à en crever les cieux.
Alors sers toi un peu dans mon paquet de gris
Pour m'offrir en cadeau ton rire silencieux.

 

Le temps d'une gauldo, tu pourras voyager
Dans des royaumes que je n'ai pas pu connaître
Vu que parti d'ici, je me sens étranger.
Mais pourtant j'en suis sûr tu te verras renaître.
Là, tu égreneras le sable du Brésil
Tu auras le vertige en haut du Makalu.
Tu sentiras le vent amadouer tes cils
Et assécher ce pleur qui rend ton monde flou.

 

Le temps d'une gauldo, tu croiras en l'amour
Comme on croit au destin, à celui qui nous chante
Les basses vérités de ses nuages lourds
Qui pleuvent en nos coeurs des larmes triomphantes.
Tu m'apprendras les noms de ceux qui t'ont maudits
En voulant trop bien faire ou en fermant tes yeux.
Ces enfants de salauds, pilleurs de paradis
Que ne laissent en toi que leurs pas licencieux.

 

Le temps d'une gauldo, tu tousseras un peu
Ce qu'il faut recracher du profond de ton âme
Les braises qui te consument à petit feu
Les cendres qui violent ton viscère de femme.
Tu déshabilleras les malheurs du passé
Pour enfiler les jours recousus de velours
Tu reverras enfin sous tes pieds repousser
Cet espoir que tu étourdissais de cris sourds.

Les spiritueux

16 décembre 2018 - 11:59

Traînant la patte à la boisson

Je m'étais sitôt mis en route

Pour ennoblir mon horizon

Aux lueurs de petites gouttes

De ce sirop amer, ambré

Dans ce flacon au corps cintré.

Ma fortune profuse

Se compte en coups de Suze.

Mais par malheur le tavernier

N'en avait plus une au panier

Car j'avais bu la veille

Sa dernière bouteille.

Il soupira « Mais quel idiot

Peut siroter ce tord-boyau ?

En quarante ans à torchonner

Nul n'en avait biberonné. »

 

 

Sous un lourd soleil, regagnant

La nationale neuf vers Sète

Aux alentours de Perpignan

J'eus l'appétit d'une doucette.

Je courus dans un cafeton

Pour qu'il m'apporte du canton

Leur mistelle notoire

Celle qui plaît à boire.

Le taulier – les sourcils froncés –

Me dit « Je ne sais ce que c'est

Mais est-elle assez digne

Pour pousser dans nos vignes ? »

La Catalogne doit subir

(L'âne ne lampant plus de Byrrh)

Un méchant rosé mal tiré

Pour pouvoir se désaltérer.

 

 

Je me crus alors étranger

Puisque nul tonneau ne sait boire

Et me réfugiai à Angers

Où mes parents gardent leur poire.

A peine un pied dans le beuglant

Je me sentis soudain tout blanc

Comme un enfant malingre

Vu que mon violon d'Ingres,

Mon passe-temps dans ce bistrot

Etait de siffler du Cointreau

Et que les vieux ne servent

Plus qu'un vin de réserve.

Si même mon père a trahi

Le pousse-café du pays,

Qui encor osera licher

Un tafia sans le recracher ?

 

 

Essoufflé par ces va-et-vients

Et ces rencontres désastreuses

Je revins comme il en convient

A mon commerce de Chartreuse

Mais les frocards dans leur moutier

Désherbèrent pleins de piété

Leurs cultures d'absinthe

Les jugeant trop peu saintes.

Après ce coup de Trafalgar

Je voulus vider sans retard

Une Avèze auvergnate

Et une eau d'aromates.

Lors après deux ou trois quartauts

Je prêchais ce divin crédo:

« Le spiritueux est le fruit

De celui qui a de l'esprit. »

La Cène

09 décembre 2018 - 11:30

Le torche-cul entre ses doigts

Face au vieux barbon qui se penche

La cendrillon casse du bois

Sur ses prières du dimanche.

« Toi qui lavas les ripatons

De chacun de tes Douzes probes

Penses-tu que pour leur pardon

Tu blanchirais leur garde-robe ? »

 

Devant son verre à peine bu

Au milieu de tous ces ivrognes

Contre l'Autre charlot barbu

Le béotien se met en rogne.

« Toi qui – pour ton dernier repas –

Débouchas un côtes-du-Rhône

Il paraît, dit-on qu'Ici-bas

Le gros bleu ronge les neurones. »

 

Reboutonnant son chemisier

Après la meute carnassière

La putain entraîne au brasier

Dieu le père en vile sorcière.

« Toi qui fis don de ton corps pour

Un Salut sous d'heureux auspices

Jadis, savais-tu qu'en retour

On encoure la chaude-pisse ? »

 

Et boit-sans-soif, bonne, goton

Gelèrent les quais de leur peine

Peut-être au ciel les juge-t-on

De ne pas célébrer la Cène.

Le chemin des écoliers

19 novembre 2018 - 01:00

Désespéré, dit la légende,
Le chemin nous mène au ravin
Mais faudrait-il à tour de jambes
Tenter d'y échapper en vain ?
Si le feu! Néant nous harcèle
N'en faisons pas notre geôlier
Mais courons d'un œil étincelle
Sur le chemin des écoliers


 

Pourquoi ne plus aimer nos femmes,
Notre vin et notre maison
Pour raison qu'on nous prendra l'âme
Quand l'hiver sera de saison ?
Il est vrai que la neige tombe
Quand vient l'heure du batelier
Gardons les pieds hors de la tombe
Sur le chemin des écoliers


 

Vieillissons dès qu'on est en route
Et mourons quand il est trop tard
Mais jamais le cœur en déroute
Sous le sifflet d'un faux départ
Quitte à poursuivre sur les causses
Un brave troupeau de béliers
Autant rigoler comme un gosse
Sur le chemin des écoliers


 

Buvons à notre mort certaine
Trinquons avec les matelots
Ceux-là savent qu'à la fontaine
Mieux vaut du vin que coule l'eau
Ils chantent sur la mer d'Irlande
Quand s'engloutissent leurs voiliers
Ne remettons pas aux calendes
Le doux chemin des écoliers


 

Quand atteint d'une mort chronique
On se dispersera aux vents
La terre n'aura comme relique
Que tous nos sentiers de vivants
Ces sentiers où les cœurs se pressent
Où l'on courre un peu cavalier
Vers une mort emmerderesse
Sur le chemin des écoliers