Une suite à " Je suis comme je suis " de Prévert ?
- GRANIER Michel aime ceci
Posté par Nathan Fauchard
- 16 décembre 2018 - 06:56
Posté par Nathan Fauchard
- 16 décembre 2018 - 06:49
Les neiges d'antan ont quitté la montagne
L'olivier a fui le pays de cocagne
Pour s'en aller voir ailleurs de nouveaux horizons
De morne saison
Le vin que l'on tire a un goût de vinaigre
L'huissier de justice nous paraît trop maigre
Un soleil neurasthénique disparaît à l'est
Tonnerre de Brest
Mais on se disait que c'était les copains d'abord
Puis vous deux ensuite
Puis vous deux ensuite
Putain de mille sabords
On courait tous à vos pattes
On courait à vos frégates
Pour agiter le calme du temps
En titubant sur l'étang
Or il ne reste plus que quelques copains encor
Et les souvenirs
Et les souvenirs
Qui sont amarrés au port
Quand deux copains se séparent
Nous on ne tient plus la barre
Du pédalo blanc des jours
Heureux bercé par l'amour
Tous les chemins ne nous mènent plus à Rome
Les étoiles ne font plus les astronomes
Elles ont filés loin des rivages généreux
Des cieux amoureux
Les horloges ne donnent plus la cadence
Les minutes ont pris leur indépendance
Désormais plus rien ne semble pouvoir résister
Pour l'éternité
Mais on se disait que c'était les copains d'abord
Puis vous deux ensuite
Puis vous deux ensuite
Putain de mille sabords
On courait tous à vos pattes
On courait à vos frégates
Pour agiter le calme du temps
En titubant sur l'étang
Or il ne reste plus que quelques copains encor
Et les souvenirs
Et les souvenirs
Qui sont amarrés au port
Quand deux copains se séparent
Nous on ne tient plus la barre
Du pédalo blanc des jours
Heureux bercé par l'amour
Si parfois l'amour se loupe
Si vous sortez les chaloupes
Pour évacuer les eaux
Où flotte notre vaisseau
Alors sachez qu'entre toutes
Les chansons d'amour sans doute
Votre souvenir sera
Le seul qui demeurera
Posté par Nathan Fauchard
- 16 décembre 2018 - 06:47
Le temps d'une gauldo, je boirai ton ennui
En m'inventant poète ou en me faisant prince
D'un pays de papier, où tu viendrais la nuit
Berçer tes illusions, cette haine qui grince
Entre tes douces dents; celle qui assombrit
Tes yeux pourtant si bleus à en crever les cieux.
Alors sers toi un peu dans mon paquet de gris
Pour m'offrir en cadeau ton rire silencieux.
Le temps d'une gauldo, tu pourras voyager
Dans des royaumes que je n'ai pas pu connaître
Vu que parti d'ici, je me sens étranger.
Mais pourtant j'en suis sûr tu te verras renaître.
Là, tu égreneras le sable du Brésil
Tu auras le vertige en haut du Makalu.
Tu sentiras le vent amadouer tes cils
Et assécher ce pleur qui rend ton monde flou.
Le temps d'une gauldo, tu croiras en l'amour
Comme on croit au destin, à celui qui nous chante
Les basses vérités de ses nuages lourds
Qui pleuvent en nos coeurs des larmes triomphantes.
Tu m'apprendras les noms de ceux qui t'ont maudits
En voulant trop bien faire ou en fermant tes yeux.
Ces enfants de salauds, pilleurs de paradis
Que ne laissent en toi que leurs pas licencieux.
Le temps d'une gauldo, tu tousseras un peu
Ce qu'il faut recracher du profond de ton âme
Les braises qui te consument à petit feu
Les cendres qui violent ton viscère de femme.
Tu déshabilleras les malheurs du passé
Pour enfiler les jours recousus de velours
Tu reverras enfin sous tes pieds repousser
Cet espoir que tu étourdissais de cris sourds.
Posté par Nathan Fauchard
- 16 décembre 2018 - 11:59
Traînant la patte à la boisson
Je m'étais sitôt mis en route
Pour ennoblir mon horizon
Aux lueurs de petites gouttes
De ce sirop amer, ambré
Dans ce flacon au corps cintré.
Ma fortune profuse
Se compte en coups de Suze.
Mais par malheur le tavernier
N'en avait plus une au panier
Car j'avais bu la veille
Sa dernière bouteille.
Il soupira « Mais quel idiot
Peut siroter ce tord-boyau ?
En quarante ans à torchonner
Nul n'en avait biberonné. »
Sous un lourd soleil, regagnant
La nationale neuf vers Sète
Aux alentours de Perpignan
J'eus l'appétit d'une doucette.
Je courus dans un cafeton
Pour qu'il m'apporte du canton
Leur mistelle notoire
Celle qui plaît à boire.
Le taulier – les sourcils froncés –
Me dit « Je ne sais ce que c'est
Mais est-elle assez digne
Pour pousser dans nos vignes ? »
La Catalogne doit subir
(L'âne ne lampant plus de Byrrh)
Un méchant rosé mal tiré
Pour pouvoir se désaltérer.
Je me crus alors étranger
Puisque nul tonneau ne sait boire
Et me réfugiai à Angers
Où mes parents gardent leur poire.
A peine un pied dans le beuglant
Je me sentis soudain tout blanc
Comme un enfant malingre
Vu que mon violon d'Ingres,
Mon passe-temps dans ce bistrot
Etait de siffler du Cointreau
Et que les vieux ne servent
Plus qu'un vin de réserve.
Si même mon père a trahi
Le pousse-café du pays,
Qui encor osera licher
Un tafia sans le recracher ?
Essoufflé par ces va-et-vients
Et ces rencontres désastreuses
Je revins comme il en convient
A mon commerce de Chartreuse
Mais les frocards dans leur moutier
Désherbèrent pleins de piété
Leurs cultures d'absinthe
Les jugeant trop peu saintes.
Après ce coup de Trafalgar
Je voulus vider sans retard
Une Avèze auvergnate
Et une eau d'aromates.
Lors après deux ou trois quartauts
Je prêchais ce divin crédo:
« Le spiritueux est le fruit
De celui qui a de l'esprit. »
Posté par Nathan Fauchard
- 19 novembre 2018 - 01:00
Désespéré, dit la légende,
Le chemin nous mène au ravin
Mais faudrait-il à tour de jambes
Tenter d'y échapper en vain ?
Si le feu! Néant nous harcèle
N'en faisons pas notre geôlier
Mais courons d'un œil étincelle
Sur le chemin des écoliers
Pourquoi ne plus aimer nos femmes,
Notre vin et notre maison
Pour raison qu'on nous prendra l'âme
Quand l'hiver sera de saison ?
Il est vrai que la neige tombe
Quand vient l'heure du batelier
Gardons les pieds hors de la tombe
Sur le chemin des écoliers
Vieillissons dès qu'on est en route
Et mourons quand il est trop tard
Mais jamais le cœur en déroute
Sous le sifflet d'un faux départ
Quitte à poursuivre sur les causses
Un brave troupeau de béliers
Autant rigoler comme un gosse
Sur le chemin des écoliers
Buvons à notre mort certaine
Trinquons avec les matelots
Ceux-là savent qu'à la fontaine
Mieux vaut du vin que coule l'eau
Ils chantent sur la mer d'Irlande
Quand s'engloutissent leurs voiliers
Ne remettons pas aux calendes
Le doux chemin des écoliers
Quand atteint d'une mort chronique
On se dispersera aux vents
La terre n'aura comme relique
Que tous nos sentiers de vivants
Ces sentiers où les cœurs se pressent
Où l'on courre un peu cavalier
Vers une mort emmerderesse
Sur le chemin des écoliers
Posté par Nathan Fauchard
- 22 octobre 2018 - 09:36
Sans être totalement un dévot
Un cul-bénit qui bourdonnerait faux,
Même si je ne suis pas l'héritier
De cette tradition de bénitier,
Je récite pourtant un pâtenotre
Et pose fréquemment en bon apôtre
Quand j'entends crier tout autour de moi
« Quel est l'idiot qui a encor la foi ? »
Car de nos jours se réclamer de Dieu
Appartient aux crimes des plus odieux.
C'est être archaïque et même attardé
Que de ne croire en l'incrédulité.
L'intégrisme a retourné sa soutane
Aussitôt que l'Antéchrist la condamne.
N'ayant jamais, peut-être à mon insu,
Pensé que l'homme détient le dessus.
Madame peut occuper à mes yeux
La même place que tout un monsieur.
Dans notre monde souvent phallocrate
Je trouve la fatalité ingrate
Lorsque pour un même devoir fourni
Son loyer est deux fois plus démuni.
Mais dès lors que j'aperçois défiler
Des seins nus qui cherchent à m'engueuler
Puisque « je suis homme et crois tout savoir
Misogyne à souhait, suppôt du pouvoir ».
Je m'asseois un peu et fait catéchisme
A ces sinoques d'un cours de machisme.
J'avais, enfant d'un pays campagnard,
Grandi parmi tant de troupeaux mignards
Que je m'étais promis depuis un bail
De n'avaler un morceau de bétail.
Allant chercher comme était de coutume
Un plat, pour tout potage, de légumes
Que cuisinait mon artisan boucher
Sur le champ, je me suis fait caillasser.
Quelques farfelus me montrant du doigt
Crièrent que je n'avais pas le droit
De tuer ainsi, de génocider
Des bêtes qui n'avaient rien demandé.
Face aux jets de pierres de ces prophètes
Je dis au boucher « Deux belles bavettes ».