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balila

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Publications sur Toute La Poésie

Aux lèvres de la mer

08 décembre 2023 - 09:42

Sur la lande, éveillé, mon regard se repose

Aucun souffle, aucun bruit, le soir a pris l'orage

L'océan s'est couché comme on tourne une page

Sur le sable où mes yeux effeuillent votre pose

 

Sur la dune, allongés, nos deux corps se reposent

Notre souffle nourrit le soir pris en otage

Le vent s'est retiré comme on plie un voilage

Sur ma peau où vos yeux effeuillent une rose

 

Sur le sable, croisés, nos coeurs se sont trouvés

Suivant le mouvement d'une vague échancrée

Dans un désir soudain de baigner leur amour

 

Sous la lune, immergés, nos corps se sont goûtés

Les lèvres de la mer, épousant nos contours,

Se souviendront longtemps du sel de nos baisers...

 

balila

L'ombre d'un doute

01 décembre 2022 - 10:22

Dans l’absence d’un pas qui précède le mien

Ou celui qui me suit et qui pourtant s’absente

 

Déracinée je suis, dans le jour qui s’éteint

Ou celui qui survient quand la nuit s’apparente

 

A chaque lendemain dont le jour m’éblouit

Parce que mon regard ne sait pas ne sait plus

 

Où chercher cette terre où j’ai pourtant grandi

Mais qui saura me dire où je me suis perdue…

La terre aura tremblé

16 septembre 2022 - 08:37

Tu dis la terre qui s’ouvre

Les tremblements soudains sous tes pieds 

Et la racine arrachée qui hurle au vent 

Le chant de nos mémoires

 

J’entre dans la faille

A la source d’une aube

Epine

 

Tu retrouves la rose

Tes doigts cueillent la lumière froissée

De nos fièvres enlacées

 

Je murmure nos rêves de cendre

Une poussière dort sur la pierre

 

Tu souffles à la surface

 

J’ouvre le chemin de nos migrations...

 

Tu dis la terre qui tremble

Et dans la faille

Tu cueilles la rose de fièvre empourprée

 

Je chante l’aube et le crépuscule

 

Tu murmures l’épine

 

Ma source éclabousse la pierre

J’éteins la lumière...

 

Nos mémoires s’étoilent

Sur la terre qui s’étiole

Et tremble

De nous

Toi

Moi

Dans l’océan du souvenir 

Qu’une vague borde

Et la fièvre remonte à la surface

Dans la poussière froissée

De cendres et de lumière

 

Le sol devient mouvant

La faille s’ouvre sous nos pieds

Tu retires ta main

Je la retiens

 

Serait-ce la terre qui tremble ? 

Ou nos coeurs qui penchent...

 

...Penchent et s’enlacent 

De souvenirs en brassées

Qui perlent notre histoire 

D'un collier de lumière

Coulant à la frontière

De nos mémoires

 

...Penchent et s’embrasent 

Dans le murmure du temps, 

S’évadent en silence

Au pourpre de la rose 

Cueillie froissée

Vivante abandonnée

 

Tu dis la terre qui s’ouvre

Je chancelle

 

J’appelle la lumière

Et tu trembles

 

De peur de froid de moi de nous 

De nos désirs échappés

Nos errances

Incertaines

Nos désirs

Portés

Hauts

 

Et ce que nous avons enfouis...

 

...J’entre dans la faille

 

Tu y déposes la rose

J’en cueille l’épine

 

Le soir tombe si bas 

Soudain

En plein été

 

Demeure l’étincelle

Sous nos ailes

Coupées

 

Tu disais le feu

Je murmurais l’horizon

Tu portais la muraille

Je fendais la pierre

 

L’aube rejoint le crépuscule

L’horizon se couche sur l’océan

 

La terre aura tremblé de nos amours

Il pleut sur les cendres du toujours.

Arrière saison

11 avril 2020 - 08:03

Je ne sais si tu m'oublieras

ni si cette peur est amour,

je sais seulement que tu pars

je sais seulement que je reste

 

 

Andrès Eloy Blanco

La colline a perdu son habit de printemps

Abandonnant au vent sa plus belle parure

Chaque brin d'herbe vient épouser le murmure

D'un ramage t'offrant mon ultime tourment

Je ne sais si tu m'oublieras

 

Le triste chant bondit de rocher en rocher

Par quel obscur chemin s'en vient-il jusqu'ici ?

J'ignore si mon coeur ne sait plus écouter

Ou chercher un secours dans ce tout dernier cri

Ni si cette peur est amour

 

L'automne tend ses bras au givre de l'hiver

S'enfoncent dans le froid les plus jolis rameaux

Sur lesquels serpentaient de si glorieux flambeaux

Dont je ne sais plus rien qu'une douleur amère

Je sais seulement que tu pars

 

J'allonge alors le pas sans pouvoir regarder

Ce qu'il reste de nous dans les bosquets fleuris

Par de trop lourds serments qu'il me faut enterrer

Je ne porterai pas toutes tes amnésies

Je sais seulement que je reste

 

 

(poème inspiré dans sa "construction" par "Glose", de Nicolas GUILLEN, poète Cubain)

Entre le rien... Et le tout...

22 mars 2020 - 12:20

Entre le rien….

 

De ceux à qui l’on demande de ne pas bouger, de se tenir en retrait, d’être inexistant, de ne surtout pas communiquer, pour qui plus rien n’existe que la cellule au sein de laquelle il nous faut prendre du recul, car nous n’avançons plus qu’au rythme lent du temps qui ne passe pas mais qui, paradoxalement, s’allonge en s’étirant sans fin, toute notre énergie couchée en son sein, au repos, silence… Plus de geste pour se toucher, ni de parole à proximité. Plus rien n’existe que nous, les autres s’effacent de notre existence, on a gommé le monde, effacé les mains tendues, jeté les paroles au vent à plus d’un mètre de distance. Confinement. Espace de liberté imposé. Quel drôle de paradoxe : on nous libère et dans le même temps on nous enferme.

 

Et le tout

 

De ceux qui n’ont pas de temps, pas assez pour avancer, rendre compte, soigner, guérir, pour qui tout est rempli, encombré, plein à ras bord, trop rapide, pas de temps pour prendre le temps, trop de tout, d’humains sur des brancards, de monde dans les couloirs, trop qui attendent, tous qui espèrent, ce fracas du monde en face de ceux qui ne sont plus rien que des âmes solitaires rassemblées chacun chez soi et qui, pourtant, aimeraient secourir ceux qui oeuvrent avec acharnement dans ce couloir trop étroit du soin ouvert au monde sans défenses.

 

Le même combat.

 

Ce vide dans les rues, ce plein dans les appartements, ce vide dans les bâtiments, les musées, les usines, et ce trop plein dans les hôpitaux, ces milliers de corps malades ou soignants qui combattent pour la survie, et ceux qui se retirent du monde pour que cesse ce combat.

 

J’ai des oiseaux dans la tête, des envies de goéland, de mouettes et d’océan, mais j’attends l’heure du laisser passer. Comme autrefois le pont levis s’est fermé autour de la ville, le pont n’existe pas mais nous avons mis des barrières aux portes des appartements.

 

Et dans le rien il y a ce bruit qui n’existe plus, celui du monde alentour qui remplissait l’espace, et qui dans ce plus rien, s’efface. La rue, les parcs, le bord des rivières sont devenus déserts. Seuls les oiseaux bourgeonnent de piaillements joyeux dans ce printemps naissant, et je me dis que ce renouveau est déjà du réconfort, une lumière, l'évasion, même si c’est juste le regard qu’il faut porter haut vers le ciel en attendant que nous puissions de nouveau fouler la terre côte à côte, coeurs à corps, main dans la main...

 

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