Dix-sept ans et déjà dans les yeux des couteaux
Aiguisés de misère et de mille injustices
Dans ses mains des grenades ou des fusils d'assaut
C’est dans une âme en paix qu’il marche au sacrifice.
De sous ses dix-sept ans croulant du poids d'un monde
Saigné par les puissants, de trop riches sangsues
Vomissant leurs promesses leurs futiles facondes
Sa jeunesse écorchée à de vaines issues.
Il aurait pu naître un onze septembre
Le jour ou ses aînés, en éventrant des tours
De la révolution lui montrèrent l'antichambre
Pour combattre à jamais un monde aveugle et sourd
Dix-sept ans déjà ange purificateur
Déniant aux nantis leur barbare inconscience
Qui transforme les enfants en consommateurs
Et place le confort plus haut que la conscience.
Et le rouge qui coule, de ses doigts innocents
Immondes et grasses flaques d'un putride occident
Réveille chez les riches, comme un pressentiment
Les injustes douleurs d'une rage de dent
En plongeant son couteau, à la gorge du monde
L'enfant de Bombay de Gaza ou d'ailleurs
Ne rêve seulement que d’une terre féconde
Sang versé en promesse d'un avenir meilleur.
Cannes 2008