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Le grand orchestre

Posté par JMAP06, 03 mai 2008 · 348 visite(s)





La vie du grand orchestre
Serait trop longue
A raconter
Mais puisse que t'insistes
Je vais essayer
De la résumer


Il n'y eu d'abordQue
deux instruments
L'un joué par Eve et l'autre par Adam
Il y eu un soir
Il y eu un matin
Il y eu le mal
Il y eu le bien
Il y eu Abel
Et il y eu Caen


Mais déjà la baguette
De " Monsieur Le chef d'orchestre "
Avait indubitablement
Des problèmes insolubles
A accorder ensemble
Les deux
Et uniques
Instruments !


Puis, il y en eu
quatrePuis , il y en eu cent
Et " Monsieur Le chef d'orchestre "
Ne s'entendait même plus
Casser ses baguettes
Au milieu
De la cohue.


Puis il y en eu assez.
Il se fâcha tout rouge
Et dans ca colère
Il y eu le tonnerre
Il y eu des nuages
Il y eu des éclairs
Il n'y eu qu'un rescapé
Il y eu le déluge
Et il y eu Noé.


Au silence qui suivit
" Monsieur Le chef d'orchestre "
Crut avoir gagné la partie.
Il reprit ca baguette
Et fis chanter Noé
Mais Noé fit quatre enfant
Qui en firent vingt
Qui en firent cent
Et sans avoir jamais
Esquissé la moindre
Symphonie
Le moindre
Mouvement
L'orchestre a re grandit
Inconsidérément.


" Monsieur Le chef d'orchestre "
Qui était fatigué
De casser ses baguettes
Envoya en sous
Chef d'orchestre
A ses interprètes
Son propre fils
Qui fît comprendre
Incidemment
Qu'il faut ce taire
Et écouter
Les autres instruments
Si l'on veut
Pouvoir un jour
Jouer tous
En même temps.


Mais il y eu un coq
Et il y eu trois chants
Il y eu Saint Pierre
Il y eu Judas
Il y eu même
Un mystère
Après la croix.


Et tout
Recommença.
Chacun
Cherchant son la
Troublait celui du voisin
Lui enfonçant les pailles
Qu'il avait dans les yeux
Et l'assommant des poutres
Qui été dans les siens.


Il y eu des rois
Qui voulurent faire comme
" Monsieur Le chef d'orchestre "Ils
cassèrent leur sceptres
Transformés en baguettes
Car il y eu des pauvres
Il y eu des bourgeois
Il y eu des philosophes
Et il y eu la faim
Et tout ce monde là
Changea
En coupant des têtes
L'organisation
Du grand orchestre


Et voilà maintenant
Plus de deux cent ans
Que chaque instrument
S'est substituer
A " Monsieur Le chef d'orchestre "
Que chaque Instrument
Pour chaque Partitions
S'est acheté
Une baguette
Qui casse à chaque
Répétition
Mais aussi
A se battre
Contre d'autres baguettes
D'autres Instruments.


Et voilà maintenant
Près de deux cent ans
Que les cordes
Se détendent
Que les tubes
Se tordent
Que les cors
Se nouent
Que les pianos
Se délabrent
Que les guitares
Se déchirent
Et que les fanfares
Délirent
Sur des airs
De gloire
En guise
De symphonie.


Les chants
Ne sont plus
Que de batailles
Où les cœurs
Des vaincus
Pleurent
Sous la mitraille


Les cordes ne sont plus
Que de pendaison
Les tubes ne sont plus
Que des cannons
Les trompettes
Des fusils
Et les orgues
De Saline.


" Monsieur Le chef d'orchestre "
N'est plus
Qu'un trouble fête
Qui nous embête
Et qu'on oublie
Les partitions
Ne sont plus faites
Que pour les tambours
Les baguettes
Qui frappent
Remplacent
Celle qui dansent


Les instruments
Ont remplacés
La mélodie
Qui n'a jamais existé
Par des détonations
Et l'amour
Par la raison


" Monsieur Le chef d'orchestre "
Semble désintéressé
Au point de laisser
Aux instruments
Le soin de faire leur
Propre nettoyage
A
grands coups
D'explosions
Démographiques
Ou atomiques
A petits pas
De " Je m'en fous "
Ou d'"Allez vous faire voir "


Et pourtant !
Et pourtant
Quand parfois
Je m'ennuie
Dans la fosse
Du grand orchestre
Je pense à toi.
Je sais que tu me reste
Et que tu restera
Mon unique baguette
Ma seule mélodie.


Et pourtant !
Si ce soir
Tu viens avec moi
Regarder
Danser sous la pluie
Pardessus les ombres
De la rue
Endormie
Et pourtant
Si ce soir
Tu viens pleurer
Avec moi
Un monde qui sombre
Dans le bruit

Je ferais
Chanter pour toi
Les violons du silence
Qui dansent
Dans la nuit
Sur une symphonie
Si douce
Si mélodieuse
Qu'on en oublie
L'orchestre
Et son chef
Et sa baguette
Qu'on en oubli
La nuit
Que sont nos jours
Et que l'on sent
Tout doucement
Monter.
Irrésistiblement
Dans la pâleur
D'un matin d'automne
Un amour si fou
Pour les hommes
Qu'il ne faut leur en parler
Que lorsqu'ils dorment !








Bognor Régis 1977





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