J’étais fleuve tranquille
Je coulais patiemment
Sur mes berges fertiles
S’amusaient des enfants
J’eus bien sûr en amont
Des rus et des rivières,
Qui mêlèrent dans le fond
La tendresse et la pierre.
Je charriais sans rancunes
La lourdeur des chalands
Qui faisaient la fortune
Des prêtres et des marchands.
Et dans mes doux méandres
On pêchait le serment
Les rires et les mots tendres
L’alliance avec le temps.
Mes flots étaient paisibles
Sans être transparents
Mais je trouvais risible
La fougue des torrents.
Et vers mon estuaire
Je coulais sans remords
Mon limon mortuaire
En joyeux matamore
Un soir je vis la mer
On me l’avait dit bleue
C’est pourtant dans le vert
Que m’ont noyé tes yeux.
Cannes 2008