Le long du fleuve

A la lisière de l'eau était un sentier discret:
replis de terre, petits passages de galets,
parmi les ajoncs touffus, les hautes herbes,
les taillis, les mottes de terre rugueuse.

Ivre de verdure, mon regard vagabondait
dans la luxuriance de la végétation alentour,
s'imprégnait de toutes ces senteurs inattendues,
de toutes ces couleurs enchevêtrées imprévues.

En débandade, une envolée d'oiseaux,
levée par quelques souffles de vent,
imprima un long frémissement au feuillage ambiant,
troubla l'eau diamantine, le glacis du courant,
altéra l'équilibre de l'instant près du fleuve.

Ce souvenir bonheur coule encor son feu
dans la veine des jours heureux de mon enfance.
Paysage du dedans, habité d'un inextinguible éclat
d'images, de mots, de plénitude attendrie,
le long du fleuve, un matin de printemps.