Compagnons de jeux, compagnons de feu à nos yeux radieux,
la campagne s'embrasait à nos âges heureux,
sept ans chacun, sept ans malins à aiguiser nos liens,
à inventer nos rôles aux éclats de rire, aux battements de gorge
à l'essor des plus drôles...
les blés et les lavandes seuls, écoutaient les heures folles,
vastes et pleines de nos fastes de rien, de nos fastes mauves.
Enfants de liesse, enfants de promesses,
on se prenait par la main de nos rêves...
jusqu'au jour où, à force de jouer aux grands et à leurs amours,
on décida solennellement avec serment de s'embrasser sur la bouche.
Dans un endroit aussi beau que secret, entouré de châtaigniers,
une clairière douce s'ouvrit en tapis à notre décision farouche...
mais quel trouble subit se prit aux cordes de deux grands coeurs si petits :
figés l'un face à l'autre, un couac au timide rigide
brisa l'accord dit et redit.
Osant à peine nous toucher par des yeux fugaces,
Olivier coula dans mon oreille sage
:"Je préfère t'offrir une bague à la fête du village
c'est mieux, comme ça c'est pour de vrai que tu seras ma femme."
Source : Le baiser envolé