Avis aux dépressifs de la vie, si vous êtes en bas de la pente, vous n'irez pas plus bas, et ceux qui sont tout en haut.... tenez vous quand même
Sur ce, bonne lecture!
Fratricide
Pourquoi mes mains tremblent-elles ?
Pourquoi tout ce rouge sur ma tunique ?
Et pourquoi ma sœur ne bouge-t-elle pas ?
Sa poitrine ne se soulève plus
Comme si la vie l’avait désertée
Et cette marre rouge sous elle
Qui lui a donné cette couleur sombre ?
Mon regard se détache
Et parcourt l’immensité du néant
Près de moi une lame
Pleine de sang
Mais quel sang ?
Le même qu’il y a sur mes mains ?
Ou sur ma tunique ?
Ma main se pose sur le corps de ma sœur
Il est aussi froid que mon âme
Son corps bascule
Une énorme tache rouge se trouve sur son ventre
« Mais qui t’a fait ça sœurette ?
Ma p’tite sœur fragile, qui a osé
Ainsi saccagée ta vie ? »
Mais le silence retombe sur cette scène.
J’entends au loin une voix rire
Elle se moque de moi
Puis son rire s’arrête
Et le silence se fait plus oppressant
Puis je vois mon reflet s’approcher
Elle pose sa main sur le visage de ma sœur
Et le caresse doucement
Puis ses yeux se lèvent sur moi
Ils brillent tant…
« Alors, Adeline, tu ne sais qui a fait ça à ta sœur ?
Allons, ne me dit pas que tu as oublié ? »
Sa voix cristalline se mue en un rire d’aliéné
Qui se répercute dans ma tête
« Mais qui es-tu ? », gémis-je avec tant de difficulté
Que personne n’aurait dû m’entendre.
« Mais je suis toi ! Regarde,
nous sommes identiques… »
Elle sourit de toutes ses dents et m’effraye
« Tu m’as appelé, je suis venue ! »
« Je t’ai appelée ? Non, je ne crois pas… »
« Tu as demandé qui a osé faire ça à ta sœur
Mais c’est toi, voyons ! »
Je ferme les yeux espérant la voir disparaître
Mais son rire de dément reste
Mon estomac se contracte
Je suis pliée en deux
J’ai mal…
La terre tourne tout autour
Le rire s’estompe…
NOIR.
Quand je reviens à moi
Je suis encore dans la pénombre
Peu à peu, je redeviens consciente
Une lumière dans le fond
Je m’approche…
J’entends deux voix se quereller
Elles me sont familières
La mienne et celle de ma sœur…
Elle est vivante !
J’accours vers la lumière
Mais je m’arrête nette, sur le seuil de ma porte
Un couteau est dans ma main…
Le même que tout à l’heure…
Mon autre main tient le bras de ma sœur
Elle crie et hurle
Elle a tellement peur, ma p’tite sœur
Mais je suis froide, indifférente
D’un coup, j’enfonce ce couteau dans sa chair
Il va loin au plus profond, comme dans du beurre
Et je recommence éternellement ce geste…
Puis le corps de ma p’tite sœur s’affaisse.
Une main se pose sur mon épaule
« Tu vois, je te l’avais dit
C’est toi qui l’as tué. »
« Pourquoi ? Pourquoi ?
C’est moi qui aurait dû mourir !
Elle était si douce et si tendre…
C’était un ange d’amour sur cette terre… »
« Peut-être, mais c’était elle ou toi
Et elle ne pouvait tuer ce qui l’a crée
Par contre, toi oui
Détruire ton enfant, tu le pouvais
Tu n’as pas eu le choix. »
Et son rire résonne encore
Et il m’englobe…
Je me mets à rire moi aussi
C’est vrai que c’était facile !
Il suffisait d’un geste
Pour détruire celle que j’étais.
Adeline
14/05/02