C'est vrai. Je l'avoue. Mais tu ne me crois pas. C'est quasi métaphysique comme histoire. Mais si on inversait la propositon, tu crois que ça marcherait ?
L'hypothèse est intéressante et mérite d'être explorée, qu'en penses-tu ?
Cela pourrait expliquer, par exemple, que tu t'obstines à réduire mon travail à une application mécanique du principe de série alors que tu sais pertinemment que ce n'est qu'une facette de ma production et qu'elle ne se cantonne pas, loin s'en faut, à une logique de permutations telles qu'on en concevait dans les années 1970. Mais non. Je n'imagine pas que tu puisses t'adonner à une forme si basse de dénigrement.
C'est comme si tu profitais du harcèlement hallucinant d'un psychopathe sévère pour prendre son parti contre le mien, ou nous renvoyer dos à dos. Ce serait abject, cela. Je ne crois pas que tu puisses t'amuser à des choses pareilles. Un vieil ami comme toi.
Il faudrait que je sois paranoïaque pour imaginer quelque chose de si tordu, envisager que tu puisses souhaiter, peut-être, de me voir "disparaître". La jalousie peut conduire à ce genre de choses mais je sais bien que tu n'en es pas capable. Non, je dois reconnaître mes torts. Je suis un raté qui écrit n n n n n n n n rien n n n depuis 22 ans environs parce que je n'ai jamais réussi à écrire de vers aussi émouvants que les tiens ("les poètes sont égoïstes parce qu'ils ne pensent pas à moi") et qui instaure une dictature subtile dont personne, à part Dimitri Khoklov et toi, ne semble s'apercevoir.
J'ai dû te demander ton aide quand il a fallu que j'écrive Le sens des réalités (1989-2009), Emilie Guermynthe (1997); L'odeur des néons (2009); Bourreau de Merzin (2011), Le projectionniste (2013), que le Chasseur abstrait a eu la bête idée de publier. Hélas ! Tu n'étais pas disponible. J'ai commis l'erreur de ne pas faire appel à toi en coordonnant deux cahiers sur la série où ont participé une vingtaine de contributeurs, alors que tu avais tant de belles choses à dire sur le sujet !
Et tout cela, je l'ai fait juste pour te faire chier. Par jalousie. Par haine, peut-être ! Parce que je sais au fond de moi que tu possèdes cette sagesse intérieure que je n'aurai jamais, n'étant qu'un maniganceur bolchevik manoeuvrant depuis près de 30 ans pour empêcher les vrais poètes - enfin, le vrai poète que tu es - d'accéder à la reconnaissance que tu mérites.
Las ! Je suis démasqué... Et je m'enferrerai, c'est terrible à dire, en continuant mes absurdes histoires de limaces anthropophages sentimentales et obscènes au lieu de reconnaître la gloire qui est la tienne.
Tu as raison : Dimitri Kloklov est bien plus sympathique que moi. Beaucoup plus altruiste, vraiment. Et je vous souhaite beaucoup de bonheur à tous les deux.