Cavaliers sur la plage
(d’après le tableau éponyme de Gauguin)
Comme un grand hortensia ornant une maison,
La plage est saisissante en son habit de rose
Dont la grâce poudrée s’étend à l’horizon.
La nature, coquette, prend un instant la pose.
Depuis des millénaires, posée sur les flots bleus,
L’île prend le pinceau de roses coquillages,
Se parant de beautés qui ravissent les yeux,
Quand les petits éclats s’amoncellent en plages.
L’océan est l’écrin dont cette île paisible
Est le plus beau joyau, un trésor minéral,
Et cette plage rose un bijou indicible
Dont le ton si marqué est un rien théâtral.
Les vagues sont ornées de frises de dentelle,
Leur bleu céruléen s’écrasant à fracas,
Laissant sur le fuschia leur écume si belle,
Qui lèche le bosquet d’arbres tristes et las.
Trois arbres déplumés, perdus et rachitiques
Dressent en bord de plage une idée de la mort,
Tendant vers les cieux clairs leurs longs doigts squelettiques,
Résistant aux embruns dans un ultime effort.
Cavaliers demi-nus ressemblent au Centaure.
La plage-coquillages crisse au pas des chevaux,
Qui marchent doucement sur ces traces d’aurore.
Tous regardent au loin, par-delà les rouleaux.
De jeunes demoiselles aux fringants chevaux pâles
Se joignent aux garçons aux tons de cuivre chaud,
Et le gris minéral des robes animales,
Contre le fond si bleu, prend la teinte de l’eau.
Des chevaux d’Apollon le long circuit s’achève,
Et le feu du soleil n’honore plus les cieux,
Laissant l’azur blanchi au-dessus de la grève.
L’ensemble est un régal pour le cœur et les yeux.
31 mai 2014
atelier musée Petiet
Gauguin ; contrainte : raconter l’histoire du tableau .