Plaisir anticipé, alors qu'on amalgame
Le beurre et la farine , d'un lent geste frotté,
Douceur entre les doigts. Et l'appétit s'enflamme,
En pensant au dessert qu'on a tant désiré...
Peau tendue de la prune, et rondeur de la pomme,
Fermeté de leurs corps que l'on aime palper,
Frisson du sucre roux et gingembre, pour l'homme...
On caresse les fruits, qu'il faut peler, couper.
La langue sur la lèvre essuie les traces brunes
De cannelle odorante, épice de chaleur,
Que l'on a saupoudré sur le rouge des prunes
Et le blanc virginal des pommes sans couleur.
Dans le moule, verser ce découpage tendre,
Parsemer de la pâte en une fine couche
Et, dans l'expectative, impatiemment attendre
D'en pouvoir éprouver la gourmandise en bouche...
Une odeur caramel se répand et enchante,
Riche évocation du plaisir attendu;
Si puissante et sucrée, tentante et alléchante
Anticipation du péché défendu.
Observer la cuisson et la jolie dorure
Que prend dans le grand four le dessert brunissant.
Cette attente n'est rien qu'une douce torture.
Enfin, sortir du four le crumble odorant...
