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Petits Albums Qu'Un Enfant Sème

Pâques souvenirs

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3 réponses à ce sujet

#1 M.KISSINE

M.KISSINE

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  • Une phrase ::De chaque chose il faut tirer le maximum de bonté. Proverbe gascon.

    http://www.lulu.com/spotlight/MKISSINE

Posté 05 avril 2015 - 07:25

Dimanche de Pâques

 

La fatigue attablée raconte ses malheurs :

La fin du monde est proche, on a assassiné

Quatre enfants et leur mère, et l'homme est bien caché.

De mon temps on avait le respect des valeurs.

 

Et puis le savez-vous, le petit prince épouse

Une fille du peuple. Ah vraiment, ces Anglais...

Il y a du travail pour ces jours au palais,

Ça leur fera du bien de tondre leur pelouse.

 

L'horreur, ces accidents, en rentrant à minuit !

Ils ne sont pas prudents : Boit-on si l'on conduit ?

Dis, tu ne fumes pas ces produits dangereux,

 

J'ai peur pour toi, tu sais : Un petit-fils drogué,

Ça me ferait mourir. On n'a pas mérité

Une honte pareille alors qu'on devient vieux.

 

MMXI

 

 

 

Couleur parme

 

C'était le jour de Pâques

 

Les agapes s'éternisaient

Les ventres penauds travaillaient.

D'un peu plus loin, des visiteurs

Vinrent agrémenter le chœur

Comme il sied chaque jour de fête.

Il y eut trois poupées, coquettes,

Au bras d'un chevalier servant

Amis, fatigués par le temps.

La lavande et la naphtaline

N'avaient les yeux de Proserpine

Que pour le sucre des desserts,

Le champagne et puis le thé vert.

Les mots doux comme des poèmes.

C'était la fin de leur carême.

 

MMXII

 

 

 

Pâques

 

Pour fleurir le banquet du rituel sacré,

J'avais, pour mon plaisir, invité mon amie.

L'agréable raison donna sa fantaisie

Souriante au repas, que j'aimai partager.

 

Du temps, on mélangea le présent, le passé,

Dont la nécessité dessinait l'harmonie.

Le nectar de l'instant filait, par sympathie,

Passant ici et là, comme le miel ambré.

 

Dans le petit panier garni de quelques roses,

Le reflet du jardin qu'on aime, pour les choses

Qui ne finissent pas : Le travail de l'Amour...

 

On oublia, ce jour, la croix de l'ignorance

Et le passage étroit de l'intime croyance

Entre la nuit tombant et le bonheur du jour.

 

MMXIII

 

 

 

Pâques 2014

 

Ils sont tous en retard, grand-mère est fatiguée.

Que faire du rôti ? Quelle longue journée...

« J'aimerais bien m'asseoir, voir un peu l'émission,

Les Français retrouvés, leur descente d'avion.

Tout cela m'intéresse et finit la semaine

Avec joie. Quel bouquet, c'est digne d'une reine.

Avez-vous écouté ce qu'ils ont raconté ?

C'est incroyable, ça, j'en aurais bien pleuré :

Des jours entiers passés dans le noir sans personne,

Enchaînés tous entre eux. Vraiment, moi, j'abandonne :

On se croit retourné au Moyen-Âge encor

Avec ces torturés, ces fous plus forts qu'alors.

Et mon rôti ! Vraiment, les jeunes exagèrent.

À mon âge on ne peut plus supporter ces guerres. »

 

MMXIV

 

 

 

Fleur de Pâques

 

L'espace d'un instant, la poupée se présente

Au-devant du bureau, toute espiègle et contente :

En rouge elle ressemble à une jeune fleur.

Est-ce un coquelicot, sincère et plein d'ardeur,

Qui fleurit à Marseille ? Un immense sourire

Obtempère aussitôt. L'enfant sait très bien lire

À travers ma pensée, m'instruisant en détail

De ses activités, promenade et travail

En pâte à modeler, où gentil papa l'aide.

Il n'est pas très adroit mais c'est un bon remède :

« On fabrique de tout, des pommes, des gâteaux

De toutes les couleurs et puis des artichauts.

Ça, c'est plus difficile et parfois ils ressemblent

Plus à des haricots ! On les met tous ensemble,

Et puis tu sais, après, je ferai du vélo,

Vite, sur le trottoir, ça sera rigolo !

Je t'envoie des bisous, je reviens tout à l'heure. »

Hop hop l'écran s'éteint tout soudain et je pleure.

 

MMXIV

 

 

 

Pâques

 

J'aimerais mieux ce soir

Un dîner aux chandelles

Qu'un ciel de désespoir

Terrible qui ruisselle.

 

Le déluge total

A chassé la rivière

Hors du lit cadastral

Et couvert sa lumière.

 

Fervents, les yeux baissés,

Les chrétiens de la terre

Aux autels parfumés

Répètent leur grammaire.

 

Les Pâques, cet avril

Vont passer sous la pluie

Leur minuscule fil

Endeuillé par la suie :

 

C'est comme si le feu

D'un hiver de folie

Avait brisé en deux

Le rêve de la vie.

 

L'Europe a le cœur lourd

Du vide qui résonne.

On dit que les dieux, sourds,

N'entendent plus personne.

 

MMXV

©M.KISSINE



#2 Thomas McElwain

Thomas McElwain

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  • Une phrase ::Les poètes sont des arbres; les poésies sont les feuilles.

Posté 05 avril 2015 - 09:10

J'éprouve une grande humilité parmi de tels poètes extraordinairement capables.



#3 pigloo

pigloo

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  • Une phrase ::les mots !

Posté 06 avril 2015 - 05:39

@Thomas McElwain : lecture faisant, j'ai eu le même sentiment......

 

 c'est un menu de fête que vous nous proposez là, M.KISSINE 

( comme vous semez bien ces petits albums !!!)

 

en forme & fond riches et diverses, ne suis plus lecteur mais l'hôte de votre talent ( mes yeux ont parlé !)

 

M.KISSINE, j'admire votre plume en secret, chut ! :)



#4 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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  • Une phrase ::Je regarde un ciel étoilé et je me sens une grande humilité.

Posté 07 avril 2015 - 05:22

Un peu d'humour parfois et de la tendresse souvent. Un peu de nostalgie et parfois même le désarroi, l'angoisse du temps qui passe. On sent la détresse parfois mais toujours un filet de lumière qui nous permet de survivre de Pâques en Pâques. Merci Kissine pour ces beaux moments de poésie. 





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