Nous savions déjà tous sur TLP que Pigloo était un poète étourdissant, grand joueur de sons et de sens, ainsi qu'un exégète généreux et profond; voilà qu'il nous révèle à présent son talent de scénariste: mon simple poème devient une sorte de film dont je suis le premier spectateur!il ne fait nuit dans un coeur en présence....vêtu de l'apparat du simple cheminant
et dans la main pour unique arme, non point une lame mais une plume...
L'homme plisse le regard, fait quelques pas puis déclame :Réveil à l'ombre de l'absence
Il fait noir à même le sang
Qu'importe un soleil qui s'avance
dans le silence étourdissant
L'oeil aux aguets, tel le faucon tombé d'un ciel de poésie, l'homme se tourne....
c'est M. de Saint-Michel...au sol gît une ombre...
cette dernière s'exclame, tournée vers ce Soleil mobile-
-ce soleil vêtu de l'apparat du simple luminaire, cheminant :D'ailleurs très vite s'y dessinent
les spectres familiers du coeur
vers où nos larmes s'acheminent
Quelle mémoire n'est douleur
Dolore essence, dolorescence - miroitement en éclat de perles d'iris...
or, voilà !-on entend du sinistre le ricanement crispé
et M. de Saint-Michel devine la presque présence de la Femme Michélienne,
spectre du non-dit quand tout est à crier....dès lors :Oh le reflet de ces sourires
et de ces voix qui ne sont plus
Ces mille riens qui nous déchirentCes printemps désormais reclus
Il ne fait pas bon s'attarder...des pas se pressent
- pressentiment d'un coeur de poète qui s'emballe -
d'un geste en grâce du mouvement,M. de Saint-Michel se couvre d'esprit mais découvre tout un pan de son âme.
Dehors, le fer est maudit, tant de cliquetis à vous glacer le sang et le sens des mots :
Passe le vent sur notre terre
Le deuil revêt la chair les os
bien avant la nuit délétère
dont vont s'aiguisant les ciseaux
Il n'est plus d'effroi qu'en la vision d'un linceul qui s'envole
- tout parait d'un irréel, masqué d'illusion....M. de Saint-Michel, le coeur gros...une main effleure son ouïe
- est-ce la sienne ou celle de la Dame nue, longue élancée de svelte élégance
mais pourtant drapée d'évanescence ?
- le vent porte ce quatrain :
La maison vide nous rappelle
telle chanson ou tel regard
Bonheur cruel que nous épelle
un rêve soudain cauchemar
le coeur a ses raisons....Epargné en la brûlure de cette nostalgie, fleur de mirage.
Traces & empreintes sur le sol et empruntant sous le firmament
la voie du cheminant dont nul vers ne se résigne, M. de Saint-Michel cesse de briller en son ciel aujourd'huiIl faut pourtant marcher encore
parmi les sables du désert
en espérant la seule aurore
où s'affranchir de cet enfer
Paradoxe et poésie - son coeur-soleil s'écarte en vers d'horizon...
il fait nuit au dehors mais si jour au dedans
chaleur en l'humain car "l'enfer, c'est le froid"....
******
Encore une fois, merci de l'intérêt que vous portez à mes textes (comme à ceux de nos ami(e)s) et bravo pour la richesse intérieure qui est vôtre...