Dix-neuf heure quinze, c’est l’heure de rentrer au bercail.
Quand Bob le clodo lui demande une pièce pour manger,
Pressé, la tête ailleurs, entre les courses et le môme qui braille,
Arthur baisse les yeux et passe sans le regarder.
Yeux rouges, couloirs bondés,
Quoi de plus banal.
Bras ballants, corps serrés,
C’est l’heure de pointe dans la capitale.
Une heure du mat’, ivre mort, Matsuhiro rentre en titubant.
Un râle, l’œil hagard, l’haleine chargée, il se pose devant son écran.
Toute la journée c’est Excel, réunions, bouffe dégueu et pense bêtes.
Le soir c’est Internet, Clic droit, session privée : sa dernière joie c’est la branlettte.
Yeux rouges, couloirs bondés,
Quoi de plus banal.
Bras ballants, corps serrés,
C’est l’heure de pointe dans la capitale.
Pete est fou ! Son boss va le tuer, les chiffres ne sont pas bons !
La honte ! Son salaire est d’jà en dessous d’celui des autr’ bouffons !
Désespéré, il contemple impuissant la flambée du prix du riz.
Te bile pas mec, tu ne seras bientôt plus qu’un nom sous les débris !
Yeux rouges, couloirs bondés,
Quoi de plus banal.
Bras ballants, corps serrés,
C’est l’heure de pointe dans la capitale.
De sa fenêtre la vue est belle : un joli parc avec des oiseaux
Ici les gens sont gentils et les chambres bien tenues
C’est dommage que ce grillage gâche un peu la vue.
S’il pouvait, il applaudirait. Il est content : demain ils vont au zoo !
Clic, bang, au loin le bruit d’une balle
Quoi de plus banal, c’est l’heure de pointe dans la capitale...