Tournant et tournant dans le gyre s'élargissant
Le faucon n'entend point le fauconnier;
Tout s'effondre ; le centre ne tient plus;
L'anarchie est lâchée sur le monde,
La marée maculée de sang est lâchée, et partout
La cérémonie de l'innocence est noyée;
Les meilleurs manquent de toute conviction, tandis que les pires
Sont plein d'intensité passionnée.
C'est sûr qu'une révélation est à portée de main;
C'est sûr que le Second Avènement est à portée de main.
Le Second Avènement ! Sitôt ces mots sortis
Qu'une immense image sortie du Spiritus Mundi
Trouble ma vue : une désolation de sable désert;
Une forme au corps de lion et à tête d'homme;
Un regard vide et sans pitié pareil au soleil,
Mouve ses lentes cuisses, tandis qu'alentour
Tournoient les ombres indignées des oiseaux du désert.
Les ténèbres coulent encor mais je sais
Que vingt siècles d'un sommeil de pierre
Furent dérangés jusqu'au cauchemar par un berceau ballant,
Et quelle bête atroce, son heure enfin venue,
Se traîne-t-elle vers Bethléem afin d'y naître ?
Traduction Régis Gronoff 2016