Des grappes de nuages se matérialisaient au raz de l'horizon, voilant par instant la partie la plus claire du ciel.
A perte de vue, ils s'entrechoquaient, alors, de l'antre côté de la ligne verte des lisières et des bois. Du château, on ne voyait qu'une mince bande brumeuse oui les feux incertains des brasiers des bergers. Le vent avait forci, levant l'orge des champs. Le vent redoublait de violence. Il semblait que l'espace du ciel était plein. Des nuages, rapides, attiraient dans leur sillage la masse énorme de résonnances d'une interminable création nébuleuse. La pluie, soudain, s'abattit alors que je m'éloignais du chemin, donnant à la nature un aspect ruisselant et fondant, miroitant de reflets éphémères. C'était un orage d'été, bref, violent, vindicatif. Je trouvai refuge dans une maison forestière dont la porte boisé claquait au vent à l'orée d'un profond bosquet. A l'intérieur, de veux portraits de famille oubliés se souriaient de leurs grands yeux maussades et c'est dans des pauses d'un autre temps qu'il se serraient tristement les uns contre les autres. Autour de moi, des visages désuets me regardaient tels des pendus accrochés aux murs. L'âtre, béante résonnait au rythme saccadé de la tempête. La beauté humble de certains laissait supposer qu'ils avaient été, jadis bons et généreux, tant leur visage semblait affable! D'autres, dans leur rigidité semblaient n'avoir jamais vécu et n'avoir jamais été qu'une photo jaunie. Le visage diaphane d'une jeune fille me fixait intensément de son cadre moisi. Elle semblait pleurer des larmes de pluie qui s'écoulaient de ses paupières mortes. Ses lèvres fines esquissaient un léger sourire. Ainsi va la vie, substituant aux beautés d'antan des grâces renouvelées. Je m'approchai , subjugué par sa beauté et touché par sa détresse et déposai un baiser sur ses lèvres purpurines en faisant jouer mes doigts le long de ses cheveux de poussière...