poème extrait de mon recueil "chat-lune". [ excusez pour la longueur]
ALUNISSAGES
Vous tous qui contemplez la lune
Son disque rond, son beau croissant
Pensez-vous à la « valse brune »
Voyez-vous des lutins dansants,
N’est-ce pour vous qu’un satellite
Que l’homme va coloniser
Et qu’il pourra utiliser
Comme une station de transite,
Ou plutôt une séductrice
Qui prête aux mages prédictions
Aux amoureux l’instant propice
Au poètes l’inspiration.
Nous avons des cordes sensibles
Qui vibrent au gré de nos flux,
Humeurs et ondes invisibles
Dans notre sang et nos plexus.
La lune est-elle responsable
De ces changements inconscients
Qui font nos joies et nos tourments.
Peut-on construire un projet stable
Soumis à des jeux lunatiques ?
On ne peut vivre de passions
Uniquement, mais la rythmique
Doit édulcorer la raison.
Nous pouvons regarder la lune
Comme un objet, la contempler
Aux moments sereins de la brune
Nous réjouir, en méditer.
Le soleil par contre s’impose
Nous éblouit, brûle nos yeux,
Astre de vie transmet son feu.
Mais la lune, elle, prend la pose,
Belle de nuit, croissant timide,
Ostensible dans son halo
Ou habillée de vapeur d’eau
Elle nous distille ses fluides.
Mais seule la nuit est propice
Pour qu’en nous infusent ses dons.
Ce sont d’hermétiques leçons
Dont nous tirons les bénéfices
Au fil des ans si nous savons
Rester intuitifs, perméables,
Si nous baissons nos boucliers,
Si nous ne sommes pas liés
A des piliers inébranlables.
Nous percevrons le sens réel
De cet univers insondable :
La notion du spirituel.
Si je vous dis, après la vie
Nous n’allons pas vers n’importe où.
Cet avenir nous paraît flou,
En fait, nous n’avons pas envie
De penser à ce rendez-vous
Avec un espace intangible
Qui pour nous n’est qu’un grand trou noir
Une ombre, un sinistre entonnoir,
Son existence est peu crédible.
Après le jour, c’est une nuit,
A ce propos, il est loisible
De penser que la lune y luit.
Car notre univers est logique.
Pour moi, il est faux et malsain
De déduire que les « anciens »
N’avaient qu’une vision mythique.
Nous qui sommes « près du terrain »
Si fiers des acquis de la science
Avons peine à imaginer
Qu’ils pouvaient alors accéder
Par un autre état de conscience
Aux perceptions d’un au-delà
Qui pour eux était évidence :
« Tel est le haut, tel est le bas » (Hermès)
Chaque nuit, nous partons en rêve
Vers cette escale d’avenir,
Notre âme lasse y va dormir
Jusqu’au moment de la relève,
Et lorsque nous devons mourir
Cet astre guide nous emmène
Elle éclaire nos jours passés
Avec des reflets inversés
Changeant nos veines et nos peines
En expériences et ferments
Pour que notre mort soit sereine
Et se dispense au firmament.
Le chat sait cela, lui, cet être,
Il voit cette blême clarté
Ouvrir un chemin tout tracé
Lorsqu’un mourant va se démettre
De son corps, passer à côté.
Un chat, « Oscar », en est la preuve
A Rhode Island, accompagnant
Les gens dans leurs derniers instants
Apaisant cette ultime épreuve.
Il voit la lune et son chemin
Glisse la barque sur le fleuve
Et fait un signe de la … patte.