Te souviens-tu des grandes tables alignées,
Des chaises, du tableau noir et de nos casiers ?
Te souviens-tu de cette odeur d'encre et de colle
Que nous gardions en tête au sortir de l'école ?
Le matin, de bonne heure, tu passais me chercher
Je vérifiais que j'avais bien tous mes cahiers
Ma trousse, mon goûter et mon livre d'anglais,
Un manteau, une écharpe et puis je te suivais.
Ensemble nous marchions gaiement dans les rues sombres
Révisant tour à tour la lecture et les nombres
Et quand disparaissait le feu des réverbères
Il faisait presque jour dans les rues de Quimper.
Nous étions en avance devant le bâtiment
Nous retrouvions alors tous les autres enfants
Ceux qui étaient venus tous seuls comme des grands
Ceux qui avaient cheminé avec leurs parents.
Nous avions alors hâte de rentrer en classe
Nous ranger deux par deux, chacun bien à sa place
Retirer nos manteaux, poser nos sacs à dos
Et copier sagement la leçon au tableau.
J'aimais ces moments-là, je crois que toi aussi
Apprendre avec rigueur, confirmer nos acquis
Savoir synthétiser, démontrer, disserter
Faire preuve de sérieux quel que soit le sujet.
Pas tout à fait encore conscients de notre chance
D'acquérir, bien au chaud, toutes ces connaissances
Nous ne nous voyions pas gagner en assurance,
Grandir et nous approcher de l'adolescence.
Maintenant, où es-tu ? Que fais-tu de ta vie ?
Repenses-tu à l'école encore aujourd'hui ?
Es-tu devenu grand ? As-tu fais des enfants ?
As-tu tiré un trait sur nos moments d'antan ?
Moi, je me souviens bien des tables alignées
Alors, si par hasard tu passais me chercher
J'attraperais mes clés et un peu de monnaie,
Un manteau, une écharpe et puis je te suivrais.
Muguetto