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''La 'vulné' c'est pas sexy''

Québec Amérique XXIe

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2 réponses à ce sujet

#1 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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  • Une phrase ::Je regarde un ciel étoilé et je me sens une grande humilité.

Posté 17 mars 2019 - 04:50

Le Devoir, 16 mars 2019. Dominic Tardif

 

Critique du roman de Lily Pinsonneault ''Pas pressée''

 

Édition, Québec Amérique, Montréal.

 

''Jolen a changé. Mais pas tant que ça non plus. Retrouvons-la alors qu’elle relit un texto envoyé la veille à Joseph (encore lui), après avoir enfilé quelques petits boires de trop. «Le seul problème, c’est que mon enthousiasme débordant et l’heure à laquelle j’avais écrit le message laissaient un peu entrevoir ma vulnérabilité. La vulné, c’est pas sexy

 

Avec son premier roman, ''Sauf que j’ai rien dit'', Lily Pinsonneault embrassait en 2017 une histoire à la fois hypercontemporaine et vieille comme le monde, celle d’un amour plus fantasmé que réciproque, gonflé à l’hélium d’un de ces échanges virtuels dans lequel un des correspondants s’investit davantage que l’autre.

 

Une vraie de vraie relation

 

Amélioration notable: la Jolen avec laquelle on renoue aujourd’hui dans ''Pas pressée''émerge d’une vraie de vraie relation, mais qui se sera peu à peu étiolée sous le poids de ses nombreux silences à elle. Retour à la case départ (ou presque).

 

La vulné(rabilité), c’est pas sexy, donc? Évidemment que Jolen sait qu’elle se trompe, ou du moins qu’on ne devrait jamais considérer sa propre fragilité à l’aune du regard de l’autre.

On le comprendra rapidement: la jeune femme tente toujours, sans tout à fait y parvenir, de ne pas chercher son reflet dans les yeux de garçons qui se foutent d’elle. Mais quelle tâche sisyphéenne que d’apprendre à s’aimer soi-même!

 

Grise saison sous la couette

 

À l’instar de son prédécesseur, ''Pas pressée'' captive d’emblée grâce au rythme effervescent d’une langue simple, mais qui se méfie de la banalité, et qui insuffle à chacune de ses phrases cette très singulière conjugaison d’espièglerie et de gravité digne d’une conversation entre vieux amis.

Et c’est d’ailleurs cette langue qui place Lily Pinsonneault dans une catégorie à part parmi toutes celles qui trouvent matière à tragicomédie dans les chagrins sentimentaux et existentiels de la célibataire négociant le tournant de la trentaine.

 

Dialoguiste dégourdie, la romancière demeure dotée d’une paire d’oreilles aiguisées, qui savent capter avec précision la drôle de langue vernaculaire que malaxe une certaine jeunesse montréalaise, mélange savoureux de vieux québécismes, de franglais, de fausse vulgarité, de politesses surannées et d’inventions. Les «chums de femme» de sa narratrice héritent d’ailleurs de quelques morceaux d’anthologie de monologues échevelés.

En racontant la grise saison sous la couette d’une fille intelligente et pourtant trop orgueilleuse pour reconnaître qu’elle souffre de trouble panique, le second tome des aventures de Jolen met en lumière la honte sourde que charrient encore les problèmes de santé mentale. Le dosage est juste, assez fin pour que rien ne ressemble ici à une campagne de sensibilisation.

 

Un gouffre

 

Ode au pas de recul nécessaire au débrouillage de sa propre identité, ''Pas pressée'' tient la chronique d’un passage de la vie où l’accumulation de petits malheurs soignés à la sauvette finit par révéler, à l’intérieur, un gouffre plus grand qu’on le soupçonne.''

 

 

En t'attendant

Je nourrirai le brasier de mes ennuies

Au feu de mes souvenirs

Et je repoudrerai le ciel avec ces étincelles

Rien que pour faire passer le temps

Et achever cette éternité qui n'en finit plus

Je dévoilerai le tison du diable

Et je refermerai les portes de l'enfer

Je guérirai de deux ou trois cancer

Et de toutes ces douleurs incroyables

En t'attendant

Je referai l'amour sans amour

Comme ces gros balourds

Rien que pour passer le temps

Le temps des lilas et le temps des fêtes

Le temps de toi et moi et le temps maudit de cette solitude

En t'attendant

Puisque je ne suis rien sans toi

Et que sans ton amour, je brûle inutilement

Dans l'incommensurable incendie

De ton absence

 

Julien Hoquet



#2 Victorugueux

Victorugueux

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Posté 17 mars 2019 - 05:36

La vulnérabilité ? Parlez-vous de la tendresse? de la  fragilité ? ou de cette idée de la féminité ?



#3 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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  • Une phrase ::Je regarde un ciel étoilé et je me sens une grande humilité.

Posté 17 mars 2019 - 07:58

Je crois que l'auteur parle de la fragilité que l'on affiche avec ceux qu'on aime.