C'est un poète qui avait peur des mots
Les mots 'pisse', 'haleine' et 'sueur'
S'écrivaient dans son malaise corporel
Et se tatouait sur sa peau lamento d'écrivain
Comme des cris de peur et de honte
Alors il utilisait des mots aseptisés
Des mots sanctifiés par la littérature
Comme 'copier', 'coller' et 'fricasser'
Et il faisait le malin avec l'alphabet
C'était un poète qui s'ignorait
Le vent et la pluie le rebutaient
Et il courrait se cacher chez son éditeur
En se vantant du beau temps avec son parapluie
C'était un poète sans poésie
Et s'il rectifiait les épices de sa vie
Dans l'attente d'une révolution plus que culinaire
Et il se laissait croire qu'il voulait vraiment
Changer les choses avec les mots
Il est mort un matin sableux
Au triste chant des merles bleus
Son éditeur fera fortune
Avec de trop rares clairs de lune
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La Femme est douleur
Tellement son corps est bleu
Et son cœur brisé
La Femme est beaucoup
De douleurs
Vivre une vie de Femme
Prends plus d'une vie
Vivre une vie de Femme
C'est toute la Vie
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Je l'entends qui roucoule
Dans le bocage
Elle chantera comme le grand-duc
Cette nuit
Tourterelle mélancolique
Entre deux clochers
Ruisseau d'eau claire
Roulant sur le dos du printemps
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Dans la mélasse de la nuit
Les fous de Bassan
Sont passés
Ils s'en vont en Gaspésie
Ils aboieront à L’île Bonaventure
La semaine prochaine