Au fil des jours toute chair se délite
Glisse le sable au gouffre du passé
Il n’est ici bonheur qui ne l’évite
quand le mistral embrasé ou glacé
soufflant dans le désert vient renverser
tous les châteaux de cartes dont notre âge
s’enorgueillit Car de songe en mirage
de fantôme en fantasme ineptement
nous avançons jusqu’au dernier rivage
En vérité la Mort seule ne ment
Quel avenir déjà ne périclite
Quel lendemain n’est déjà effacé
Pour qui voit clair et en son cœur médite
le temps se fait plaisir à fracasser
le plus petit espoir À disperser
chaque saison de notre âme volage
chaque raison chaque voix chaque image
Si notre vie se voulait un roman
il n’en demeurera la moindre page
En vérité la Mort seule ne ment
Quant aux amours dont la flamme palpite
une heure ou deux sous le soleil blessé
quel tas de cendres ce sera Très vite
le soir tombe Puis la nuit Insensé
dans les illusions du monde enfoncé
un masque aveugle en guise de visage
qui ne perçoit s’approchant le naufrage
l’ombre à venir de notre effondrement
Nulle autre fin à ce triste voyage
En vérité la Mort seule ne ment
Humain sache fixer avec courage
le deuil promis à ton vagabondage
Tu n’es point dieu Aussi à tout moment
dois-tu t’attendre à l’ultime passage
En vérité la Mort seule ne ment