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jolie

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Hors-ligne Dernière activité : déc. 08 2021 08:30

#383372 Réflexion

Posté par jolie - 03 novembre 2020 - 06:09

Plusieurs pas m’y mènent, 

le long d’un chemin bien parcouru, 

dans un vent taquin et vibrant.

 

Je l'entends faire bouillonner 

l’écume par les rafales, puis je la vois, 

une rivière, du haut du cap.

 

Des affluents étroits serpentent 

et me laissent me demander leur but.

 

Les courants passent le long des berges,

montent et baissent bon gré mal gré.  

 

J’entrevois la tête de la chimère 

sur la surface, en riant, 

la queue écaillée se tord sous les remous.  

 

Les profondeurs retiennent ma muse 

inspirante et ne la relâchent pas.

 

Une illusion, puisque les rayons du soleil

projettent un visage sur les rides.

 

Soudain, le vent tombe. 

Les vaguelettes ainsi que mon âme 

se calment légèrement.

 

Un aspect lisse se forge sous l’eau,

et alors mes soucis ne se reflètent plus.

 

Juste avec clarté dans mes pensées, 

je compose les rimes fragiles ce jour en mai.

 




#379643 La Perte d'une Amie

Posté par jolie - 05 juillet 2020 - 06:11

La photo nous montre notre plus heureuses,

prise l'été dernier à la fête du village.

 

Nos têtes se touchent presque, un type de corps similaire,

et nos larges sourires inclinent vers la lentille.

 

Des différentes coiffures et couleurs,

mais ayant les mêmes cheveux gris en dessous.

 

Nous étions cousues, comme deux pépins

dans un sachet de calicot,

à l’aise l’une avec l’autre, et inséparables.

 

La vie est venue et a défait une couture.

 

La vie, pas la mort.

 

La perte de toi ma plus chère amie

par la mort serait écrasante et finale,

mais pas amère.

 

Et le fedora dans ta main

sur lequel nous nous sommes disputées

au stand du vendeur

et que j'ai lâché à contrecœur,

 

a été accroché dans ta pièce libre.

 

Avec douceur, bien sûr.

 

Des poussières tourbillonnent autour du bord,

même le chapeau se déplace un peu

lorsque tu fermes la porte.

 

Elles s'installent,

et le fedora sur le crochet

reste immobile,

 

à portée de main

quand la porte rouvre.




#376188 Le Puits Bleu

Posté par jolie - 25 avril 2020 - 04:53

Je serpente par les rues poussiéreuses 

dans une ville pleine de façades 

d'églises et des voûtes romaines 

et je trouve par hasard un puits bleu, 

son côté lisse comme la craie, 

carrelé et incliné; une étendue ronde 

où le passé et le présent se refroidissent. 

 

Des amphores et des urnes à côté,

les femmes se rassemblent pour le rituel 

quotidien, le cours de la vie, l'échange 

de la modestie entrelacé avec les salutations 

dans la chaleur de midi. 

 

Bavardes et animées, elles trempent les seaux, 

abaissent les cordes, une se met à genoux 

à l'eau renversée, sa anse luit comme 

une monnaie blanche qui attire du trottoir.  

 

La présence d’une source indéfinissable, 

le puits, qui donne des passages 

souterrains circulant aux régions basses, 

foncé et froid, recherchant l'aqueduc. 

 

Une expression naturelle, les échos 

secrets des confessions murmurées, l'unité 

la plus pure, une autre femme plie 

au bord du puits et chuchote aux gouttes, 

qu’offrez-vous ?  

 

Une vitalité au forum énergétique, un remplissage 

de la profondeur, puis un courant soudain 

d’air arrive, vers le haut, à travers les promesses 

dans les mains mises en coupe, et 

avec un tremblement des lèvres, l’air coule 

aux dômes rouges au-delà portée de vue, 

retour et s’installe sur la forme consacrée.

 



#338423 Un Souvenir

Posté par jolie - 06 septembre 2017 - 03:20

Les poches des fleurs sauvages annoncent

l’arrivée du printemps dans la vallée.

Dès un tempo en repos, ces intervalles

des violettes et muguets s’intensifient

 

avec couleur grimpant la colline.

Sous eux, la couleur de la terre, qui

était en jachère, devient de plus en plus

foncée.  Autour, les plumes des dindes

 

tombent en voltigeant pendant

que les mâles picorent le maïs de l’année

dernière.  Il y a un mélange de poterie

fauve et jardins sculptés eparpillé le long

 

de coteau.  Un sentier des cailloux

mouchetés en gris-foncé passe en flèche

vers la ville et contourne ses murs

de granit pour finir à une porte voutée.

 

Quand un scooter passe, les points

grenus se levent, puis retombent

dans une vielle cour.  La fontaine,

la maîtresse de la cour, son visage

 

de marbre indigné, écume et glouglotte

quand un inconnu s’arrête ci-devant,

puis le chasse avec ses éclaboussures

d’eau.  Le feta friable, les visages tachés

 

de son, une statue en bronze, une charmille

sur le point de la floraison: cette photo

éclatante que tu as prise par un grand-angle

le mars passé de notre balcon d’hôtel.




#335542 un souffle du printemps

Posté par jolie - 18 juin 2017 - 02:08

Merci beaucoup.




#335538 un souffle du printemps

Posté par jolie - 17 juin 2017 - 03:46

tu arrives le matin

du manteau de la nuit

dans l’odeur caractéristique

d’un arbre à feuilles persistantes 

et me fais signe

en dehors de ma rosace

 

tu me mènes au bord de la route

où je respire la douceur

qui traverse jusqu’au présent

un virage lent de la Nivéole de printemps

le soleil incline pour de bon

 

tu complètes le sifflet dans le vent

tu réponds à la chanson

de mon rossignol

par les étendues non peuplées

dans la pause

de mi-après-midi

 

je marcherai toujours avec toi

 

quand le soir est fini

l’odeur de ta gypsophile

persiste à ma table

atteint la lueur

diminuente du feu

de mon foyer

 

reveilles-moi par ta jonquille

la sentinelle au portail

d’hiver qui passe

elle tient ce jour

et se calme aussi

jusqu’à la dernière floraison

exhale dans l'été




#307871 de Meilleurs Moments

Posté par jolie - 11 septembre 2015 - 05:22

On dit qu’une montagne en tant que ceci se fera

     éboulée à temps et que l'aigle sur son rocher à pic

lointain, dont la mémoire de vols passés est forte,

     montera plus haut pour éviter une terre chauffée.

 

Bien-aimé, de notre couverture de pique-nique

     au tertre bas, nous voyons la chute de neige qui souffle

au pic. Des courants fines s’enroulent avec grâce

     puis en mouvement continu se séparent et tournent

 

vers nous à l’est. En mon imagination nous montons

     le versant et faisons une pause au-dessous de la cime.

L'embrun existe un instant, puis scintille pendant

     qu’il passe à un endroit séparé.  La poudreuse tombe

 

dans les crevasses dures où l'air est très froid

     et ni le vent ni le soleil pénètre. Tes lèvres bougent

silencieusement, ici, sur l'herbe, et l’aigle vole

     en aval de son aire.  Comme il décrit des cercles sous

 

un ciel mauve clair de l’automne, ton visage

     éclaircit avec la merveille. Le jour se transforme

peu à peu en soirée et la teinte assombrit

     près du sommet. Nos deux mains s'entrelacent.




#306106 Mon clocher

Posté par jolie - 15 août 2015 - 07:45

J'aime le pathétique de cette poèsie.

 

Liz




#305948 Zéphyr

Posté par jolie - 12 août 2015 - 09:46

Je voyage sur une côte blanchie de chaux,

et je cueille des embruns de temps pour toi.

La marée haute déferle dans le bras de mer,

et renonce le craquement frais d'hiver de demain. 

En tant que les vagues s'éloignent, je te prends

par les sentiments et je te demande

quels moments tu choisis.

Une sterne arctique avance,

le saule pleureur lui a pardonnée

sa larme simple.

Ce sable qui reste est maintenant propre.

Le jour révèle une barre dans le canal, 

les chardons à plume poussent sur le cap,

Je me demande ce qui se trouve au delà d'eux.




#304559 La Romance sur un soir pluvieux

Posté par jolie - 16 juillet 2015 - 06:38

la romance en fa dièse attend au-dessous d'une octave

puis une autre

l’imitation d’ivoire suit le long

ses lèvres sont légèrement séparées

ses mains sont prêtes sont pour jouer l'andantino

elle sent le son se presente

avec une diversité au gré

un mal physique qui se soulage

par l'eau fraîche qui coule sur les doigts

une accélération capricieuse

qui se transforme en inflexion mélodieuse

inondant les oreilles d'auditeurs

tap tap staccato en bas de leur épine

un jeu sinueux

avec une langue qui caresse

plus qu'ils pourraient vouloir oublier

où le lendemain se trouve

 

la pianiste remplace chaque clef

avec une nostalgie sournoise

la romance a été joué il y a quelques mois

elle glisse et brille

la musique parle

le piano dans la salle de concert

est un lustre fait de bois de rose brésilien

sous des lumières qui saillent du plafond

et dansent sur une silhouette

finale de approche

les auditeurs regardent en haut

les gouttes infimes sur son visage

qui luisent de sueur

et traînent vers une poche de joie et vitalité

alors que la dernière note

passe au-dessus de son épaule

la mélancolie se fane à une consolation éloignée