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Publications sur Toute La Poésie

Une (vraie) chambre des horreurs

09 novembre 2024 - 01:42

RECIT SUR LES ACTIONS DE J. S. JAMESON AU CONGO


Les coloniaux pressés par l’urgente mission,
S’affairent sans répit sur la forêt pluviale
Un gouverneur subit la colère locale
Et ne peut s’opposer contre la rébellion,

Jameson s’est adjoint à cette expédition,
Cherchant à pénétrer la culture tribale,
Il apprend qu’en ce lieu le peuple est cannibale
Et voudrait vérifier s’il s’agit de fiction,

Il offre du tissu pour l’achat d’une fille
Un homme la prendrait sans que son regard brille
Et fixerait ses bras sur le tronc d’un sipo,

Ouvrant son abdomen puis ôtant les viscères,
L’enfant ne hurlant pas, connaissant ses compères.
– L’irlandais, parait-il, en peignit le tableau.

 

 

LA REFORME DES DROITIERS


Le président a vu son doute confirmé,
Quelques droitiers bornés ont corrompu la Chine,
Leurs idéaux de classe enrayent sa machine,
Un pourcent du pays doit être réformé.

Les nombreux étudiants se font son bras armé
Et, sondant les cités, abattent et burinent
Les antiques bouddhas dont le message mine
Puis passent dans les rangs du pays alarmé,

Les collectivités livrent vite des listes :
Un ouvrier discret blâme les communistes,
Un enseignant, hier, tint un propos suspect ;

Les déviants menés face au peuple placide
Sont sommés d’avouer leur mépris du respect.
La plupart sont battus et beaucoup se suicident.
 


PATRICK DEWAERE


Le mariage débute et Dewaere est tendu,
Il ressent l’embarras qui sourd en sa conquête :
La presse est arrivée au début de la fête,
Un journaliste, ami, l’a platement vendu.

L’époux vient lui parler de ce malentendu :
« N’avions-nous pas choisi que l’union soit discrète ? »,
Le judas, méprisant, se fait biffer la tête
Puis se plaint à ses pairs que l’acteur est tordu …

Les médias dépités par le style du hère
Maltraitant un des leurs dans son ire grossière
Refusent en retour tout mot à son sujet,

Et le comédien doit, juste avant son suicide,
Constater sur un film une mention lucide
Introduisant son jeu par les lettres « P. D. ».

 

 

LE DESESPOIR DE SINEAD O’CONNOR


Sinéad, à treize ans, a déserté sa classe
Et zone dans Dublin, commençant à voler.
Son père, rigoureux, choisit de l’installer
Dans un sombre couvent où s’enjoint l’âme lasse,

Chaque femme perdue y découvre une place,
Les sœurs, le regard sur et d’un amour zélé
Mêlant la correction et le travail sous clef,
Y Prient le Seigneur qu’aucune se prélasse ;

Du matin jusqu’au soir sous un silence sacré
Elle plie ou blanchit chaque vêtement livré
Et consomme un repas ou se lit l’Ecriture

Puis la nuit de la chambre où son rêve est perclus
Elle entend sans espoir ce que ses pairs endurent
Et laisse dans le noir les chemins de Jésus.
    

    
MUKADAM


Dans le Karnataka, la terre semble boire
Le sang des travailleurs éreintés dans un champ,
Leurs muscles vigoureux se bandent en fauchant
La canne pour un gain toujours plus dérisoire,

Des jeunes femmes sont vieilles comme une moire,
Leurs esprits dépouillés de lumière et de chant
Et leurs corps malheureux sacrifiés au marchand
N’observent ni pitié, ni raison et ni gloire.

Ces nombreux métayers acceptent d’être forts,
Un mukadam près d’eux surveille leurs efforts
Et peut rosser soudain la vigueur amollie ;

Certaines, chaque mois, n’en pouvant plus du mal
Fuient sur son conseil vers un proche hôpital
Y payant pour subir une hystérotomie.
 


LE DISCOURS DU PRESIDENT RUSSE SUR L’INVASION DE L’IRAK


Le président est sec en montant sur l’estrade
Et commence à parler en russe calmement,
L’assemblée est surprise en suivant sa tirade,
Jusqu’alors en anglais, parfois en allemand.

Personne n’est inquiet cependant à ce stade.
Moscou s’est montré prêt à rejoindre l’Otan.
Lui qui des réunions lançait quelque boutade
Perçoit tout l’intérêt d’adhérer à ce camp.

Poutine continue à haranguer la salle :
« L’objectif serait-il désormais qu’on installe
Des projets fallacieux qui corrompent le droit ? ».

La discussion, le soir, demeure positive.
Le Kremlin ne peut pas oser une offensive.
La plupart sont confiants : « Cela lui passera. ».



REYHANEH JABBARI


Six heures du matin, on baisse le levier.
Les officiels présents confirment la sentence
Puis quittent du regard les corps qui se balancent
La tête recouverte et le bras prisonnier.

Un soir, un médecin invita Reyhaneh.
Il cherche à rénover les murs de son agence.
Jeune décoratrice, elle se fait confiance
Et suit l’homme – violeur, qui se fait poignarder.

Les policiers, sanguins, prennent la jeune femme
La prive d’avocat et la frappe des mois
– Pour qu’elle avoue enfin avoir enfreint les lois.

Le juge les entend et condamne ce drame,
Les proches du défunt refusent tout pardon,
Et l’état iranien acte la pendaison.
 

 

MONSIEUR LARONZE S’EN VA EN GUERRE


Monsieur Laronze attend, muet, dans sa voiture,
Deux gendarmes autour se rapprochent, sans voix,
Peut-être idem à ceux qui vinrent autrefois
Laisser cinq bovins morts au fond de sa pâture,

Il les sortit lui-même, apprenant la nature
Très zélée, à distance, à chapeauter les lois,
L’intimant de se taire ou d’aller aux abois,
Puis prenant un troupeau qu’à leur sens il torture.

Il soutint, sans excès, « Formez le bataillon ! »,
Affleurant son tracteur à l’ost de la nation,
Entre l’aube et la nuit son rythme était lucide.

Assigné sans égard à rejoindre les fous,
Il fuyait leur contrôle, hanté par le suicide
Et n’y pense plus guère ; au flanc, saignent trois trous.



Et ? Justement, il y a une certaine débilité à répéter la même chose, je m'en rend compte. 7 ou 8 fois finement et dans une perspective autre que de présenter l'homme comme un vrai boucher, cela peut passer éventuellement.

 

Ces sonnets sont donc passés à la poubelle de mon projet littéraire. Désolé de conclure ainsi, mais les histoires restent bien présentées je le pense.

 

Objectivement, il y a un certain étonnement de ma part sur le fait que ce sujet puisse "captiver" certain et non d'autres - sans jugement de valeur, cela peut passer pour une perte de temps.

(libre à vous de donner votre avis sur ces réflexions)












 

Raoul Villain s'en va en Guerre

07 mai 2024 - 09:26

Les coups de feu tirés, Raoul Villain s’enfuit.

Jean Jaurès vient sombrer au fond de la banquette,

Du sang, par petits jets, s’échappe de sa tête.

Un témoin sidéré laisse échapper un cri.

 

Un policier présent le course et s’en saisit.

Pour toute explication le meurtrier décrète :

« J’ai vu la trahison à laquelle il s’apprête

Et je sais aujourd’hui mon devoir accompli. » ;

 

Le juge le questionne, un avocat s’atterre :

« Cet élu consacrait tout son temps à parler.

Ne plaignez surtout pas ! Il faudrait l’égaler. »1

 

L’accusé se morfond pour la fille et la mère,

Le jugement est clair : il fut pris d’un accès …

Et condamne la veuve à payer le procès.

 

 

 

1 : Le Procès de l’assassin de Jaurès, Ed. de l’Humanité p 399-400

 

("Sous un Ciel" chapitre "extrémismes")

La conscience

21 janvier 2024 - 02:05

Jusqu'à quel niveau pouvait-on aller ? Au 30eme, au 50éme, au 100éme ?

Le monde semblait en livrer au besoin des milliers ; dans les tiroirs, les bibliothèques et les débarras de l'inconscient collectif s'en formaient de nombreuses images.

Je les entrevoyais parfois, à travers les objets, au détour d'un chemin, pareils aux étoiles.

Peu de personnes souhaitaient encore osciller entre le possible et l'amertume ; la révolte avait été circonscrite, presque parfaitement et seul un vaste champ d'honneur semblait se dessiner quelque part.

Dans un musée parisien, placée discrètement sous une coupole en verre, une petite sphère métallique aux reflets jaunes luisait, "La Conscience" ; je pensais parfois au propos d'un philosophe allemand sur le sujet : "Je vivrai à présent pour que les hommes jettent leur balle d'or".

S'imaginait-il alors, affleurant un monde d'objets, sans espoir vain, modestes créateurs intégrés à un Tout, pleinement libres d'adhérer au principe au final la sobriété du besoin ? Pour atteindre la plénitude, qui ne devrait pas, simplement et avec confiance, jeter du lest ?

Je considérai sans illusion l'éther. Le bonheur apparaissait, plus que dans cet objectif, dans la distance possible.

4 Sonnets

18 novembre 2023 - 06:27

Le Lama

 

« la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles; et ils n'ont de repos ni jour ni nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et quiconque reçoit la marque de son nom. » Apocalypse 14/11

 

Au calme des cerros, la curieuse vigogne

Arpente avec entrain la sente des adrets

Ou comme le troupeau se pose dans l’air frais

Pour tendre vers l’herbage un long cou de cigogne,

 

Que la neige l’enceint ou que le soleil cogne,

Dans les altiplanos la mort est sans apprêts,

Son corps demeure alerte et ses sabots sont prêts,

Les bêtes, maraudant, ont laissé sa charogne,

 

Parfois son front laineux que le temps a bruni

Entrouvre un fin museau qui brillamment hennit

Pour témoigner à tous du plaisir qui l’avive,

 

Ou face au malotru le rendant ténébreux,

La colère sauvage écarquille ses yeux

Et délivre au méchant un peu de sa salive.

 

 

Le Vol de l’Aigle

"Et de leurs yeux de pierre ils regardent sans voir" José-Maria de Heredia, Vitrail

 

Sous l’éther immuable où le soleil scintille

Le rapace, sans bruit, s'étire dans le ciel

Et d’un œil acéré coloré par le miel

Observe sans ciller la tranquille charmille.

 

Un animal soudain a troublé sa pupille

Et l’aigle majestueux par un désir charnel

S’abatant tel un bloc de l’azur éternel

Veut capturer la proie en ses serres qui brillent.

 

La victime un instant séquestrée en plein vol

Sent la puissante griffe appuyer sur son col

Et le maitre des cieux se diriger vers l’aire,

 

Sur l’aride sommet prisonnier des rayons

Surplombant la vallée et la falaise claire

Attendent, impuissants, ses deux petits aiglons.

 

 

L’Enfer

 

« L’un sera pris et l’autre laissé » Matthieu 24/40

 

Certains partent un jour, le cerveau plein de larmes,

Voulant changer le monde, élever leurs égos,

Quittant Jérusalem – sibylles, hidalgos ... ─

Qui les a subjugués de ses multiples charmes …

 

Le Ciel semble si bas, beaucoup crient : "Aux armes !",

Espérant quelque part d'autres eldorados.

Cherchaient-ils un bâton ─ le diable ayant bon dos ! ─                                                                        

Se voulant en leurs cœurs bénédictins et carmes ?

 

Comme un petit enfant enfoui dans son berceau

D'une forme inconnue accrochée à l'arceau

Peut extraire en son rêve une étoile nouvelle,

 

Ils s’embarquent soudain vers ce grand horizon

Où l’on désire un temps au gré de la saison

Déchainer jusqu’au bout quelque morne cervelle.

 

http://www.toutelapo...?hl=l'enfer (si M. lit cela, il avait vu juste à l'époque sur l'idée)

 

Le Buisson Ardent

 

« Moïse regarda ; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point. » Exode 3 / 2

 

Du fond de la forêt, plein de morosité,

Un esprit se morfond en bruissant le feuillage :

« Quelle faute génère un si sordide outrage ?

Par quel mal cet humain peut-il être agité ?

 

Ayant ouvert son front à toute atrocité,

Cet être malfaisant se répand et saccage :

Des monceaux de débris et d’animaux en cage

Souillant sols, cieux et mers élève sa cité !

 

Se mouvant au hasard ? Assoiffé de lui-même ?

Hermétique au savoir comme à chaque problème ?

Peut-on vraiment se perdre en ces rêves damnés ?

 

La mort à ses côtés, verra-t-il son mérite

A vouloir continuer ce lamentable rite

Détruisant dès le sein ses frêles nouveau-nés ? »

 

 

 

http://www.toutelapo...+malheur +satan

 

Bon je crois que j'ai terminé mon recueil de poésie classico-néo-romantique, 81 sonnets.

 

Ça me fera bien marrer si il est publié ! Pour ce que cela vaut s'il en est qui se souviennent de mes débuts sur ce site.

 

Quelques autres potentiels futurs grands classiques qui peut-être plairont :

- l'Illumination de Saül

- Saint Cyrille d'Alexandrie

- la Crucifixion de Jesus-Christ selon l'Apôtre Jean

- Le Couronnement de la Vierge

- Tomas de Torquemada

- La Triste fin de Jérôme Savonarole

- Le Procès de Gallilée

- Amon-Râ

- Siva

- Les Thugs

- Patrick Dewaere

- Marianne

- la Désillusion du Che

- le Marteau

- la Réforme des Droitiers

etc ...

 

Sinon qu'y puis-je ? Au moins j'aurai essayé de divertir, me semble-t-il convenablement et agréablement :)

La Discours d'Uptalaveda

19 juillet 2023 - 08:42

Des monts du Cachemire où la jungle s’enroule

Utpalaveda songe à sa sobre passion,

Śiva livre à l’humain sa manifestation

En formant les contours de l'immuable moule :

 

Idée, envie, instinct, souvenir qui nous foulent

Peuvent se purifier dans la saine station ;

La conscience, en retour, porte son attention

Au Seigneur – ou se perd dans un ru qui s’écoule …

 

Dharmakīrti s’étonne : « au fond rien n’est présent …

Et quand même serait ce principe immanent,

Se pourrait-il qu’un Soi dans l’Etre ait cette cause ? »

 

Le sage le réfute et soutient la question,

Unis par cette loi, chacun cherche l’action

Ou la māyā parait dans l’esprit qui s’oppose.

 

(un peu pressé d'envoyer le message ... ^^)