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Ariel

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Publications sur Toute La Poésie

Répondre à travers un jardin

07 février 2024 - 11:08

Répondre à travers un jardin

 

C’est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain ne l’écoute pas.
(Victor Hugo)

Un homme, -homo habilis :
« -C’est une triste chose... »

Un homme voûté, marchant par les allées et les moisissures
voûté marchant mains jointes dans le dos, pensant
que c’est une triste chose
de penser avec ses pieds
entre les flaques d’eau sauvage

Eaux sauvages, eaux fouillis

- Oui – Non ? - Si ! - Vous croyez ?
Tout un dialogue, entre les eaux, la lumière,
les oiseaux, et aussi tout ce qui n’a pas de nom
Mais ils parlent, ils parlent
ils parlen
t
« -C’est triste de penser, disent-ils, comme un homme marchant voûté mains dans le dos »

Homo habilis s’est redressé -comme jadis
il a entendu quelque chose
Portant la main qu’il avait dans le dos à son oreille droite :

« -Qu’y a-t-il ? »
Il ne sait pas que la nature parle alors il se parle à lui-même. Il faut bien commencer par quelque part. Il entend un bourdonnement dans son oreille droite. Se rappelle.
« -Au début, il y avait les abeilles... »

Entre les flaques d’eaux, il continue
le piquant des herbes, le fouillis des ronces entre les jambes
jusqu’au verger oublié. Les feuilles, en tas
Des feuilles mortes et des feuilles pas tout à fait mortes mais bientôt.
Et un pommier

« -Une femme »

Quelque chose de familier
« - Ne l’écoute pas , dit Dieu
- Mais c’est la nature dit Homo habilis
- Ne l’écoute pas »
Quelque  chose est passé, familier
le temps peut-être
une balançoire sous le pommier
un escargot qui traverse le désordre, le fouillis, les allées
Un escargot qui traverse les adventices les pensées en désordre
les ruines de pages à connaître, des salades oubliées
la nature humaine, quoi
inattentive

Des feuilles rassemblées entassées, oubliées par le vieux râteau
près de la balançoire
et quelque part dessous,
sous la peau de la terre :
- un noyau.

Casseurs de Pierres

29 janvier 2024 - 11:19

Casseurs de pierres

 

Il y avait un grand blessé de guerre assis au bord du canal

Il y avait un réparateur de grand blessé de guerre

Avec des lunettes d’aviateur, remontées sur le front.

- sur le front , Vous n’y pensez pas ? J’en viens. Dans l’état où je suis !

L’aviateur orthopédiste prend ses outils, masse ciseau burin

On l’interroge.

- C’est pour un autoportrait. Expérimental et subjectif.

Il se penche sur le corps masculin, acéphale et sans jambe

avec sa note d’inconnaissance.

La tarentine naissant sous le burin.

Expérimentale, subjective, insouciante.

Elle remonte ses lunettes

les paupières closes, les pieds joints.

Vous y êtes presque, lui dit l’inconnue.

 

 

(avec l’assistance bienveillante de René Iché, Laurence Iché et Joe Bousquet

Quimper, atelier d'écriture surréaliste le 27 janvier 2024)

 

L’esprit de l’escalier

06 septembre 2022 - 10:19

L’esprit de l’escalier


On traverse le rêve mais c’est celui des autres.

Elle s’est levée du banc, a quitté le jardin aux ombres centenaires, a traversé la rue, les odeurs de la rue, les bruits de la rue. A refermé la porte, s’est coulée entre les murs de l’histoire, rejoindre l’odeur du café et le parfum de fruits mûrs.

Entendre des pas. Ils viennent vers vous, le savez-vous ? Vous le savez. Les marches sont lentes. De bois, de clous, de cire. Fatalement, lentes. Et la voie étroite.

Se retourner pour comprendre l’inaccessible. La lumière au-dessus de l’échafaud. Je ne pouvais imaginer le lieu dans le noir. Le sombre, ou l’obscur, oui. Mais monter dans le noir complet, occupant entièrement l’espace, comme un zéro le vide: non. Il y aurait toujours une source de lumière - comme une mémoire- et sans espoir de jamais tout recommencer.

Pourtant j’ai vu des oiseaux qui n’existaient pas. Ils étaient bien là, dans leur cage ouverte.
Il y avait une mer verticale, dressée, droite. Un arbre et une maison que je ne connaissais pas. Ou une maison et un arbre, on ne pouvait savoir lequel avait précédé l’autre.
«  - Allez-y, allez-y, je vais rester là et vous regarder partir. »
Je marchais je marchais. Anna Andreïevna toujours à la même place je me retournai elle était devenue minuscule mais la canne se levait encore, je la voyais l’agiter.

On ne pourrait jamais tout recommencer

Datée

04 mars 2022 - 11:06

.....Datée

 

 

Pierre noire
.....dans votre poche,
[datée]
de temps anciens où les cailloux parlaient
.....comme des lignes entre les mains

.......si simple,
alors,.......la vie,
.......c’était


Saisir la lumière des choses avant qu’elle ne s’efface

Du passage de l’homme aux cheveux blancs
.....il reste un rire

Sur la rétine la lumière ne demeure qu’un dixième de seconde

Et la rivière, d’une berge l’autre
.....débarque le temps qui passe

Miettes

16 décembre 2021 - 11:21

On apprendrait à faire avec, longtemps
Il y aurait d’autres bols de lait tiède et de la patience.

On chercherait beaucoup d’amis,
ne trouverait pas assez d’amour
trop de compassion et pas assez d’insouciance.

On traverserait d’autres prairies, d’autres misères
et des petits matins givrés de présence