Aller au contenu





La présence inutile

Posté par Emrys, 06 août 2014 · 935 visite(s)

Une impression de n'être pas. Tel fut le sentiment des plus étranges, qu'elle eut en franchissant les portes de ces lieux inconnus.
 
Le temps de la métamorphose immédiate, toujours brutale, de la chute sans vertige, sans les regrets d'avoir déposé projets et mémoire à l'entrée de cette ville suspendue lui faillirent,
Bien que la vie ou du moins la conscience que nous en avons, ne l'avait pas tout à fait quittée, elle ne sut rien d'un avenir qui n'existait pas encore.
Si vivre est courir sur un tapis déroulant le présent tendu comme un pont fragile, suspendu entre passé et futur, si vivre est basculer toujours entre deux rives, l'une qui nous appelle, l'autre qui nous retient, alors vivre est un compromis que la règle en ces lieux n'admettait pas.
Son présent, si nous pouvons encore appeler ainsi un temps sans repère, elle ne l'avait pas rendu. D'ailleurs personne ne lui avait demandé de s'en débarrasser.
 
Ici, la rive vers laquelle tendait toujours l'espoir des hommes était effacée, pour ne conserver que l'autre rive, celle qui ne semblait être rien d'autre qu'une illusion, l'autre rive, celle qui n'existe pas vraiment et qui pourtant à chaque instant fait que nous sommes.
 
Elle avait juste senti sa volonté s'éteindre après avoir déposé ses bagages. Et puis plus rien.
 
La Haute Autorité de ces lieux inconnus avait donc décidé pour elle, en fonction du poids de son dépôt à l'entrée, et lui avait attribuée une espèce de durée non arbitraire, un instant de présent, pertinent dans sa contingence, mais qui, comme c'était la règle, n'était relié à rien.
Elle avait revêtu l'habit gris des citoyens de la ville et le temps de son présent fut gravé dans ses yeux. Sept, pouvait-on lire. Pour elle, on avait décidé que ce temps de sept suffirait à vivre un présent qui ne se déroulerait plus.
Sept n'était pas du temps compté dans une vie mais du temps abstrait, extrait du néant, une non durée que les fonctionnaires de la Haute Autorité avaient comme toujours pris soin de vider de sens.
 
Sans savoir pourquoi, elle s'en accommoda. Avait-elle le choix ?
Elle déambula dans les couloirs de la Cité au gré de ce temps vide, croisa sans les voir, des regards sans couleur, dépourvus de vie, marqués du sceau de la présence inutile.
 
 



Très beau texte dont l'écriture me souvient d'une nouvelle de James Joyce "Eveline".

Ici, le réel, le songe et l'irréel se confondent habilement; laissant au lecteur tout son

imaginaire intact.

hasia..

Chère Hasia,

tout d'abord, pardonnez ce retard

il s'agit en fait d'une partie d'une nouvelle (jamais terminée)

Ma photo

0 utilisateur(s) actif(s)

0 invité(s) et 0 utilisateur(s) anonyme(s)

Bienvenue

Image IPB

Vous vous êtes échoués sur mes rives ?
Qu'importe comment,
qu'importe pourquoi
la dérive !
Vous êtes ici de pas-sage.
Laissez s'il vous plait
à l'entrée vos ba-gages.
Si je n'ai pour vous
pas encore de visage,
Apercevoir le vôtre m'oblige.
Hors de question que je vous néglige !
Permettez que
je vous guide sur mes terres !
Allons en extraire quelques vers



Les textes en prose

Ni cri ni geste-- Totale extinction -- La do mi ré fa la-- Concerto en sol-enterrement classique -- Unter den Linden -- Den a Noc-- L'enfant de sable

Les triptyques en prose

L'Aujourd'hier: Hier, l'attente -- Aujourd'hui, je te souris... -- Demain, on ne meurt que deux fois
L'ombre: L'ombre en été -- L'ombre en automne -- L'ombre en hiver

Les textes en série

Vacuum City
Veuillez déposer vos bagages -- Le temps de la métamorphose -- Si tout commence un jour

Les triptyques en vers

Recollection: Le départ--Les fausses larmes --Le compromis
La Clé: ...de la chambre -- ...du fragile édifice de sa vie -- ...d'une nuit entre toutes les nuits
Rendre ou se rendre: Je vous rends vos rêves -- Je rends mon corps à la terre -- Où se rendent nos âmes ?

La musique et Les mots

0 utilisateur(s) actif(s)

0 invité(s) et 0 utilisateur(s) anonyme(s)

Avril 2024

D L M M J V S
 123456
78910111213
1415161718 19 20
21222324252627
282930