Une impression de n'être pas. Tel fut le sentiment des plus étranges, qu'elle eut en franchissant les portes de ces lieux inconnus.
Le temps de la métamorphose immédiate, toujours brutale, de la chute sans vertige, sans les regrets d'avoir déposé projets et mémoire à l'entrée de cette ville suspendue lui faillirent,
Bien que la vie ou du moins la conscience que nous en avons, ne l'avait pas tout à fait quittée, elle ne sut rien d'un avenir qui n'existait pas encore.
Si vivre est courir sur un tapis déroulant le présent tendu comme un pont fragile, suspendu entre passé et futur, si vivre est basculer toujours entre deux rives, l'une qui nous appelle, l'autre qui nous retient, alors vivre est un compromis que la règle en ces lieux n'admettait pas.
Son présent, si nous pouvons encore appeler ainsi un temps sans repère, elle ne l'avait pas rendu. D'ailleurs personne ne lui avait demandé de s'en débarrasser.
Ici, la rive vers laquelle tendait toujours l'espoir des hommes était effacée, pour ne conserver que l'autre rive, celle qui ne semblait être rien d'autre qu'une illusion, l'autre rive, celle qui n'existe pas vraiment et qui pourtant à chaque instant fait que nous sommes.
Elle avait juste senti sa volonté s'éteindre après avoir déposé ses bagages. Et puis plus rien.
La Haute Autorité de ces lieux inconnus avait donc décidé pour elle, en fonction du poids de son dépôt à l'entrée, et lui avait attribuée une espèce de durée non arbitraire, un instant de présent, pertinent dans sa contingence, mais qui, comme c'était la règle, n'était relié à rien.
Elle avait revêtu l'habit gris des citoyens de la ville et le temps de son présent fut gravé dans ses yeux. Sept, pouvait-on lire. Pour elle, on avait décidé que ce temps de sept suffirait à vivre un présent qui ne se déroulerait plus.
Sept n'était pas du temps compté dans une vie mais du temps abstrait, extrait du néant, une non durée que les fonctionnaires de la Haute Autorité avaient comme toujours pris soin de vider de sens.
Sans savoir pourquoi, elle s'en accommoda. Avait-elle le choix ?
Elle déambula dans les couloirs de la Cité au gré de ce temps vide, croisa sans les voir, des regards sans couleur, dépourvus de vie, marqués du sceau de la présence inutile.
Le temps de la métamorphose immédiate, toujours brutale, de la chute sans vertige, sans les regrets d'avoir déposé projets et mémoire à l'entrée de cette ville suspendue lui faillirent,
Bien que la vie ou du moins la conscience que nous en avons, ne l'avait pas tout à fait quittée, elle ne sut rien d'un avenir qui n'existait pas encore.
Si vivre est courir sur un tapis déroulant le présent tendu comme un pont fragile, suspendu entre passé et futur, si vivre est basculer toujours entre deux rives, l'une qui nous appelle, l'autre qui nous retient, alors vivre est un compromis que la règle en ces lieux n'admettait pas.
Son présent, si nous pouvons encore appeler ainsi un temps sans repère, elle ne l'avait pas rendu. D'ailleurs personne ne lui avait demandé de s'en débarrasser.
Ici, la rive vers laquelle tendait toujours l'espoir des hommes était effacée, pour ne conserver que l'autre rive, celle qui ne semblait être rien d'autre qu'une illusion, l'autre rive, celle qui n'existe pas vraiment et qui pourtant à chaque instant fait que nous sommes.
Elle avait juste senti sa volonté s'éteindre après avoir déposé ses bagages. Et puis plus rien.
La Haute Autorité de ces lieux inconnus avait donc décidé pour elle, en fonction du poids de son dépôt à l'entrée, et lui avait attribuée une espèce de durée non arbitraire, un instant de présent, pertinent dans sa contingence, mais qui, comme c'était la règle, n'était relié à rien.
Elle avait revêtu l'habit gris des citoyens de la ville et le temps de son présent fut gravé dans ses yeux. Sept, pouvait-on lire. Pour elle, on avait décidé que ce temps de sept suffirait à vivre un présent qui ne se déroulerait plus.
Sept n'était pas du temps compté dans une vie mais du temps abstrait, extrait du néant, une non durée que les fonctionnaires de la Haute Autorité avaient comme toujours pris soin de vider de sens.
Sans savoir pourquoi, elle s'en accommoda. Avait-elle le choix ?
Elle déambula dans les couloirs de la Cité au gré de ce temps vide, croisa sans les voir, des regards sans couleur, dépourvus de vie, marqués du sceau de la présence inutile.
- Esterina et M. de Saint-Michel aiment ceci
Très beau texte dont l'écriture me souvient d'une nouvelle de James Joyce "Eveline".
Ici, le réel, le songe et l'irréel se confondent habilement; laissant au lecteur tout son
imaginaire intact.
hasia..